Mon(Theatre).qc.ca, votre site de théâtre
Du 11 mars au 1er avril 2015
Dates public (en soirée) : 13-14-17-19-27-28 mars 2015
Le barbierLe Barbier de Séville
Texte Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais
Mise en scène daniel paquette
Avec Luc Boucher, Daniel Desparois, Kevin Houle, Roger Léger, Madeleine Péloquin, Carl Poliquin

Une comédie légère et riche en rebondissements, qui ne manque pas de railler les moeurs sociales et politiques de son époque. Dans le Barbier de Séville, Beaumarchais, célèbre créateur du Mariage de Figaro à qui l’on doit entre autres la reconnaissance du droit d’auteur, enrichit profondément la comédie d’intrigue en renouvelant les personnages traditionnels.

Le jeune comte Almaviva, déguisé en étudiant, a entrepris de séduire une jeune inconnue qu’il a remarquée quelques mois plus tôt. Rosine, la pupille du vieux docteur Bartholo, son tuteur jaloux à l’extrême, a remarqué le jeune homme qui tous les jours fait les cent pas sous sa fenêtre. Avec l’aide de son ancien valet, Figaro, devenu apothicaire et barbier du vieux Bartholo, Almaviva se mettra en tête de séduire sa belle en se présentant sous de fausses identités afin de vérifier la véracité de son amour. Le temps presse car Bartholo a chargé Don Bazile, le maître de musique, d’arranger son mariage avec Rosine pour le soir même.


Section vidéo


Concepteurs et collaborateurs artistiques : Pierre-Marc Beaudoin, Jean-Sébastien Chalut, Claire L'Heureux, Anne-Marie Matteau, Jacques-Lee Pelletier, Mathieu Poirier, Helen Rainbird, René Ross, Michael Slack, Productions Yves Nicol

Samedi 14 mars : Rencontre-causerie
Samedi 28 mars après le spectacle: Rencontre avec les artistes

Durée : 2h avec entracte

Une production du Théâtre Denise-Pelletier


Théâtre Denise-Pelletier
4353, rue Sainte-Catherine Est
Billetterie : (514) 253-8974

Facebook

 
______________________________________
 Critique
Critique

par Olivier Dumas


Crédit photo : Luc Lavergne

Classique du genre, la comédie amoureuse du 18e siècle Le Barbier de Séville constitue le morceau de clôture de la saison du Théâtre Denise-Pelletier. N’évitant pas certaines facilités, la présente production séduit tout de même allègrement le public adolescent.

Jouée pour la première fois en 1775 à Paris sous le titre Le Barbier de Séville ou la Précaution inutile, la pièce de Pierre Augustin Caron de Beaumarchais constitue le premier morceau de la trilogie du Roman de la famille Almaviva. Elle est par ailleurs trop injustement comparée à l’autre chef d’œuvre de l’auteur, la suite de la trilogie, La Folle journée ou le Mariage de Figaro. Pourtant, les deux œuvres possèdent ce sens rare du monologue et des dialogues ciselés. Elles exposent le renversement des relations hiérarchiques : le valet supplante son maître par sa ruse et son intelligence. Le dernier volet méconnu des aventures de Figaro, L’Autre Tartuffe ou la Mère coupable, n’est que trop rarement monté.

Raccourcie à une heure et quarante-cinq minutes par le metteur en scène daniel paquette, l’histoire traite de la passion du jeune Comte Almaviva pour la jolie Rosine qu’il a croisée quelques mois plus tôt. Mais celle-ci se trouve à être la pupille du docteur Bartholo qui épie le moindre de ses mouvements. Avec l’aide de son ancien valet Figaro, devenu depuis le barbier de Bartholo, le prétendant joue d’ingéniosité et de déguisement pour conquérir son cœur.

Déjà monté à Montréal entre autres sous la gouverne de René Richard Cyr, le joyau du dramaturge français constitue un heureux mélange de légèreté et de profondeur. Car, sous les éclats de rire, se dissimule en sourdine une critique sociale sur les rapports de pouvoir, de domination et de soumission entre les individus. Son propos révèle une réflexion fine sur les liens entre les sexes, dont la comédie L’École des femmes de Molière a servi de modèle.  Du canevas aux multiples potentialités dramatiques, daniel paquette privilégie plutôt une approche misant sur les effets comiques bouffons, parfois au détriment de la nuance. Cette approche du texte a pourtant interpellé l’auditoire tout au long de la représentation, notamment durant les baisers langoureux entre le Comte et Rosine.

Si le premier des quatre actes manque de rythme et d’assurance, les choses se replacent agréablement par la suite. Sans aucun temps mort, les troisième et quatrième actes se déroulent rondement en deuxième partie après l’entracte. Par ailleurs, de magnifiques éclairages de Mathieu Poirier, sombres et même parfois feutrés, ajoutent une dimension plus poétique à cette partition particulière par ses perpétuels mouvements et les rebondissements constants de l’action.


Crédit photo : Luc Lavergne

Le jeu très physique de ses interprètes s’accompagne de chansons populaires écrites pour l’occasion. Mais la faiblesse du traitement musical n’évite pas la sensiblerie, la facilité et les effets larmoyants. N’oublions pas que les trois pièces de la trilogie de Beaumarchais ont toutes été transposées à l’opéra par des compositeurs de grands talents, comme Rossini pour Le Barbier de Séville, Mozart pour Les Noces de Figaro (d’après Le Mariage de Figaro) et Darius Milhaud pour La Mère coupable. On sent pour la production du Théâtre Denise-Pelletier aux sonorités de notre époque, l’influence des comédies musicales contemporaines aux mélodies assez simples et de la populaire série télévisée Glee. Les acteurs s’en tirent très bien vocalement, surtout Kevin Houle en comte Almaviva, dont le timbre rappelle ceux de Roch Voisine et de Daniel Lévi du spectacle des Dix Commandements.

La fougue de la talentueuse distribution domine l’ensemble et nous permet d’apprécier la force d’une écriture intemporelle. Lors de ses apparitions trop sporadiques, le Figaro de Carl Poliquin demeure brillant et allumé en entremetteur catalyseur des tensions et intrigues rocambolesques, comme ses prestations antérieures dans le répertoire classique français. Par sa voix assumée et sa composition physique, Roger Léger démontre également une rigueur admirable sous les traits de Bartholo, un homme despotique et possessif qui sait attiser les rivalités. L’amoureux incarné par Kevin Houle se démarque surtout dans des moments cocasses, notamment dans ses efforts pour remettre une lettre à Rosine sous l’œil de son protecteur suspicieux (un passage magnifiquement chorégraphié) ou encore lors de son travestissement en professeur de musique. Ses cris aigus de surprise évoquent alors ceux des figures caricaturales de La Cage aux folles. Madeleine Péloquin campe quant à elle une Roseline ingénue avec un mélange habile de naïveté et d’aplomb. Le Don Basile de Daniel Desparois a aussi ses instants de grâce tout comme Luc Boucher dont le seul regard suffit à attirer l’attention au premier acte dans la peau d’un serviteur niais.

À ses détracteurs, Beaumarchais ripostait dans La Lettre modérée sur la chute et la critique du Barbier de Séville que son ambition avait été de faire « une pièce amusante et sans fatigue », « une comédie fort gaie » destinée à divertir le public. Et malgré des choix artistiques parfois discutables, l’exécution scénique du Barbier de Séville de Denise-Pelletier y parvient sans trop d’équivoque.

21-03-2015