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Du 23 mars au 12 avril 2015, mardi au jeudi 20h, vendredi 19h, samedi 16h, dimanche 12 avril 15h
SecTout ce qui n'est pas sec
Texte Simon Lacroix
Mise en scène Charles Dauphinais
Avec Félix Beaulieu-Duchesneau, Amélie Dallaire, Kathleen Fortin, Denis Houle, Simon Lacroix et Diane Lavallée

Gilles et Huguette dînent tranquillement lorsqu’un homme complètement mouillé en maillot de bain apparait dans la cuisine. Qui est-il? Un spécimen issu des profondeurs abyssales de la mer? Un révélateur de conscience? Le jumeau aquatique de Gilles?

La réponse à cette énigme flotte quelque part dans les eaux troubles d’une comédie fantaisiste et philosophique, engendrée par l’imaginaire foisonnant de Simon Lacroix, qui nous propose ici le point culminant de sa troisième année de résidence au Quat’Sous. Simon s’amuse à déjouer les conventions en torturant délicatement la banalité de notre quotidien. Le commun devient ainsi le point de départ d’un parcours décalé, parfois joyeux, parfois lunatique.

À travers un cortège de scènes jouissives, il nous plonge dans l’immensité du monde, les profondeurs insondables de l’océan, l’espace lumineux de notre intellect. Une réflexion aquatique dont on ne se sortira pas tout à fait indemne. Ni tout à fait sec.


Section vidéo


Assistance à la mise en scène Maude Bêty
Décor Loïc Lacroix-Hoy
Costumes Cynthia St-Gelais
Lumière Martin Sirois
Musique Alexis Aubin-Marchand
Coiffures et maquillages Florence Cornet

Les Noctambules
Discussion animée par la journaliste Marie-Louise Arsenault, l’activité est un moment d’échange et de complicité entre les artistes, les spectateurs et certains invités spéciaux, sur les différents thèmes abordés dans le spectacle
2 avril

L'heure du conte
Pour une sixième année, le Quat’Sous contribue à la vie culturelle des familles! Le dimanche après-midi, pendant que parents ou grands-parents sont à la représentation dans la grande salle, les enfants de 5 à 9 ans assistent à un spectacle de contes, donné par des artistes professionnels, dans la salle de répétition.
Activité gratuite pour les enfants des spectateurs
Réservation requise: 514 845-7277
12 avril - Soleil Culture avec le comédien Franck Sylvestre

Une création du Théâtre de Quat’Sous et du Théâtre SDF (Sans Domicile Fixe)


Quat'Sous
100, ave. des Pins Est
Billetterie : 514-845-7277

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 Critique
Critique

par Daphné Bathalon


Crédit photo : Yanick Macdonald

Ceux qui connaissent bien l’univers décalé de l’auteur et comédien Simon Lacroix ne seront pas dépaysés avec Tout ce qui n’est pas sec. Cette fois, le jeune créateur ajoute une dimension philosophique à ses inspirations métaphysiques, pour le plus grand plaisir des cerveaux allumés. Cette nouvelle pièce, présentée au Quat’sous, pose les jalons d’une vaste réflexion sur notre rapport très personnel avec tout ce qui n’est pas nous, sur ce qui définit les limites de notre individualité.

Tout ce qui n’est pas sec tourne autour de la nature de l’eau et de ses caractéristiques particulières : l’eau qui peut se vaporiser, s’évaporer dans les airs ou être avalée, dans laquelle on peut s’immerger ou couler, l’eau qui connaît un cycle éternel de recommencement et qui peut se diviser en gouttes puis fusionner en une seule entité liquide. L’eau, en somme, qui n’est jamais prisonnière d’un carcan, comme l’est l’être humain (après tout, si libéré qu’on soit, on demeure toujours prisonnier de son corps et de sa tête). Dès lors, la question est posée par l’auteur : comment peut-on sortir de soi? La pièce perd un peu de l’énergie qui pétillait dans les deux précédentes productions de Lacroix (Le projet bocal et Oh Lord, avec sa compagnie Le Projet Bocal), mais nous invite à pousser la réflexion plus loin.

Prisonniers d’une pièce toute blanche qui n’est pas sans rappeler l’appartement éblouissant de la websérie DEEP, pour laquelle Simon Lacroix était également auteur et comédien, les six personnages en savent aussi peu que nous sur la raison de leur présence en ces lieux. Mais, plutôt que de s’en inquiéter ou de chercher à tout prix à échapper à leur prison, ils en acceptent les paramètres et les règles pour mieux explorer sa logique. Boire un verre d’eau fait résonner de la musique ou la voix d’un narrateur? D’accord. Marcher avec des bottes remplies d’eau produit de drôles de mélodies? Pourquoi pas. Sauter dans un trou permet d’entrer dans les rêves d’un dormeur? Mais oui! Chaque découverte est ponctuée d’un commentaire des personnages (« C’est intéressant… ») et immédiatement suivie de nouvelles expérimentations.

Tout est intensément clair dans cette production du Quat’sous et du Théâtre Sans domicile fixe, de la grande pièce illuminée dans laquelle se retrouvent prisonniers les personnages jusqu’aux propositions de l’auteur et du metteur en scène. En dépit de quelques moments de flottements, notamment les passages mettant en scène l’étrange duo formé par Sigrid et Knut, on embarque totalement dans cette nouvelle production aussi intelligente que réjouissante.

La grande force de Simon Lacroix est de partir de ces petits questionnements que l’on a tous eus un jour où l’autre, des questionnements sans grande importance de prime abord, mais qui relèvent tout droit de la philosophie, et de les mettre en lumière avec beaucoup d’humour. Il est entouré pour cette production d’une très belle équipe, dont un Félix Beaulieu-Duscheneau très à l’aise dans le registre absurde et solide tout au long de la représentation. À la mise en scène, Charles Dauphinais a su encadrer l’imaginaire de l’auteur sans le contraindre d’aucune manière. Au contraire, il donne beaucoup de fluidité au spectacle, liant les saynètes d’une manière plus uniforme qu’elles ne l’étaient dans Le projet bocal et Oh Lord, et proposant un terrain de jeu que les spectateurs sont aussi avides de découvrir que les personnages qui l’habitent.

Tout ce qui n’est pas sec ne cesse de surprendre en prenant des directions inattendues, toujours hors du cadre de la logique qu’on applique au quotidien. Par une habile mise en abîme qui le met lui-même en scène et dans un hilarant pied de nez au public et aux artistes, l’auteur nous rappelle qu’il n’est pas essentiel de tout comprendre du spectacle ni d’en décortiquer chaque élément. C’est quand on lâche prise qu’on se laisse le mieux porter par le flot!

27-03-2015