Du 24 au 28 août, du 31 août au 4 sept., et les 7-8-9 sept. 20h
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Ça se dit pasÇa se dit pas

Texte d'Annie Darisse et Dominique Leclerc
Mise en scène de Catherine Dorion
Avec Annie Darisse, Dominique Leclerc et Leïla Thibeault-Louchem

Mikaëlle est une Montréalaise de 26 ans qui décide de mettre en action un plan sur lequel elle cogite depuis très longtemps : faire comprendre à sa plus vieille amie d’enfance, Josianne, qu’elles n’ont plus rien en commun, que leurs rencontres mensuelles ne sont plus qu'une perte de temps convenue et absurde. Forte de son auto-persuasion, gonflée à bloc, rien ne pourra l’arrêter dans sa quête. Or, Mikaëlle a aujourd’hui un « aura brun ». Sitôt le pied hors de chez elle, l’univers conspire contre elle et lui apporte son lot de confrontations et de contradictions. Elle est loin de se douter que dans son endroit favori, un déboulement de rencontres inattendues fera vaciller son dessein.

À travers ce cyberespace où Facebook, les sites de rencontres et autres sites Internet permettant de renouer les liens avec d’anciennes amitiés enfouies et souvent oubliées (non sans raison), les gens cherchent-ils à combler une solitude profonde, à répondre à des questions non-résolues ou simplement à s’exhiber aux yeux des voyeurs que nous sommes? À toutes ces questions, Les Biches Pensives ne prétendent pas avoir les réponses. Elles tenteront cependant de dresser un bref portrait d’une société, une réflexion sans prétention sur les relations humaines de toutes sortes. Ça se dit pas se veut un événement théâtral hors du commun qui nous amènera certainement à voir les choses sous un autre angle.

De plus, bien que Ça se dit pas soit la première production de la troupe, mentionnons que la pièce n’en est pas à ses premières armes. En effet, c’est en 2007 au Théâtre Prospero dans le cadre d’un festival de courtes pièces produit par la S.H.O.P. que Ça se dit pas voyait le jour. Elle fait aujourd’hui un grand retour dans une version allongée et améliorée.

Les Biches Pensives, c’est trois filles : Annie Darisse, Catherine Dorion et Dominique Leclerc. Toutes trois finissantes respectivement de l’École supérieure de théâtre de l’UQAM en 2005, du Conservatoire de Québec en 2004 et du Collège Lionel-Groulx en 2002, elles ont décidé aujourd’hui d’unir leur force au nom de la relève artistique et de mettre sur pied leur propre compagnie de création : Les Biches Pensives. La compagnie en est donc à ses premiers balbutiements, mais possède tout de même la vigueur de l’expérience de ses fondatrices. Vouées à la création multidisciplinaire, Les Biches Pensives souhaitent innover tout en traitant de sujets d’actualité.

Graphisme et scénographie : Marie-Soleil Denault

Production Les Biches Pensives

Terrasse du Café-Bar de la Cinémathèque québécoise

335 boul. de Maisonneuve Est
Réservation : 514-774-0158
Billet : 15$ incluant une consommation gratuite

par David Lefebvre

Sur la terrasse du branché Café-Bar de la Cinémathèque québécoise, la compagnie Les Biches Pensives nous propose la pièce pas tout à fait d'été, ni tout à fait de saison, Ça se dit pas.

Mikaëlle (Dominique Leclerc), une jeune femme urbaine, célibataire, en appartement, sent que, depuis quelques temps, elle ne connecte plus avec sa vieille amie, Josianne (Leïla Thibeault-Louchem), en couple, propriétaire, qui s’extasie sur ses nouveaux Crocs. Plus les mêmes intérêts, l'impression de perdre son temps... Elle lui consacre une dernière heure et se donne comme mission de lui faire comprendre que leur amitié ne peut plus durer. Mais est-ce que ça se dit, à une amie de toujours, qu'on décide de "casser" avec elle?

Ça se dit pasÇa se dit pas propose, à sa manière, une réflexion importante et passionnante en ce début de siècle : comprendre et assumer notre évolution et celle des autres et ainsi décider de la pertinence ou non de faire du ménage dans sa vie. Surtout en cette ère Facebook et sites sociaux en ligne, où il est commun d’avoir 300 amis avec lesquels on ne discute jamais vraiment. Comment définit-on l'amitié? A-t-elle la même signification à 15, 20 ou 30 ans? Qui sont en fait nos vrais amis? Ceux avec qui on partage des intérêts communs ou ceux qui se sont greffés, par le hasard du temps, à notre chemin de vie? Mais encore faut-il être pertinent dans son propos. C'est possiblement ce qui cloche avec la pièce coécrite par les comédiennes Annie Darisse et Dominique Leclerc. Le texte se penche maladroitement sur le sujet principal, en déviant trop souvent de sa ligne directrice. Il octroie, de plus, une grande importance à des personnages secondaires qui, certes, pourraient apporter un questionnement ou mener vers de nouvelles avenues à la réflexion entamée, mais qui finalement parasitent les protagonistes en les plongeant dans des situations plus ou moins absurdes. Ou, alors, la présence de ces dits personnages (tous joués par la comédienne de talent Annie Darisse) donne l'impression de remplir des vides narratifs, quand Mikaëlle et Josianne sont en coulisse. Certaines scènes s'allongent, deviennent ainsi caricaturales ou banalement critiques - par exemple, on s'insurge de la ténacité d'une bénévole qui récolte des fonds pour un organisme au coin des rues. Alors que cela aurait pu être un commentaire social sur le sujet, on se retrouve malheureusement avec un banal sketch anecdotique.

Le spectacle n'est pas dénué d'humour, même s'il sombre parfois dans la facilité : on s'amuse des accessoires de mode, des relations de couple, des réactions féminines face à un joli garçon sur lequel on tente de mettre le grappin. Entrent en scène une jeune entrepreneure qui se fout un peu des autres et qui vient faire la bise tout en discutant sur son cellulaire, une autre, plus fleur bleue, qui vient mettre la bisbille, puis une SDF qui promène son carrosse de babioles sans aucune valeur… Tout pour faire naître un rire, très peu pour se rapprocher du sujet initial.

Ça se dit pasLa mise en scène de Catherine Dorion s’accorde avec le texte : légère, sans prétention, et ouvre grande la porte entre les spectateurs et les comédiennes ; ces dernières en profitent pour adresser la parole directement au public. Quelques situations décrochent un sourire et appellent à la sympathie, rappelant le théâtre de rue.

Sans tout réchapper, la scène finale, abrupte, vient mettre un baume sur ce spectacle qui manque de naturel et de mordant. Les deux amies finissent enfin par aborder le thème funeste de cette rencontre, et l'on tombe dans un réel plus tangible, plus juste, ou la vérité éclate enfin. On sent une émotion jaillir, presque un soufflet au visage. Mais trop peu, trop tard.

27-08-2009

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