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Du 9 au 26 janvier 2013, 19h30
La fête à Jean
LISEZ L'ENTREVUE AVEC ANDRÉ-MARIE COUDOU ET NATHALIE GASCON
Texte Pier-Luc Lasalle
en collaboration avec Marie-Pierre Poirier et les endeuillés des Lundis-Causeries
Mise en scène : André-Marie Coudou
Avec Nathalie Gascon, Bernard Carez, Étienne Courville, Michel Daviault, Denis Gravereaux, Jonathan Morier, Diane Ouimet, Marie-Pierre Poirier, Sylvianne Rivest-Beauséjour

C’est l’anniversaire de Jean. Famille et amis sont réunis pour célébrer…une dernière fois !
Jean est malade le diagnostic est irrévocable et ce n’est plus un secret, tous savent qu’il ne veut plus continuer à vivre. Autour de la grande table, on célèbre la vie, on chante, on danse, et on discute fort malgré la peur de perdre le père, le mari ou le grand-père. L’alcool coule à flots et la musique résonne. Mais alors que la fête bat son plein,  les blessures se ravivent et  les douleurs ressurgissent.  Comment Guylaine, Arnaud, Louis et les autres peuvent-ils accepter la décision de Jean ?

Le Théâtre L’instant veut rendre hommage au courage des endeuillés qui ont accepté de partager leur peine et leur douleur profonde.  À partir de leurs de témoignages, l’auteur Pier-Luc Lasalle, appuyée par Marie-Pierre Poirier a écrit ce texte rempli de pudeur et de délicatesse, qui , amène le spectateur vers une remise en question sur le sens de la vie…et de la mort ! Vraie et sans artifices, La fête à Jean saura rejoindre tous ceux et celles qui ont aimé et perdu, qui ont pleuré et on rit.  En quelques mots, l’auteur parvient à toucher l’universel.


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Décors Benoit Grégoire
Costumes Scyndia de Barros
Éclairages Alexandre Tougas
Chorégraphe Ian Yaworski
Musique Émilie Girard-Charest
Musiciens Émilie Girard-Charest, Grant Douglas Martin, Antoine Michaud

Durée : 1h30 (sans entracte)

Carte Prem1ères
Cartes Prem1ères
Date Premières : du 9 au 17 janvier
Régulier : 29,.95$
Carte premières : 16,45$

Une production du Théâtre L’instant en codiffusion avec le Théâtre Denise-Pelletier


Salle Fred-Barry du Théâtre Denise-Pelletier
4353, rue Sainte-Catherine Est
Billetterie : (514) 253-8974

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 Critique
Critique

par Olivier Dumas


Crédit photo: Jean-Marie Lanlo

Avec La fête à Jean, la compagnie le Théâtre L’instant livre une production intimiste et touchante de délicatesse, mais imparfaite dans sa réalisation.

Inscrire la vie et la mort dans le théâtre demeure certainement l’un des enjeux les plus persistants des créateurs depuis le début de l’humanité. Plus près de nous, la réalité du deuil a hanté nos scènes à quelques reprises ces dernières années, notamment avec une œuvre documentaire de Pascal Brullemans (Beauté, chaleur et mort). Pour la présente pièce, le metteur en scène André-Marie Coudou et la comédienne sympathique Marie-Pierre Poirier ont voulu transposer dans un matériau artistique leurs réflexions entamées dans le cadre de rencontres hebdomadaires où des individus exprimaient leurs douleurs et leurs craintes suite au décès d’un être cher. L’œuvre s’inscrit ainsi dans une perspective de témoignages et de confidences sur des enjeux susceptibles de nous rejoindre tous à un moment ou l’autre de notre existence.

Écrite par Pier-Luc Lasalle, La fête à Jean se penche sur les derniers moments d’un homme du même nom. Amer et confiné à son fauteuil roulant, le protagoniste a décidé de mettre fin à ses jours. Pour son ultime anniversaire, il reçoit la visite de sa famille. Malgré les efforts déployés par sa femme et ses enfants pour alléger l’atmosphère trouble, l’inéluctable ombre de la mort se fait sentir à chaque instant dans l’une ou l’autre des répliques.

Le jeune dramaturge avait déjà démontré une aisance à cerner les défauts les moins avouables et les travers les plus ténébreux de ses contemporains. Même si ses textes antérieurs comme Construction ou L’anatomie du chien ont été reçus assez tièdement par la critique, il y avait toutefois une qualité d’écriture évidente. Sur un ton plus réaliste et moins ancré dans une vision caustique des rapports humains, sa Fête à Jean dévoile un souci d’ancrage dans le réalisme très quotidien. Sa quête de véracité dans la représentation d’un portrait d’une famille qui peine à affronter ses démons intérieurs laisse une place prépondérante aux bons et beaux sentiments. L’auteur explore également des eaux plus subtiles, en demi-teintes où les mots sont judicieusement choisis. Dans ce microcosme d’un monde très ancré dans le matérialisme pour dissimuler les questions existentielles sur la perte accidentelle ou volontaire d’un proche, les confrontations avec les autres et soi-même abondent.

Pendant l’heure et demie de la représentation, différents récits de valeur inégale sur les deuils vécus par les personnages viennent interrompre l’action principale. Malgré la sincérité évidente des concepteurs, le procédé paraît plutôt plaqué dans son effort de sensibilisation. À trop vouloir appuyer l’intention, le propos perd de sa force évocatrice. Il se rapproche davantage d’une vision empathique et pédagogique des événements. Ces apartés tranchent aussi avec l’histoire principale. Celle-ci atteint plus facilement son objectif en exprimant avec une poésie plus personnelle et vibrante les dilemmes moraux sur la mort. Plus resserré, le dénouement de l’intrigue gagnerait encore en intensité, en intérêt et en ferveur.

Le metteur en scène illustre judicieusement les enjeux du texte par un parti-pris naturaliste qui abolit en partie la notion du quatrième mur. Au moment d’entrer dans la salle Fred-Barry, les comédiens se retrouvent déjà sur le plateau et saluent le public comme s’ils retrouvent de vieilles connaissances. L’immense table de patio où trônent vins, salades et sandwichs accentue l’impression d’une véritable rencontre de famille. Par ailleurs, la présence de trois talentueux musiciens sur scène apporte une touche sensible, grave et solennelle à cette acceptation de la fin qui attend chacun de nous. 

L’interprétation des acteurs et actrices se révèle l’une des plus agréables surprises de la soirée. Absente des planches ces dernières saisons, Nathalie Gascon est d’une remarquable justesse dans le rôle d’une épouse partagée entre le refus d’accepter l’issue de son conjoint et la colère qui ne demande qu’à éclater à tout moment. Denis Gravereaux incarne un éloquent Jean à la douleur poignante de retenue. Leurs partenaires de jeu s’affirment de manière tout aussi émouvante. Mentionnons une bouleversante Diane Ouimet et la fébrilité incarnée dans toute sa splendeur par Étienne Courville, Jonathan Morier, Marie-Pierre Poirier et Sylvianne Rivest-Beauséjour.

Dans ce jeu de valse-hésitation entre les raisonnements cérébraux que l’on cherche à s’imposer et les pulsions de la vie qui s’égrènent jusqu’au dernier jour, l’acceptation du destin finit par remporter la victoire, aussi éphémère soit-elle. La pièce La fête à Jean souligne bien ces interrogations très actuelles, parfois avec lourdeur, mais souvent avec une sensibilité engageante. Lors de la première, le public a témoigné intensément de son appréciation par une ovation nourrie.

11-01-2013