Du 12 janvier au 6 février 2010 -
suppl. 7 fév. 15h, 9 fév. 19h et 10au 13 fév. 20h
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La liste

Texte de Jennifer Tremblay
Mise en scène de Marie-Thérèse Fortin
Avec Sylvie Drapeau

Une femme, nous accueille dans sa cuisine. Dès les premières phrases, le drame. Une amie et morte. Et peut-être par la faute même de celle qui, assise incomfortablement devant nous, nous racontera son histoire. «Je n'ai pas levé la main sur elle», nous dit la femme d'entrée de jeu. Oui mais a-t-elle seulement levé le doigt pour lui venir en aide? La liste n'est rien de moins qu'une nouvelle forme de dramaturgie. Un texte qui se situe au carrefour du soliloque romanesque, du journal intime, du monologue théâtral, et de la liste d'épicerie.

Sur mon calepin.
Sur ma liste des tâches urgentes.
J’ai écrit en haut de la page.
Ressusciter Caroline.

Jennifer Tremblay est lauréate du Prix du Gouverneur général 2008 en théâtre pour La liste.

les mardis à 19 h
du mercredi au samedi à 20 h
le dimanche 15 novembre à 15 h
Rencontre avec l’équipe de production
à l’issue de la représentation du mercredi 20 janvier
Les Curiosités de Jennifer Tremblay
à l’issue de la représentation du mardi 26 janvier

assistance à la mise en scène et régie : Stéphanie Capistran-Lalonde
dramaturgie : Charlotte Farcet
décor : Jasmine Catudal
costumes : Isabelle Larivière
éclairages : Claude Cournoyer
environnement sonore : Nancy Tobin

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Création Théâtre d’Aujourd’hui

Théâtre d'Aujourd'hui
3900, rue Saint-Denis
Billetterie : 514-282-3900

par Olivier Dumas


Crédit photo : Valérie Remise

L’affiche de La liste présageait une soirée mémorable. Le texte de Jennifer Tremblay, une jeune auteure prometteuse, a remporté en 2008 le Prix du Gouverneur général en théâtre. Comédienne intense, Sylvie Drapeau parvient à chacune de ses prestations à émouvoir même les spectateurs les plus récalcitrants. Les attentes étaient-elles trop grandes, voire démesurées, avant d’entrer au Théâtre d’Aujourd’hui? Malgré une mise en scène un tantinet décevante et un certain ennui devant un récit figé, La Liste s’écoute et se regarde avec recueillement et intérêt.

Tragédie de la cruauté qui se déroule dans un milieu ordinaire, l’histoire de 75 minutes se situe uniquement dans une banale cuisine de campagne. Dès le lever du rideau, le drame est installé. Une femme, mère au foyer, se trouve sous le choc de la mort d’une amie. Aucune autre action, et peu de déplacements ne viennent déranger l’attention du texte qui tient autant du journal intime, du monologue théâtral que de la « liste d'épicerie ».

Jennifer Tremblay se distingue des autres dramaturges québécois par son habileté à suggérer plusieurs sentiments à l’aide d’un vocabulaire très simple, presque scolaire. Un seul personnage issu d’un milieu rural, sans envolées lyriques ou de catharsis, mais une écriture qui réussit à faire remuer des peurs et des angoisses souterraines, effroyables par moment.

Interprète du solo, Sylvie Drapeau s’avère l’actrice parfaite pour un rôle aussi exigeant. Pourtant, il faut un certain temps à adhérer à sa proposition, mélange de froideur, de déchirure, avec un ton plus près de l’incantation que du réalisme implacable de la situation. Pourtant, au fil de la représentation, elle parvient à se réchauffer pour véritablement embarquer le public. Après avoir incarné la Blanche Dubois d’Un tramway nommé désir dans la relecture d’Alexandre Marine l’automne dernier, elle atteint ici de nouveaux sommets. Fait rare, chaque mot et chaque silence sont d’une remarquable clarté, sans fioriture, sans excès ou maniérisme souvent tentant dans ce genre d’exercice.


Crédit photo : Valérie Remise

De production en production, Marie-Thérèse Fortin démontre une réelle habileté dans la direction d’acteurs. Ici, elle a su mettre en valeur le climat d’une angoisse en sourdine avec doigté, grâce à la présence de Sylvie Drapeau. Par contre, le bât blesse dans les choix scénographiques à priori évocateurs, mais qui se révèlent à la longue être plutôt distrayants et souvent discutables. Des pommes pour représenter la maternité, broyées pour symboliser la mort, une voiture verte pour le départ du mari pour le travail ; tant de détails et de représentations graphiques qui n’ajoutent que bien peu de choses à la compréhension du propos. Le désir de rendre plus concrète la tension aurait mérité plus de retenue que de surenchère. Peut-être qu’une présence musicale (peu exploité par la mise en scène) aurait mieux traduit cet effet d’aliénation par des compositeurs de musique répétitive comme Steve Reich ou Arvo Pärt.

La liste s’adresse surtout à un public averti. En effet, le ton peut rebuter plusieurs néophytes par son dépouillement et sa monotonie. Pour les autres, la lenteur d’une histoire sans véritable progression dramatique (voulue par les créateurs du spectacle) entraîne quelques élans de fatigue, surtout dans le dernier quart d’heure de la soirée. On sort du Théâtre d’Aujourd’hui avec l’impression que le texte, si valable soit-il, est probablement davantage un plaisir de lecture qu’une expérience théâtrale transcendante.

16-01-2010

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