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Du 9 au 26 mars 2011, 20h
Les Grondements souterrains
Univers dramatique: Catherine Huard
Mise en scène Benoit Landry
Avec Normand Carrière, Martin Desgagné, Catherine Huard, Véronique Gallant, François Godin et Isabel Rancier

Des millions de rats grouillent sous nos rues, nos parcs, nos trottoirs et nos maisons. Ils sont partout. Nous le savons. Nous tolérons l'idée de leur présence à condition de ne pas les voir, de ne pas les croiser dans nos existences civilisées et salubres. Il en va de même du drame humain ou de la pauvreté d’autrui. Elle nous désole et nous attriste, mais c’est lorsqu’elle est étalée au grand jour qu’elle nous dérange. Nous trouvons indécent qu’elle transparaisse dans le cadre de rapports professionnels. Nous ne voulons pas y assister. Nous préférerions qu’elle n’existe pas. Nous préférerions qu’il n’y ait pas d’envers au décor somptueux, pas de coulisses au grand théâtre du monde, pas de drame enfoui derrière le sourire professionnel de notre serveur. Nous préférerions que tout soit parfait pour vrai. Mais on ne peut étouffer les grondements souterrains.

Pour sa première création, In Extremis convie les spectateurs à même un lieu sombre, désaffecté, abandonné. Surgissant de ces tréfonds inquiétants, un restaurant se dévoile, son bar, sa vaisselle étincelante, son décor clinquant. Un restaurant chic en pleine saison touristique. Un lieu que l’on découvrira empreint d'une atmosphère malsaine en assistant à des morceaux de l’histoire de ses employés venus profiter de l’été pour se remplir les poches. Pendant ce temps, de tous points de vue, tapis dans l’obscurité, postés entre les craques du plafond et grouillant le long des murs, des rats sont là, installés comme d’innombrables caméras de surveillance qui captent tout se qui se trame dans l’ombre, en secret, là où l’on ne devrait pas voir. Il nous rappellent une fois de plus que nous ne sommes pas seuls et qu’au-delà du visible, il y a tout ce qui grouille dans les profondeurs abyssales des êtres et des lieux.

Décor et costumes: Erica Schmitz
Musique originale: Chloé Lacasse
Direction technique de création: Nicolas Fortin
Graphisme: Isabel Rancier

Billet: 20$

Une production In Extremis - page Facebook

Au sous-sol de l’ancienne usine Cadbury
5425 de Bordeaux, coin Masson, suite #9
Billetterie : 514-439-8902 inextremis.theatre@gmail.com

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 Critique
Critique
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par Sara Fauteux

Les Grondements souterrains nous fait voir les dessous d’un univers qui paraît pourtant tellement propre, tellement enthousiaste, idéal. Dans un restaurant en saison estivale, les employés se succèdent, les clients défilent, l’argent coule à flot. Dans le « back-store » pourtant, les choses semblent un peu moins prometteuses alors que l’on découvre les faiblesses et les drames cachés de chacun.  

Créé à partir de conversations isolées, de situations captées et rassemblées en un spectacle, Les Grondements souterrains est mis en scène sous forme de tableaux. Malgré la diversité des matériaux utilisés comme base pour le texte de la pièce, le spectacle ne manque pas de cohérence. Les lumières qui s’éteignent et se rallument sans arrêt pour indiquer un nouveau tableau agacent un peu, mais dans l’ensemble, le public suit aisément l’histoire et les liens qui unissent les personnages.

Sans offrir de grandes performances, tous les comédiens du spectacle sont justes et efficaces. Malheureusement, ils ne suffisent pas à compenser pour le manque de fond du spectacle. On voit évoluer un patron aussi charmeur que manipulateur, un maître d’hôtel soumis, un serveur aux prises avec des problèmes de consommation, une barmaid qui tente de reprendre le contrôle de sa vie avec cet emploi… Les situations qu’ils vivent traduisent bien certains aspects du monde de la restauration, mais est-on censés y voir autre chose que le portrait d’un milieu professionnel?

Dans cette histoire, les rats sont utilisés comme prétexte pour explorer ce qui est caché, ce qu’on ne voit pas à la surface des choses, ce qui n’est pas acceptable de dévoiler ou de partager dans un contexte professionnel.  Il est vrai que le milieu de la restauration est un monde qui est particulièrement fertile à sonder dans de ce sens. Mais, la pièce se contente de constater et de dévoiler une réalité qui ne nous est pas inconnue, sans explorer plus en avant cet aspect de notre société qui fait que tout ce qui dépasse doit être dissimulé.  

La compagnie In Extremis intègre à son processus de création différentes disciplines. Ici, une caméra est utilisée pour dévoiler certaines images qui devraient rester cachées. On suit les rongeurs grouillants derrière les murs, mais aussi les êtres et leur comportement alors qu’ils croient être seuls. Le travail de la caméra permet de bien imager le propos de la pièce, mais sans nous amener la réflexion plus loin. Alors que la pièce cherche à dévoiler ce qui se cache sous la surface, il semble que le sujet des Grondements souterrains soit très peu poussé et reste justement, très en surface.

16-03-2011

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