Du 15 au 19 septembre 2009, mardi au sam. 20h
Retour à l'accueil Imprimer cette page Archives Accueil Facebook del.icio.us

EstebanEsteban

Texte, mise en scène et interprétation : Stéphane Crête

Solo au-delà du probable, entre variété et performance, Esteban est un bricolage home-made libéré de toute censure, un délire impudique où copulent théâtre, danse, mime, poésie et chanson.

Stéphane Crête est cofondateur du défunt Grand Théâtre émotif du Québec, codirecteur artistique de Momentum de 1999 à 2008, animateur (Cabaret Insupportable), vedette de la télé (Les étoiles filantes), improvisateur (LNI), idole (Dans une galaxie près de chez vous), chanteur de charme (Boum Ding Band), artiste engagé (ATSA), danseur (Moitsutoitsous), metteur en scène (Laurent Paquin), réalisateur (L’industrie de la mort et moi), provocateur (Hommage à la masturbation), fantaisiste, mime. Il est créateur d’objets non-identifiés marquants qui exploitent, au-delà des disciplines, les multiples facettes de la représentation (Mycologie, Les Laboratoires Crête, Chair Philippe, Nicole)

Musique : Stéfan Boucher, Stéphane Lafontaine
Lumière et homme de main : David Poulin

Présentation La Chapelle, Production Esteban

La Chapelle
3700, rue Saint-Dominique
Billetterie : 514-843-7738

par David Lefebvre

«Je suis une petite pute... je ne dis pas, je médis.»

Pour le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il y a du monde dans la tête du comédien, metteur en scène et concepteur Stéphane Crête. Ou plutôt dans celle de son personnage, Esteban. Esteban est ici une créature hybride et libre, émanant du théâtre, de la danse, du chant et du mime, issu d'un imaginaire déluré et sans censure.

Stéphane Crête nous convie à explorer un univers de tous les possibles, étrange, farfelu. Sur le tempo de secondes accélérées, il fait son entrée, dos à nous : perruque frisée, jeans délavés taille trop haute, chapeau de cowboy. On comprend, par ses premiers mots, qu'à chaque soixantième de minute, quatre naissances et deux décès surviennent dans le monde. Même si le personnage reste le même tout au long du spectacle, du moins on le suppose, il prend des allures complètement différentes pour chaque numéro, avec un goût pour le kitsch et pour le vêtement stretch sans pareil. Crête n'hésite pas à se changer directement sur scène, par choix au niveau de la mise en scène, par commodité, par plaisir : c'est une fausse mise à nu des idées saugrenues d'un homme aux multiples visages et corps artistiques. Il peut danser lascivement sur un tapis «shag», nous réciter un poème d’adolescent, jouer de la trompette-jouet, chanter l'alphabet , la haine ou encore une version techno de Careless Whisper - plus près de Kraftwerk et de Seether que de George Michael - éclater en sanglots au piano, fouiller dans une valise et s'amuser avec des accessoires de clown, incarner un mime qui trouve une revue pornographique dans les poubelles et qui décide d'en profiter... Le monde intérieur d'Esteban est une fresque des années 1980, mais aussi une exploration musicale et artistique des possibilités de scène. Teinté parfois d'un érotisme plus ou moins mocheton, souvent cocasse, voire excentrique, Crête captive le public qui ne quitte jamais la scène des yeux, même lorsqu'il est absent de celle-ci. Les rires fusent, les yeux s'écarquillent, on est médusé par ce «pétage de bolt». Et ça fait du bien.

Esteban Esteban

Crédit photos : David Ospina

La scène est pratiquement nue : un paravent rétroéclairé à l'arrière, un piano, un microphone sur pied et une table, avec quelques chaises, meublent l'espace. La musique est omniprésente : l'interprète utilise des enregistrements, trafiqués ou non, et le talent des musiciens Stéfan Boucher et Stéphane Lafontaine pour la plupart des numéros. L’acteur s'amuse avec tous les styles, du pop léché des années 60 au trash métal en string et bottes à fourrure, en passant par le style Francoeur et Jeunesse d'aujourd'hui.

Mais au-delà de la musique, c'est à une performance et à une exploration du jeu de l'acteur que nous sommes conviés. Chant, mime, clown, personnages grotesques et flamboyants, expérimentations, Crête n'hésite pas devant le ridicule, mais s'en sert et s'amuse avec celui-ci. L'univers intérieur d'Esteban est pour le moins coloré, absurde, ludique, mais, surtout, vivant.

16-09-2009

Retour à l'accueil