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Chansons pour filles et garçons perdus
Stonerie poétique imaginée par Loui Mauffette
Du 23 avril au 4 mai 2019 - Centre du Théâtre d'Aujourd'hui
Du 9 au 19 mai 2019 - Cinquième salle de la Place des Arts (heures plus bas)

Loui Mauffette est un enfant des années soixante. Une partie de son cœur n’a pas vieilli : un père animateur à la radio avec ses Soirs qui penchent, des visites notoires à la maison familiale, des illuminations au bord du fleuve, des chagrins inconsolables... Et surtout des souvenirs hauts en couleur, trop imprégnés dans sa mémoire pour disparaitre aujourd’hui.

Spectacle jubilatoire et éclaté qui vient clore le 50e anniversaire du CTD’A, Chansons pour filles et garçons perdus fait le pari de rassembler des poètes et des auteurs qui racontent une société québécoise à l’image de notre métropole. Avec sa troupe, Loui Mauffette veut célébrer les mots et la poésie comme matériau dramatique, comme ultime objet de dépassement.


Idée originale, direction artistique et mise en scène Loui Mauffette
Mise en scène et interprétation Benoit Landry
Interprétation Nathalie Breuer, Kathleen Fortin, Émilie Gilbert, Roger La Rue, Pierre Lebeau, Jean-Simon Leduc, Gabriel Lemire, Macha Limonchik, Mylène Mackay, Catherine Paquin Béchard, Jean-Philippe Perras, Adèle Reinhardt, Marie-Jo Thério
Interprétation, direction musicale et musique originale Guido Del Fabbro

Crédits supplémentaires et autres informations

Assistance à la mise en scène et régie Marjorie Bélanger
Scénographie, accessoires Clélia Brissaud
Éclairages Etienne Boucher
Conseil artistique aux costumes Mario Davignon
Collage de textes Johanne Haberlin

CTD'A
Prix des billets : 
30 ans et moins - 35$
régulier - 45$
60 ans + - 40$

Mardi 19h
Mercredi au vendredi 20h
Samedi 16h

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Place des Arts
Tarif : 48.75 $
Du jeudi au samedi 19h30, dimanche 16h

Une création du Centre du Théâtre d'Aujourd'hui en coproduction avec la Place des Arts


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Critique disponible
            
Critique

Embrasser la poésie

Pour clore le 50e anniversaire du Centre du Théâtre d’Aujourd’hui, Loui Mauffette et sa joyeuse bande d’amoureux de la poésie font honneur à la langue québécoise avec Chansons pour filles et garçons perdus.



Crédit photo : Valérie Remise

Sur scène, un carré de sable occupe la majeure partie de l’espace et évoque à la fois un radeau, un ring de boxe et un terrain de jeu. Les spectateurs sont assis sur trois côtés, une immense chaise haute trône au fond de la scène et des musiciens se laissent deviner dans la pénombre. À l’avant, un piano à queue, des rideaux rouges et une coiffeuse avec un miroir donnent aussi un côté glamour à la scénographie. Des guirlandes de lumière ajoutent aussi à l’atmosphère feutrée à la salle. Puis, la douzaine d’interprètes entrent bruyamment en scène comme autant de personnages dépareillés et colorés, défilant autour du carré de sable avec cymbales, accordéon et machine à fumée. Un poème de Guy Mauffette lu par son fils Loui lance la soirée, suivi d’une récitation en chœur du désormais célèbre J’en appelle à la poésie de David Goudreault. La fête peut commencer!

La force du spectacle réside dans le bordel jouissif qui règne sur scène, fruit d’un collage de textes soigneusement choisis.

La force du spectacle réside dans le bordel jouissif qui règne sur scène, fruit d’un collage de textes soigneusement choisis. Les poèmes de Marie Uguay et d’Émile Nelligan côtoient ceux de José Yvon, de Leonard Cohen et de Denis Vanier. Les mots de Claude Gauvreau s’agencent à ceux de Michel Garneau, de Lisa Leblanc, de Gabrielle Chapdelaine, de Marjolaine Beauchamp et d’Alfred Desrochers. Les auteurs contemporains sont célébrés autant que les pionniers de la poésie québécoise, et leurs noms sont prononcés à la fin de chaque poème afin de leur rendre hommage.

L’interprétation d’Un beau grand bateau, de Denise Boucher, figure parmi les moments les plus touchants du spectacle, alors que les hommes de la distribution entonnent ensemble ce poème mis en musique et popularisé par Gerry Boulet. Jean-Simon Leduc offre également une interprétation magistrale de Dehors novembre de Dédé Fortin. Il arrive à rendre compte de la détresse qui se dégage de cette chanson qui retrace la descente aux enfers du chanteur – « Mon corps c’est un pays en guerre su’l’point d’finir / Le général de l’armée de terre s’attend au pire / J’ai faim, j’ai frette, je suis trop faible pour me lever d’boute / On va hisser le drapeau blanc un point c’est toute ». Si la qualité de l’ensemble de la distribution mérite d’être soulignée, Kathleen Fortin rayonne particulièrement, autant dans les numéros chantés que dans ceux qui commandent davantage de sobriété. Dans sa bouche, les mots de Joséphine Bacon résonnent avec panache – « Ne me tue pas d'être vivante / Ne me tue pas de sourire / Ne me tue pas d'aimer / Ne me tue pas d'être humaine / Tue-moi / Si j'oublie ». Roger La Rue est également flamboyant dans son interprétation dansée de la poésie de Jean-Paul Daoust et rend justice à l’originalité et à démesure de la personnalité de ce poète. Et l’ambiance est à la fête même pendant l’entracte où du popcorn et du punch sont offerts au public par les comédiens eux-mêmes.

De la même manière que l’étaient les dix éditions de Poésie, sandwichs et autres soirs qui penchent, créées aussi par Mauffette, Chansons pour filles et garçons perdus est un véritable happening où se mélangent le vers, la prose, la danse et la musique. Comme son titre l’indique, la « stonerie poétique » est sans doute la meilleure façon de qualifier la forme hybride de ce spectacle qui agit comme un remède au cynisme ambiant et comme une bonne dose de réconfort en ce printemps montréalais pluvieux et triste.

25-09-2017
 

Centre du Théâtre d'Aujourd'hui, salle principale
3900, rue Saint-Denis
Billetterie : 514-282-3900 - billetterie.theatredaujourdhui.qc.ca

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