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Du 25 septembre au 20 octobre 2007
suppl. 26 octobre 20h, 27 octobre 16 h

Marie Stuart

Texte de Fredrich von Schiller
Traduction littéraire de Marie-Élisabeth Morf
Texte français de Normand Chaurette
Mise en scène d'Alexandre Marine
Avec Sylvie Drapeau, Lise Roy, Catherine Bégin, Robert Lalonde, Jacques Girard, Émile Proulx-Cloutier, Jean-François Casabonne, Jean-Louis Roux, Frédéric Desager, Vitali Makarov

«Le théâtre est depuis toujours le lieu des conflits. Rares sont les pièces, qu'elles soient antiques ou modernes, où l'on assiste à un consensus entre les personnages. Le génie théâtral de Schiller, dans Marie Stuart, nous prépare à la terrible confrontation entre deux rivales majestueuses, qui représentent deux idéologies. L'une et l'autre portent leur rêve à bout de bras, leur foi, leur grandeur, mais surtout leur humanité faite de contradictions et de souffrances dont l'issue ne peut qu'aboutir dans l'horreur tragique. En traduisant chaque réplique de Schiller, il me venait sans cesse à l'esprit que l'horreur du monde dans lequel nous vivons, et les crimes qu'on voit se commetrre au nom d'une allégeance religieuse ou politique, n'ont vraiment rien de contemporain ; chaque jour, au contraire, nous rappelle que l'enfer est pavé de bonnes intentions, et que notre fragile condition dépend presque toujours des humeurs et des faiblesses de ceux qui la gouvernent.
»

Normand Chaurette

Concepteurs : Jean Bard, Jessica P. Chang, Spike Lyne, Dmitri Marine, Nikita U.

Une production du Théâtre du Rideau Vert

Théâtre du Rideau Vert
4664, rue Saint-Denis
Billetterie : 514-844-1793

 

 

par Aurélie Olivier

Le 8 février 1587, Marie Stuart, ancienne reine d’Écosse soupçonnée d’avoir fomenté l’assassinat de son mari et s’étant réfugiée en Angleterre, est décapitée, sur ordre de sa cousine, Élizabeth 1ère. Marie Stuart, la pièce de Friedrich von Schiller, poète et dramaturge allemand, relate de manière romancée les événements qui ont précédé l’exécution. Marie la catholique est en prison. Elle y a été enfermée par Élizabeth la protestante, qui la suspecte de vouloir lui voler son trône, elle qui est considérée par certains comme une bâtarde. De tous les côtés, on presse Élizabeth, qui de faire exécuter sa cousine, qui de la faire libérer. Dilemme. Élizabeth penche d’un côté, puis de l’autre et, après une rencontre humiliante avec Marie (rencontre inventée de toutes pièces par l’auteur), finit par signer l’ordre d’exécution, non sans se décharger de sa responsabilité.

Dans cette œuvre historique qui trouvera un écho tant chez les férus d’histoire que chez ceux qui n’y connaissent pas grand-chose, il apparaît clairement que les deux reines, aussi fières soient-elles, ne sont que des instruments, soumises à des forces qui les dépassent, politique, religion, amour ou pulsions sexuelles. Ce qui est mis en valeur, et qui garde toute son actualité, ce sont les violents mouvements intérieurs qui traversent les personnages.

« Pour moi, la pièce de Schiller est avant tout une œuvre d’art et non d’histoire, précise le metteur en scène Alexandre Marine. C’est ainsi que nous l’avons approchée et que nous vous la présenterons. » En effet, il y a dans les personnages des deux reines une forme d’« hystérie » que l’on imagine mal à la cour d’Angleterre et qui pourra peut-être en déranger certains. Élizabeth 1ère (Lise Roy) apparaît vêtue d’un pantalon et de bottes, tantôt riant à gorge déployée, cabotine, tantôt s’abîmant dans la colère ou le désespoir, se roulant par terre, telle une amazone colérique.

Marie Stuart est, en prison, drapée dans sa dignité comme dans sa robe blanche, et sur l’échafaud triomphante en robe rouge, semblant ne craindre plus rien, arrogante jusque dans la mort. Égale à elle-même, Sylvie Drapeau nous offre une Marie Stuart haletante et à la voix étranglée, minaudant, couinant, telle une gamine écervelée.

On retrouve dans ce spectacle certains éléments récurrents des mises en scène de Marine, notamment le ballon, qui figure ici la tête de Marie Stuart, la sexualisation des situations ou l’exacerbation des émotions. La musique accompagne les moments de tension, au service de l’intensité dramatique. Parfois rock, parfois jazzy, certains la jugeront peut-être trop présente. Contrairement aux personnages, le décor est d’une extrême sobriété, avec un épais mur de pierre surplombé de statues côté jardin, et une grille côté cour. Il présente l’avantage de pouvoir représenter aussi bien le château d’Élizabeth 1ère que la prison de Marie Stuart.

Malgré la gravité du sujet traité, il n’y a rien de sinistre dans ce spectacle. Rien de conventionnel non plus, ni du côté des costumes, ni du côté de la musique, ni du côté de la mise en scène, qui met l’accent sur les passions féroces auxquelles sont soumises les deux reines, sur leurs pulsions. Un traitement surprenant, mais qui ne manque pas d’intérêt.

30-09-2007