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Du 4 au 29 septembre 2007

Je suis d'un would be pays

Texte de François Godin
Mise en scène de Gervais Gaudreault
Avec Serge Dupire

Il est Canadien, né William Dubé. Mais il travaille comme contrôleur dans les trains en Europe sous le nom de Richard Dubé, né en France. Ajoutons qu’il ne se défait pas d’un passeport allemand au nom de Wilhelm Stouffer, qu’il tient aussi pour sien. William est fait de ces identités multiples ; mais le voici mêlé à une enquête policière qui lui fait craindre, plus que jamais, la fin de ce jeu qui lui est devenu essentiel.

Assistance à la mise en scène : Stéphanie Capistran-Lalonde
Assistance à la scénographie, costumes et accessoires : Stéphane Longpré
Éclairages : Dominique Gagnon

Une création du Théâtre d'Aujourd'hui

Théâtre d'Aujourd'hui, salle principale
3900, rue Saint-Denis
Billetterie : 514-282-3900

 

 

par David Lefebvre

Un jour je vais sauter sur un train...

Comme un train au long cours, le comédien québécois exilé en France, Serge Dupire, est de retour sur les planches de son Québec natal, après 20 ans d’absence. Surtout connu pour ses rôles au grand comme au petit écran, il défend, au Théâtre d’Aujourd’hui, jusqu’au 29 septembre 2007, le texte de François Godin, Je suis d’un would be pays. Ce texte a été, en 2005, lauréat de la Prime à la création du Fonds Gratien-Gélinas du Centre des auteurs dramatiques.

Récit au discours politique métaphorique, Je suis d’un would be pays est un texte sur la quête d'identité d'un personnage ambigu, contradictoire, et ce à tous les niveaux. Une identité qui lui échappe, jusqu’à percevoir son visage comme effacé. Changeant son prénom dont il a honte (passant de William à Richard), il se crée une nouvelle vie en Europe, habitant les hôtels, travaillant dans les trains. Citoyen du monde, l'homme clinique, aux identités de peu de profondeur par manque de vécu, est perpétuellement à côté de la voie de sa propre existence; il regarde passer le train, mais, en même temps, il est dans un des wagons, à ratisser le continent européen au complet. Tout est de passage : ses amours, ses amis, sa réalité. Scénario plutôt intellectuel, le tout reste pourtant anecdotique, superficiel, comme un roman de gare. On sent qu'une réflexion est en branle, mais les questions restent pour la plupart sans réponse.

La mise en scène de Gervais Gaudreault propose cet homme perdu sans l'être, seul en scène, dévoilé par un éclairage blafard, rappelant celui des véhicules de passage, qui change de teinte selon les nombreux flashbacks. Le plateau sur lequel prend place Dupire, très haut, est rotatif; c'est cette petite scène, sur scène, qui permet le plus souvent les mouvements les plus radicaux. Il bouge en tout sens, sur 360 degrés, et s'incline d'un côté comme de l'autre.

Le ton, souvent littéraire, dans le sens général du terme, est celui de la confidence. Narrateur actif, Serge Dupire emprunte avec un certain brio les accents européens et québécois. Son jeu est calme, placide. Il arrive tout de même à animer un peu ce texte intérieur, sans pourtant nous rendre le personnage sincèrement sympathique ou attachant. Il est de ceux avec qui on entretiendrait une conversation, puis qu'on oublierait.

Fuite, surtout de soi, recherche d'une identité propre, sentiment d'être étranger mais aussi d'être membre du village global, Je suis d’un would be pays de Godin, aux tendances schizophréniques, est un transit perpétuel entre deux gares, deux sujets, deux destinations différentes. Comme les questions sans réponse, les routes sont nombreuses, le voyage, autistique; on ne fait qu’effleurer les parcours, on ignore les frontières intérieures et extérieures, et l'arrivée s’avoue incertaine. Aux amateurs du genre, si les voyages en train ne vous rebutent pas.

08-09-2007