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Du 7 au 11 mai 2008
Mercredi 7 au samedi 10 mai, 19 h
Dimanche 11 mai, 14 h

Arlecchino Servitore Di Due Padroni
(Arlequin serviteur de deux maîtres)

Texte : Carlo Goldoni
Mise en scène : Giorgio Strehler

Le Théâtre du Nouveau Monde et la Place des Arts accueillent Arlequin serviteur de deux maîtres de Carlo Goldoni, la mythique production du Piccolo Teatro de Milan, l’un des théâtres les plus prestigieux au monde, dans une mise en scène signée par le maître de la commedia dell’arte Giorgio Strehler. Jouée à peu près sans relâche depuis 1947, la pièce est présentée à Montréal du 7 au 11 mai prochain, au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts, en version originale italienne avec surtitres français et anglais. Le rôle d’Arlequin y sera interprété par nul autre que l’acteur Ferruccio Soleri qui, depuis plus de quarante ans, joue le rôle voltigeant du coquin d’Arlequin d’un méridien à l’autre, insufflant son éternelle jeunesse au personnage le plus célèbre de tout le théâtre italien. Trois cents ans après la naissance de Goldoni (1707-1793), soixante ans après la recréation de cette pièce immortelle, dix ans après la mort de Strehler (1921-1997), cette production époustouflante de liberté et d’invention démontre hors de tout doute que le Piccolo Teatro, dont le dynamisme et le rayonnement sont reconnus à travers le monde, n’a absolument rien de piccolo, mais qu’il est au contraire un teatro grande, formidabile, gigantissimo!

Une création du Piccolo Teatro de Milan

De 42.53 $ à 50.50 $

Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts
Téléphone: 514 842.2112 ∙ 1 866 842.2112

par David Lefebvre

Allegro vivace !

Vous me voyez sujet, ici, à un questionnement professionnel. Comment critique-t-on un spectacle qui tourne autour du globe depuis 40 ans, un joyau de la couronne culturelle d’Italie, créé par l’une des compagnies les plus remarquables et prospères de la botte européenne ? Reste encore la possibilité de raconter l’expérience…

Le Piccolo Teatro de Milan ramène ses pénates à Montréal, après 17 ans d’absence, pour nous présenter un texte du maestro Carlo Goldoni, Arlecchino, servitore di due padroni (Arlequin, serviteur de deux maîtres). La mise en scène avait été, à l’époque, confiée au grand Giorgio Strehler. Depuis, la pièce est passée au travers multiples changements et adaptations (ici, une version remise en scène par Ferruccio Soleri, avec la collaboration de Stefano De Luca), mais l’essence du spectacle original semble toujours planer doucement sur chaque représentation. Spectacle dans la plus pure (ou presque) tradition de la commedia dell’arte, cette pièce occupe une place de choix dans l’œuvre magistrale de Goldoni. Véritable hommage tardif à un style de théâtre qui lui a beaucoup appris, il fait ici le ménage ultime des obscénités et grossièretés et fixe le verbe dans une mécanique théâtrale stimulante et efficace. Et le mot «efficace» est un euphémisme : le spectacle tel qu’il nous est permis de le voir est si bien rodé qu’on peut presque comprendre la langue italienne, si chantante et joyeuse. La scéno est plutôt simple : un tréteau est monté directement sur scène, avec quelques rideaux sur lesquels sont peints les décors (maison, auberge, place publique) et autour, les comédiens sont… des comédiens, retirant masques, relaxant sur une chaise, jouant de la musique. Même le souffleur y est, livre en main, prêt à les aider au moindre faux pas. Dépouillée, la scène laisse alors toute la place au texte, aux acteurs et leurs pitreries. Et comme on devait s’y attendre, ils sont tout simplement magnifiques. Certaines scènes frôlent carrément le génie tellement leur jeu est tout aussi puissant que bien dosé.  Le plus impressionnant est bien entendu le comédien Ferruccio Soleri. Du haut de ses respectables 79 années, il en met encore plein la vue, avec une voix qui ne flanche jamais et une gestuelle d’un homme de 40 ans. Il ne retire son masque, qui lui recouvre tout le visage, qu’à la toute fin ; choc total. Est-ce bien cet homme qui a culbuté, marché sur les mains, joué avec des assiettes sans les casser ? Depuis près de 50 ans, il n’incarne pas Arlecchino, il est Arlecchino. L’homme vieillit, mais le personnage reste figé dans le temps.

Quoi dire de plus de ce spectacle qu’il est à la hauteur de sa réputation, divertit franchement, ne s’embourbe pas dans une mécanique difficile et prétentieuse ; au contraire, sa simplicité est la clé et la raison du succès de ce spectacle terriblement sympathique, jovial, astucieux, fascinant. Intemporel, ses thèmes nous touchent encore tout autant, nous faisant rire aux éclats.

Je me dois de soulever un seul bémol : le surtitrage français, quoiqu’acceptable, était de loin inférieur à la version anglaise. Alors qu’on tournait quelques coins ronds dans la première, on trouvait dans la deuxième une traduction plus juste, et quelques explications sur les jeux de mots en italien. Les personnes comprenant l’anglais auraient donc intérêt à suivre la trame anglophone.

08-05-2008