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Du 31 août au 11 septembre 2015, mardi au jeudi 20h, vendredi 19h et samedi 16h
La cantate intérieure
Texte Sébastien Harrisson
Mise en scène Alice Ronfard
Avec Marie Bernier, Dorothée Berryman, Stéphane Jacques

Un messager de la compagnie UPS sillonne les routes du continent pour livrer des paquets. Un jour, alors qu’il est pris dans un embouteillage, il est frappé par la vue, à travers la fenêtre d’un immeuble, d’une silhouette de femme. Partant à sa recherche, il se retrouve dans une maison de chambres désaffectée, plongé dans une installation in situ, au cœur de laquelle une voix féminine venue d’une autre époque s’adresse au visiteur. Qui parle sur la bande? Et qui était cette femme à la fenêtre? Alors que la porte de la chambre s’entrouvre, une inconnue paraît et un face-à-face inusité s’engage.

Dans un chassé-croisé d’images numériques et de voix off, La cantate intérieure nous entraîne dans cette curieuse mécanique qu’est celle de l’art et de ses illusions, mécanique qui berne tantôt celui qui regarde l’œuvre, tantôt celui-là même qui l’a créée.

Les Deux Mondes, compagnie phare du théâtre québécois, se dédie depuis plus de 40 ans à la recherche et à la création contemporaine. Dans un processus de création axé sur la recherche et l’expérimentation, les créateurs de tous horizons se rencontrent pour créer des univers hautement poétiques et humanistes.


Section vidéo


Assistance à la mise en scène et régie Jérémie Boucher
Scénographie Gabriel Tsampalieros
Costumes Sarah Lachance
Éclairages Caroline Ross
Musique Michel Smith
Maquillages et coiffures Sylvie Rolland Provost
Vidéos Gagnon
Régie son et vidéo Dominique Hawry
Direction technique Jean-François Landry et Julie-Anne Parenteau-Comfort
Direction de production Caroline Ferland et Kathleen Gagnon

Avant la première 23$
En prévente jusqu’au soir de la première représentation de chacun des spectacles.
À compter de la première 36$
2 pour 1 36$
Les samedis et dimanches, selon les disponibilités, le soir même au guichet.
Groupe (10 et +) 21$
* Ajoutez 3$ pour les achats au téléphone et en ligne

Une production de la compagnie Les Deux Mondes en codiffusion avec le Théâtre de Quat’Sous
En coproduction avec la salle Jean-Marc-Dion de Sept-Îles


Quat'Sous
100, ave. des Pins Est
Billetterie : 514-845-7277

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Critique

L'intérieur spirituel


Crédit photo : Marlène Gélineau Payette

Sébastien Harrisson et Alice Ronfard s'unissent pour créer sur les planches du Quat'sous La cantate intérieure, une oeuvre tout aussi étrange que mystérieuse.

Plongés dans un éclairage de projections vidéo de visages et de mots, nous atterrissons dans une installation artistique multidisciplinaire. C'est dans cette pièce « in situ » que se déroulera un huis clos entre l'artiste de l'œuvre multimédia (Marie Bernier), et le plus grand admirateur de sa création, un courrier de UPS qui ne connait rien à l'art.

C'est la voix envoûtante de ladite installation qui attire le mystérieux homme (émouvant Stéphane Jacques) à venir chaque jour l'entendre, à travers un casque d'écoute. Convaincu d'avoir déjà vu et entendu la femme qui lui parle, il tentera d'obtenir de l'artiste des informations sur la source de cette voix (Dorothée Berryman, aux apparitions sporadiques).

Lors de la première, les échanges entre les comédiens manquaient un peu de fluidité ; on peut espérer que ce léger problème disparaîtra après quelques représentations. Le jeu des acteurs est juste, bien que l’on ne les sente pas tout à fait à l’aise avec le texte, le ton et les échanges, probablement attribuable au soir de la première. Les comédiens alternent entre un langage familier et normatif, ce qui donne une certaine étrangeté au tout, mais l’oreille finit par s’habituer.

La scénographie présente deux endroits distincts, celui de l’installation in situ et son extérieur, illustré par un pan de mur vide et une lumière rouge au-dessus de la porte d’entrée vers la salle d’exposition. Les deux décors sont très épurés ; murs beiges, chaise de bureau dans le milieu de la pièce où se trouve l’oeuvre, un casque d’écoute au mur. Des projections de visages et de mots créent un bel effet avec cette scène tournante, qui s’arrête en début de pièce pour reprendre son tour en épilogue.

Fidèle au style de son auteur, La cantate intérieure pose d’intéressantes questions sur le rapport à la technologie, à l'espace-temps, aux hasards et aux connexions possibles entre les humains qui traversent nos vies. On y perçoit également une réflexion passionnante sur l'art ; ceux qui le font, ceux qui le consomment, son interprétation de part et d'autre ; le processus créatif, les sources d'inspirations, ce qu'il transmet à son spectateur, les sentiments qu'il suscite, les illusions qu'il crée.

Par contre, la finale, qui s’avère inutilement bruyante et qui impose une trop grande différence avec le ton et le rythme du reste de la représentation, pourrait échapper à la compréhension de certains spectateurs.

La cantate intérieure est une oeuvre introspective et certainement « intérieure », par son texte et sa mise en scène intimiste tout en étant épurée, et par les questions qu'elles soulèvent par rapport à nos liens avec le passé et les « déjà-vus » qui nous semblent parfois irréels. Le spectateur en ressort avec plus de questions que de réponses, et avec un sentiment d’échapper aux mystères de l’univers et de la technologie. On sent la force du texte, mais la mise en scène fait qu’il est difficile d’en saisir toutes les nuances.

19-09-2015