Du 12 au 21 mars 2009, mardi au samedi 20h, matinées samedis 15h
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TentativesTentatives

Conception (en collaboration avec les comédiens) et mise en scène : Jérémie Niel
Interprètes : Evelyne De La Chenelière, Denis Gravereaux, Eric Robidoux, Eric Forget et Marika Lhoumeau.

Deux Tentatives, deux courtes pièces qui se répondent. Deux fois, un homme, désespérément comme les autres, tente de rester à la surface et d’y apprécier l’allégresse. Deux fois, il essaie d’oublier les profondeurs grondantes. Mais parfois, avec ses amis ou dans la foule, le vertige est trop grand et la chute imminente. Le spectacle d’une chute n’est-il pas toujours alléchant ? Dans cette oeuvre bicéphale, parole et silence, foule et individualité, réalisme et abstraction dialoguent pour nourrir une idée : cette incapacité à habiter le monde.

Une présentation La Chapelle
Une coproduction La Chapelle et Pétrus
Créée en résidence à La Chapelle

La Chapelle
3700, rue Saint-Dominique
Billetterie : 514-843-7738

par Aurélie Olivier

Vous êtes-vous déjà retrouvé au milieu d’un souper entre amis, vous détachant totalement de la conversation, laissant votre esprit vagabonder pour finalement vous retrouver tout à fait ailleurs?

C’est exactement ce qui arrive à l’un des convives de ce souper-spaghetti. Après une demi-heure de conversation sur tout et rien, voyages, excursions en forêt, il décroche. Le voilà qui met ses souliers dans son assiette, étale des pâtes sur la tête du maître de maison, se couche sur la table, tout cela sans que les invités remarquent quoi que ce soit. Comme si tout à coup le masque mondain placé sur son visage était tombé, comme s’il s’était affranchi de toute convention sociale pour ne plus faire que ce qui lui passe par la tête.

La seconde partie du spectacle, en complète rupture avec la première, nous plonge dans un univers d’étrangeté où une vingtaine de personnes marchent sans but, comme des fantômes sur une musique lancinante. Hall de gare, place publique, rêve? Libre à chacun de l’imaginer. Le même homme que dans la première partie est là. Il fait la rencontre d’une femme, qui se trouvait être sa voisine de droite pendant le souper. Entre eux s’installe un dialogue muet, ou presque. Progressivement, la foule se disperse comme pour exprimer que lorsque deux personnes se reconnaissent, plus rien n’existe qu’eux. En pleine errance au départ, l’homme atteint finalement une sorte de félicité sereine, comme un pied de nez à ceux qui n’osent se risquer sur le terrain incertain de la remise en question, comme une affirmation de sa liberté.

Les deux courtes pièces s’opposent totalement dans leur forme. Réalisme, lumière et bavardage dans l’une; onirisme, pénombre et silence dans l’autre. Les deux ont toutefois en commun un individu qui semble évoluer un peu en marge du monde. Comme dans le dernier spectacle de la compagnie, le très réussi Son visage soudain exprimant de l'intérêt, on nous donne à voir les failles qui peuvent exister en l’être humain. Ceux qui ont déjà assisté à des mises en scène de Jérémie Niel se rappelleront les effets créés par l’amplification des respirations et des chuchotements, que l’on retrouve ici. Il y a dans ce spectacle quelque chose de l’ordre de l’expérience sensorielle. Durant le souper, les prestations d’Évelyne de la Chenelière, Denis Gravereaux, Marika Lhoumeau, Éric Forget et Éric Robidoux sont déconcertantes de naturel. On regrettera simplement que la mise en place soit chaque fois un peu longue, particulièrement dans la première partie où le placotage à qui mieux mieux se révèle pénible pour les nerfs, effet qui n’était vraisemblablement pas recherché. L’ensemble reste toutefois une belle réussite.

13-03-2009

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