Du 12 août au 6 septembre 2008, 20h (samedi 16h et 20h30)
Supplémentaires 9-10-11 septembre, 20h, 13 sept. 16h - 20h30
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Le paradis à la fin de vos jours

Texte : Michel Tremblay
Mise en scène : Frédéric Blanchette
Avec : Rita Lafontaine

Le Théâtre du Rideau Vert ouvre sa 60e saison avec Le Paradis à la fin de vos jours, une création de Michel Tremblay. À compter du 12 août, à quelques jours de la date anniversaire de la création des Belles-soeurs sur la scène du Théâtre du Rideau Vert en 1968, cette pièce à un personnage est mise en scène par Frédéric Blanchette et met en vedette Rita Lafontaine dans le rôle de Nana, la mère si présente dans l’univers de Tremblay.

Nana est au paradis… depuis 45 ans! Juchée sur son nuage, elle nous donne ses impressions. Non pas que le temps soit important au Paradis. Il coule lentement, laissant la possibilité de parler de tout et de rien, de se vider le coeur et de se souvenir des choses qui comptent… Elle se remémore les événements qui l’ont marquée, elle compare le «vrai» paradis avec la vision qu’elle s’en était
fait sur terre. Cette pièce de Tremblay, c’est une lettre d’amour : un hommage à sa mère, mais aussi un remerciement à son public qui l’a passionnément suivi depuis le début.

Équipe de production
Décor : Olivier Landreville
Costume : François Barbeau
Éclairages : André Rioux
Conception sonore : Yves Morin
Assistance à la mise en scène : Geneviève Lessard

Production Théâtre du Rideau Vert

Crédit photo : Angelo Barsetti

Rideau Vert
4664, rue Saint-Denis
Billetterie : 514-844-1793

par Marie-Julie Desrochers

À l'occasion des 40 ans des Belles-Soeurs, Michel Tremblay offre à un son public un hommage magnifique, tendre salut adressé à son oeuvre et à sa mère, représentée comme toujours par Nana et incarnée une fois de plus par une Rita Lafontaine entière, touchante et spectaculaire. Malgré le propos central de la pièce, qui expose la vision désenchantée portée par Nana sur le paradis après qu'elle y ait passé 45 années et la circonstance de sa création – le double hommage, la pièce est à mille lieues d'une oeuvre nostalgique et passéiste.

Le monologue, qui dure un peu moins d'une heure vingt, porte incontestablement la signature de Michel Tremblay. Il s'agit d'un morceau (considérable) à ajouter au puzzle sans cesse grandissant de son oeuvre, morceau qui s'imbrique des les histoires déjà existantes, reprenant des mythes déjà décrits ailleurs, revenant sur des moments ayant déjà fait l'objet de récits. Le paradis, comme Les belles-soeurs, mais aussi tout ce qui se dresse entre ces deux morceaux, est un texte complètement ancré dans une situation historique, mais en même temps définitivement moderne, révélateur de réalités québécoises actuelles.

Le monologue posthume écrit d'un seul souffle par Tremblay, semble-t-il, prend parfois presque des allures de stand-up comique : les gags se suivent et Nana, bonne vivante, rieuse, se délecte des rires du public. Ce rire qui fuse de la salle à tout moment, si important pour Nana et sa mère, est toujours tendre - les réflexions de Nana, à la fois si naïves et si lucides, émeuvent. C'est d'ailleurs sur ce paradoxe opposant naïveté et lucidité que repose toute la délicatesse du propos : la critique acerbe des pouvoirs que s'octroyait la religion et ses représentants (l'humiliation des familles trop pauvres pour payer la dîme, le ridicule des béni-oui-oui se trouvant dans chaque bonne famille chrétienne) ne parviennent toujours pas à retirer à Nana ce puissant désir de croire (et de craindre) en un Dieu encore plus haut, plus Ailleurs, qui continuerait de veiller sur elle, malgré qu'il ne se soit toujours pas présenté après 45 ans au paradis.

Le paradis à la fin de vos jours est plus-que-joué par Rita Lafontaine, il est raconté, dans la pure tradition du conte québécois. La langue orale, les gestes précis et évocateurs, l'habileté démontrée par Rita Lafontaine à remplir la scène (magnifiquement jonchée, selon la mise en scène de Frédéric Blanchette, de chaises vides identifiées au nom des autres membres de la famille élargie décédés) par ses mots et l'évocation des images colorées de Tremblay en font une véritable série de contes urbains d'antan aux échos étrangement actuels.

19-08-2008
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