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Du 22 au 26 février 2011, 20h, supplémentaire 26 février 16h
Duras Show
(théâtre danse vidéo)
Mise en scène Lucas Jolly, Steeve Dumais
Avec Steeve Dumais, Lucas Jolly, Elinore Fuetter, Patrick Lamothe, Carole Nadeau, Jacqueline Van De Geer

La première chose dont on s’est parlé c’est de notre amour de Duras. On s’est dit: « On fera un show ». Pourquoi pas Le Duras Show. Y mettre tout Duras. Comme si on la déterrait pour la placer sur la scène. Elle est là. Elle se montre, égarée dans la chambre des miroirs de son mythe. Face à face avec elle-même. Face à face avec ses personnages. Face à face avec nous. Une performance sur l’alcool, l’écriture, l’amour, l’absence de Dieu. Un show total Duras.

Fondée par Steeve Dumais et Lucas Jolly en 1999, La Compagnie Mobile Home élabore des spectacles multidisciplinaires tant dans l’espace urbain qu’en salle, selon la teneur des projets. La Compagnie Mobile Home développe des structures de spectacles hybrides et non conventionnels, se rapprochant de l’installation, de la performance, autant que du théâtre de rue ou du cabaret surréaliste. Elle tente d’y révéler l’ambiguïté des apparences, l’animalité inassumée, le travestissement du réel, la nécessité du jeu et de la folie.

Chorégraphie Alain Francoeur
Scénographie Steeve Dumais Et Lucas Jolly
Lumière Michel Fordin
Son Thierry Collins
Vidéo Gennaro De Pasquale
Crédit photo Maxime Leduc

Une présentation et une production de La Compagnie Mobile Home
Créée en résidence à La Chapelle

La Chapelle
3700, rue Saint-Dominique
Billetterie : 514-843-7738

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 Critique
Critique
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par Sara Fauteux


Crédit photo : Josué Bertolino

Le Compagnie Mobile Home, ainsi que l’idée d’un spectacle sur Marguerite Duras, est née de la rencontre de Steeve Dumais et Lucas Jolly il y a quinze ans de cela. Tous deux fascinés par cette écrivaine qui se livre étrangement dans son œuvre tout en restant éternellement insaisissable, Dumais, Jolly et quatre autres collaborateurs issus du milieu de la danse et du théâtre nous présentent Le Duras Show.

S’inspirant de la nature de l’œuvre de Duras et dans l’esprit de leur compagnie, les créateurs de Le Duras Show intègrent plusieurs disciplines à la production. En parcourant la littérature qui entoure le spectacle, on constate que leur analyse de l’œuvre et du personnage de Duras est très juste. On y parle d’une femme et d’une artiste complète, innovatrice, créant des zones troubles entre réalité et fiction pour ses oeuvres et restant toujours fuyante derrière ce personnage multiplié.

Cette compréhension de l’œuvre de Duras est malheureusement beaucoup moins bien exprimée sur scène que dans le programme. Si l’intégration de la danse, du chant, de la vidéo et du jeu d’acteur permet un spectacle ouvert, par ailleurs assez fluide, et que l’esthétique globale du spectacle est très réussie et parvient à créer des ambiances qui nous ramènent bien à l’œuvre de Duras, l’ensemble ne fonctionne pas très bien. Les chorégraphies de danse sont pour la plupart peu évocatrices, passant à côté du trouble qu’ils cherchent susciter.

Le spectacle intègre beaucoup de matériel vidéo et audio de la vie de Duras. C’est un véritable plaisir que d’entendre cette voix grave racontant une anecdote, d’entendre ses mots dans les extraits récités par les comédiens. Ces extraits amènent de beaux moments où l’action se déroulant sur scène accompagne bien le spectateur dans son écoute, notamment lors de l’extrait de la création radiophonique d’Un barrage contre le Pacifique. Sinon, la plupart des tableaux ne parviennent pas à nous amener plus loin que le font les mots de Duras.


Crédit photo : Josué Bertolino

Le Duras Show est manifestement une oeuvre très personnelle pour ses créateurs. Cette intimité dévoilée et offerte aurait pu toucher le public et l’amener à entrevoir le travail et la vie de Duras sous un autre jour. Malheureusement, cet aspect du spectacle contribue plutôt à rendre le tout assez superficiel. Les créateurs et les acteurs nous livrent quelques moments de vie qui témoignent de leur amour et de leur passion pour Duras mais restent très anecdotiques et laissent le spectateur un peu indifférent.

L’œuvre et la vie du Duras sont-elles un matériau trop dense et trop intense pour être livré en quelques tableaux de danse et de vidéo? Certainement. Pourtant, l’expérience aurait pu s’avérer plus concluante si le travail autour de la représentation qui accompagne le portrait avait réussi à amener un autre niveau, à analyser l’œuvre de Duras de manière plus approfondie et à transmettre davantage que l’appréciation et la fascination pour auteur.

24-02-2011

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