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Du 1er au 20 octobre 2007

Laine sans mouton

Texte de Jean-François Caron
Mise en scène de Martin Desgagnés
Avec Chantal Baril, Marie-Josée Forget, Alexandre Mérineau et Jean Turcotte

Aux prises avec une tempête en plein mois de juillet, les quatre personnages de Laine sans mouton se retrouvent à une croisée des chemins : réagir afin d’influencer le cours des choses ou se laisser diriger comme un troupeau de moutons. Ce qui, évidemment en ce jour d’élection, amène J.J., 18 ans électeur vierge, à contorsionner la Première dame dans une valise; tandis que Liz, seule membre de son réseau communautaire, kidnappe le Gouverneur pour le jeter dans les bras de Blaise, meilleure actrice de l’année, en manque d’inspiration!

Assistance mise en scène Lison Plante
Scénographie Simon Guilbault
Costumes Hélène Soucy
Son Éric Forget
Éclairages Erwann Bernard
Accessoires Julie Measroch

Une création Le Théâtre Officiel del Farfadet

PÉRIODE PREMIÈRES
1er au 4 octobre
à 20h
régulier 26 $
carte premières 13 $

Théâtre Prospero
1371, rue Ontario Est
Billetterie : 514-526-6582

 

par Aurélie Olivier

Prié par le Théâtre Officiel del Farfadet d’écrire un texte pour quatre comédiens, Jean-François Caron, l’auteur, entre autres, de J'écrirai bientôt une pièce sur les nègres (1989), Aux hommes de bonne volonté (1993), et La nature même du continent (2003), s’est lancé dans la comédie. Dans Laine sans mouton, il fait se croiser des personnages désopilants, dont il a voulu qu’ils aient une égale importance : Blaise (Jean Turcotte), une drag queen malencontreusement élue meilleure actrice de l’année et souffrant d’un manque d’inspiration chronique; Liz (Marie-Josée Forget), une jeune femme qui vient de perdre son emploi et s’est découvert une âme de révolutionnaire, J.J. (Alexandre Mérineau), un jeune homme de 18 ans désireux de s’assurer de l’intégrité des dirigeants avant d’exercer son droit de vote; et la Première dame (Chantal Baril), épouse mégalomane et pleine de bagou du gouverneur. Tous habitent la ville de Woolkaaptown dans l’état de Woolkaapland qui vit du commerce de la laine de mouton (ou de la non-laine de mouton? ou de la laine de non-mouton?).

Si la situation de départ est réaliste (un état en faillite, des décisions politico-économiques qui bouleversent l’existence des gens), son traitement est résolument fantaisiste. Chacun des protagonistes semble évoluer dans un monde à part, où l’impulsivité fait loi et où le ridicule ne tue pas. Il en résulte un spectacle assez drôle, mais avec du bon et du moins bon quel que soit l’aspect que l’on considère.

Le texte est plein de bons mots, parfois tellement loufoque que l’on rit sans trop savoir pourquoi, mais il est malheureusement difficile à suivre. On sait que Jean-François Caron aime remettre en question les règles de l’écriture, mais son dernier texte souffre d’une construction dramatique bancale. Plusieurs scènes d’une épuisante longueur ne servent aucunement le propos, propos qui est d’ailleurs assez mince, et la pièce se termine assez désagréablement en queue de poisson. Ce qui n’empêche pas le public de rire bien volontiers durant le spectacle.

Les comédiens sont très inégaux. Marie-Josée Forget, qui offre une interprétation honnête, finit par agacer à buter constamment sur son texte et à oublier de caler ses gestes sur les bruitages (claquements de porte notamment). Tandis qu’Alexandre Mérineau manque cruellement de conviction en ado que l’on aurait souhaité exalté, Jean Turcotte offre une drag queen assez savoureuse; il a d’autant plus de mérite que sa plus longue scène, fait partie de celles que l’on aurait aimé voir coupées. Finalement, c’est surtout la prestation réjouissante de Chantal Baril qui mérite une mention spéciale. En première dame arrogante ayant des allures de Castafiore, elle est véritablement cocasse. Sa robe de bal avec décolleté plongeant et sa coiffe farfelue et dégoulinante lui siéent à merveille. Les autres costumes (Hélène Soucy), tous de la blancheur écrue de la laine brute, ne sont pas aussi réussis, mais ils contribuent à créer un univers déjanté. Enfin, la mise en scène (Martin Desgagné), qui exploite sans complexe le côté loufoque du texte, est assez convenue, mais présente cependant plusieurs trouvailles ingénieuses, notamment la voiture.

Un spectacle très inégal donc, mais qui a le mérite de faire passer une soirée tout à fait divertissante.

04-10-2007