Du 11 au 19 septembre 2009, sauf le 14 sept.
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Courts univers étrangesCourts univers étranges

Mise en scène : Frédéric Blanchette
Avec Marie-France Bédard, Maxime Carbonneau, Yves-Antoine Rivest, Alice Pascual, Charles Dauphinais, Elisabeth Sirois, Marianne Thomas, Louis-Philippe Tremblay, Olivia Palacci, Frédéric Millaire-Zouvi

Premier spectacle de la troupe des finissants en interprétation du Conservatoire d'art dramatique.

Courts Univers Étranges est un projet en rage d’être vu, d’être goûté. C’est le projet qu’ils ont soigneusement choisi pour faire leur entrée professionnelle. Un seul spectacle composé de cinq pièces : Le club des menteurs de Neil Labute
Pendant ce temps là, la lumière commence à baisser et tout devient noir de Jon Fosse
Le châle de David Mamet
La colline verte de David Ives et
Célébration d’Harold Pinter.

Cinq pièces, cinq ambiances, cinq climats, cinq points de vue, cinq histoires, cinq espaces. Des milliers d’images et de sensations. Onze jeunes acteurs, un metteur en scène d’expérience et de renom. Un but : transmettre et partager leurs réflexions et leur passion à travers ces textes qui frappent et qui intriguent. Un fil conducteur : l’étrange. Bien qu’ils veulent cette expérience théâtrale surprenante et indéfinissable, leur spectacle n’est ni absurde, ni insensé, ni ridicule. Les personnages et les situations trouvent tous leur ancrage dans un réel bien distinct. Il leur paraît essentiel d’apporter de l’humanité à l’extravagance. Chaque pièce est un tableau tantôt étonnant et déconcertant, tantôt incompréhensible et invraisemblable. Ces qualificatifs ne sont-ils pas imputables à nos propres vies, à celle de ceux qui nous ont précédés et de ceux qui nous suivront?

Décor : Geneviève Lizotte

Une production la Troupe en Rage, finissants en interprétation du Conservatoire d'art dramatique

Au Théâtre Rouge du Conservatoire d'art dramatique de Montréal
4750 av. Henri-Julien
Billetterie : (514) 790-1245

par Mélanie Viau

À quel spectacle peut-on s’attendre avec la réunion d’auteurs tels que Neil Labute, David Mamet, David Ives, Jon Fosse et Harold Pinter ? Un spectacle éclectique, insolite, incongru, avec pour fil conducteur cette seule impression planant dans le public que quelque chose ne tourne pas rond sans toutefois arriver à mettre le doigt dessus.

Avec Courts univers étranges, Frédéric Blanchette et la jeune troupe En Rage, réunissant dix saltimbanques de la promotion 2008 du Conservatoire et de l’École Nationale de Théâtre, nous emmènent sur les chemins de la déroute pour un long périple voué à l’exploration de morceaux méconnus de la dramaturgie contemporaine. Un exercice scolaire qui s’accueille comme tel, donnant au spectateur le plaisir franc de savourer le jeu de l’acteur dans son plus simple apparat.

La soirée débute avec Le club des menteurs, un texte réflexif sur la dualité vérité et mensonge, sur la place de l’acteur dans le coeur du public, et sur notre propre crédulité, si facile à duper quand on se prête au jeu. Sur la scène nue du nouveau Théâtre Rouge du Conservatoire, quatre acteurs se livrent au détecteur de mensonges en nous partageant des anecdotes chocs. Quel acteur ment ? Ici le jeu se veut réalité et la troupe s’amuse bien de notre malaise à nous trouver dans leur ligne de tir…

Pendant ce temps-là, la lumière commence à baisser et tout devient noir nous plonge au centre d’un drame d’amour sommes toutes banal, mais le rendu scénique, fait d’un long et unique passage vide où chacun défile avec son propre espace et son propre chagrin, nous donne franchement le bourdon. Le rapport entre les didascalies énoncées et l’action mise en scène offre un décalage susceptible de brouiller les points de repère, augmentant ainsi cette impression de pure désincarnation.

Les pièces Le Châle et La colline verte, textes aux univers insolites faits de personnages animés par d’étranges quêtes existentielles, donnent le pouvoir aux jeunes acteurs professionnels de s’éclater dans la composition. Un voyage dans le paranormal et les mondes imaginaires d’où il n’est pas toujours facile de revenir.

La deuxième partie de ce spectacle de près de 2h30 est en soi un véritable festin. Délaissant les explorations scéniques dont se colorait la première partie, la troupe nous convie à Célébration d’Harold Pinter, chronique d’un certain rang social londonien qui joue le joker du « politiquement incorrect ». Les costumes clinquants et le décor du restaurant branché où Lambert et Julie célèbrent leur anniversaire aux côtés du couple formé par leur frère et sœur respectifs révèlent un chic franchement passé de mode, mais ô combien efficace. La grossièreté absurde dont se dorent les conversations est un véritable pied de nez à la gent bourgeoise poussée à l’apogée du « je-m'en-foutisme ». On se régale de l’intelligence du texte et des pitreries des acteurs qui, avec raison, s’en sont donné à cœur joie.

Le plaisir que l’on retire de cette soirée qui semble filer dans tous les sens est grandement attribué à l’énergie et au talent de cette joyeuse bande d’acteurs qui vient à peine de franchir les portes d’un milieu exaltant, plein de mystères et d’aventures. La découverte de cette relève artistique présage un bel avenir au théâtre montréalais.

15-09-2009

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