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Du 1er au 19 avril 2008

C.H.S.

Texte et mise en scène de Christian Laporte
Avec Sylvio-Manuel Arriola, Maryse Lapierre

La recherche se porte vers un lieu de rencontre entre la science, l’art et la foi. La combustion humaine spontanée (C.H.S) s’est révélée, au fil de l’écriture, comme le thème central de cet objet. Dans notre société où la science, souvent portée en religion, prétend répondre à toutes nos questions existentielles ou autres, la combustion spontanée reste l’objet obscur par excellence.

Les symboliques du feu, des cendres, de la mort après la vie, de l’inexplicable, font du sujet un incontournable. C.H.S. est ce voyage extrême, obscur et abstrait au coeur de la combustion, métaphore première de la vie qui se consume par notre simple souffle.

Assistance à la mise en scène : Adèle Saint-Amand
Scénographie : Jean-François Labbé
Éclairages : Martin Sirois
Projections : Lionel Arnould
Musique : Mathieu Campagna

Une création du Théâtre Péril

Périscope
2, rue Crémazie Est
Billetterie :418-529-2183

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Dates antérieures

Du 9 au 27 octobre 2007 - Th. d'Aujourd'hui

 

para Sara Fauteux

La pièce CHS (Combustion Humaine Spontanée), très remarquée lors de son passage au Festival TransAmériques en mai dernier, reprend l'affiche à Montréal, cet automne, au Théâtre d'Aujourd'hui. Produite par Le Théâtre Péril, écrite et mise en scène par Christian Lapointe et créée par le Collectif Cinaps, CHS explore ce phénomène mystérieux et encore inexpliqué à travers l'histoire d'un homme qui projette de s'immoler. Celui-ci finira bel et bien brûlé, mais sans avoir craqué d'allumette. Il nous livre sa douleur de vivre et sa solitude, de son divan à moitié carbonisé. Au-dessus de lui, perchée à la fenêtre, une jeune femme nous parle de cet homme et tient lieu de témoin à son désespoir. À sa gauche, un scientifique nous expose les différentes théories sur la combustion humaine spontanée. Tout au long de la pièce, l'immobilité et la noirceur des personnages s'opposent à la lumière et au mouvement du feu qu'ils évoquent.

Les acteurs habitent effectivement la scène comme un tableau. Pratiquement immobiles tout au long de la pièce, seules leurs voix s'entrecroisent parfois au milieu des différents effets visuels et sonores. Le travail des artisans du Collectif Cinaps, qui ont élaboré les projections, la musique et les éclairages, porte littéralement le spectacle. Au niveau de la mise en scène et de la scénographie (Jean-François Labbé), l'effet est très réussi. Chaque personnage occupe son lieu propre. Isolés dans l'espace, ils interagissent rarement et jamais directement. Alors que le scientifique expose les différents éléments théoriques, les formules se déploient sur un tableau virtuel donnant l'impression au spectateur d'assister à un cours. Le discours de l'homme est ponctué de projections diverses : rappels de faits sur la combustion humaine, photos, gros plans du visage de l'homme... Ces images et paroles sont reproduites sur une petite télé où l’écran se brouille constamment. Les jeux de lumière (Martin Sirois) et les effets sonores (Mathieu Campagna) contribuent également à l'ambiance particulière et savamment calculée : l'amalgame de ces différents effets constitue un ensemble, un tout, qui habite la scène de façon très réussie.

La surenchère de ces effets traduit la volonté des créateurs de produire un effet de distanciation du sujet, une désensibilisation qui veut, sans doute, dénoncer le cynisme de nos sociétés. Le jeu des acteurs contribue également à créer cette distance, cette froideur. La femme parle d'une voix claire et vide, le scientifique déploie ses théories de la voix mi-neutre, mi-enthousiasmée du savant intrigué et l’homme s’exprime dans un rythme fragmenté, près du gouffre. Si cette façon de jouer est certes intrigante au début, tout comme le sont les différents effets, rapidement, tout cela ne semble plus être au service d'aucun propos. Le discours sur la société d'isolement dans laquelle nous vivons, sur le vide de nos existences, n'atteint pas la cible parce qu'il n'est qu'effleuré. En se situant entre le drame, le documentaire et l'installation audiovisuelle, la pièce perd en profondeur et plusieurs idées intéressantes sont trop brièvement exploitées, comme celle du cours théorique, donné par le scientifique, mais aussi les moments qui nous transportent dans un épisode de Crime Scene en rappelant des cas de CHS encore inexpliqués. Si le spectateur est laissé seul à lui-même devant ce mélange des styles et devant la position statique des acteurs, heureusement, le mouvement que créent les projections soutient son attention et lui offre des prises pour pénétrer dans l'univers de la pièce.

Acclamée par la critique lors de son dernier passage à Montréal, peut-être cette pièce ne pouvait-elle que nous décevoir, du moins un peu. Car si elle possède effectivement de grandes qualités, comme de remettre en question certains principes de la représentation telle que nous la connaissons, elle ne possède pas tous les attributs pour porter cette remise en question. Malgré son esthétisme, le texte n'explore qu'en surface les sujets qu'il aborde laissant le spectateur un peu sur sa faim et incertain quant au propos de la pièce.

15-10-2007