Mon(Theatre).qc.ca, votre site de théâtre
Radi
Du 23 au 27 octobre 2018, mardi au samedi 20h, sauf le samedi 27 octobre : 15h

Radi : Si c’était à refaire, je serais née garçon. J’aurais un bicycle à trois roues, un poney, un ballon rouge, des robes Shirley Temple… pis je serais un garçon !

Radegonde : Un garçon avec des robes Shirley Temple ? Tu veux vraiment toutte, toi !

Née au Nouveau-Brunswick dans un petit village francophone, Radi a 9 ans à l’aube de la Deuxième Guerre mondiale. C’est la période de sa vie où se forge son identité d’auteure, de femme libre et de francophone qui choisit de défendre ses racines.

La jeune Radi côtoie Radegonde, son moi futur. Radegonde transmet ses expériences et ses conseils à une Radi fougueuse et têtue qui lui fait part de ses rêves, de ses envies, de ses colères. Toutes deux cherchent les réponses aux mêmes questions : d’où est-ce que je viens ? Où vais-je ? Comment faire pour ne pas être oublié en tant qu’être humain, en tant que peuple ?

Radi : J’sus qui moi, papa ?

Papa : T’es encore Radi, pour autant que je sache.

Radi : Mais… je suis ni Française, ni Anglaise, ni Québécoise ni rien entoutte. Qui c’est que j’sus, d’abord ?!

Papa : T’es Acadienne, Radi.

Radi : L’Acadie, c’est pas un vrai pays.

Papa : Où t’as pris ça ?

Radi : C’est la maîtresse qui le dit !

Radi porte la parole d’Antonine Maillet, auteure de renommée internationale qui s’est battue, et se bat encore, pour la reconnaissance du français comme langue vivante partout au Canada.


Texte Geneviève Tremblay, d'après la vie et l'oeuvre d'Antonine Maillet
Mise en scène Patrick Ouellet et Geneviève Tremblay
Avec Isabelle Bartkowiak, Ludger Beaulieu, Bianca Richard


Crédits supplémentaires et autres informations

Conception Vano Hotton, Patrick Ouellet, Katia Talbot, Geneviève Tremblay

Durée : environ 1h20

TARIFS

Prix du billet à l'unité - frais de service inclus

Prix courant : 28 $ 
30 ans et moins : 21 $  
60 ans et plus : 24 $  

Groupe (12 personnes et plus) :

18 $

Présenté en collaboration avec Québec en toutes lettres

Une production Campe


______________________________________
Critique disponible
            
Critique





Crédit photos : Cath Langlois Photographe

Aller voir Radi, à Premier Acte, c’est faire la connaissance d’une jeune fille bien dégourdie, presque en avance sur son époque, rappelant une petite rouquine de la province voisine. C’est s’imprégner de la si belle culture acadienne, tout aussi fragile que résiliente. Mais c’est surtout se plonger dans la vie et l’imaginaire d’Antonine Maillet, dont Radi est l’alter ego depuis son apparition dans On a mangé la dune en 1962.

Radegonde, dit Radi, a 9 ans en cette année 1938. Une année charnière, puisque la jeune fille  fera le pont entre son passé et ses origines, son présent, et son avenir, grâce à une vieille femme – elle-même – qui la visite pour lui parler de son destin et de « l’envers des choses ». Radi refuse qu’on la mène en bateau ; elle est fière et déplace beaucoup d’air. Dans un monde où les femmes n’ont que trois choix, soit se marier, être vieille fille ou entrer au couvent, Radi opte pour une quatrième option qu’elle devra inventer. Elle s’ouvre aux autres, dont à Katchou, une « nécessiteuse » qui vient « d’l’autre bord d’la track ». Elle visite souvent la vielle Ozine, la centenaire qui se berce doucement, et participe aux activités paroissiales organisées par Ti-Louis, l’artiste du village. Un an passe ainsi : les cours se terminent, l’été passe ; son père tombe malade et ne peut plus travailler au magasin général et la guerre se prépare en Europe. La destinée de Radi se précise alors qu’elle lutte à son école pour pouvoir écrire en français : elle deviendra écrivaine, et va « recréer le monde avec un crayon et du papier ».

Sous la plume de Geneviève Tremblay, la pièce Radi est un véritable hommage à la jeunesse et aux écrits de cette immense autrice acadienne ; on sent tout l’amour qu’elle porte à l’univers d’Antonine Maillet. D’ailleurs, l’autrice ne tombe pas dans le piège de «l’hyperadaptation» : elle conserve les nombreuses expressions et mots purement acadiens sans les expliquer outre mesure, faisant ainsi confiance à l’intelligence et à la curiosité du public.

C’est Patrick Ouellet (qu’on a pu voir récemment dans CHSLD, Mme G et Le songe d’une nuit d’été) qui cosigne avec elle la mise en scène. Le choix de la marionnette comme outil principal de jeu est fort judicieux, faisant ainsi vivre une panoplie de personnages dans un espace plutôt restreint, en plus de permettre de manipuler le fil du temps et de la narration. Les concepteurs se sont beaucoup amusés avec les proportions des marionnettes : alors que certaines sont toutes petites (à peine quelques centimètres), d’autres sont à l’échelle humaine, mais la plupart, essentiellement les enfants, mesurent environ 50 centimètres, parfaitement visibles de partout dans la salle. Les trois marionnettistes, Isabelle Bartkowiak, Ludger Beaulieu et Bianca Richard, travaillant à vue, s’en tirent fort bien. Tous trois diplômés de l’Université de Moncton en art dramatique, leur jeu et leurs origines donnent une superbe couleur typique aux personnages, particulièrement Bianca Richard, originaire de Notre-Dame de Kent, qui ne gomme absolument pas son accent et procure à sa Radi une magnifique authenticité.

Les manipulateurs travaillent dans un décor de bois conçu par Vano Hotton. En arrière-plan, un castelet par lequel on peut voir, comme dans une fenêtre, la vie familiale de Radi. Puis, à l’avant-scène, une petite plateforme avec quelques ouvertures sur le dessus et autour pour permettre de faire apparaître ou disparaître plusieurs accessoires. Et grâce à une ou des trappes sous le castelet, cachées par la plateforme, les comédiens peuvent passer d’un espace à l’autre relativement aisément, sans être vus.

Le style un brin vieillot, sans véritable innovation, ainsi que la durée (80 minutes, pour une pièce familiale) et certaines longueurs dans le scénario pourraient nuire à l’appréciation générale de la pièce par certains spectateurs. Mais comme le dit si bien Ozine, il faut aussi voir l’envers des choses : le style et la longueur permettent de bien saisir tous les enjeux de l’époque, et ce, en prenant le temps de plonger le spectateur dans cet univers singulier. Par contre, le tout reste un brin hermétique ; par exemple, la baie et sa plage n’apparaissent sous aucune forme, bien qu’elles soient souvent au cœur des discussions, devenant ainsi étrangement un endroit de rêve, inaccessibles.

L’entre-deux-guerres, la crise économique, le combat quotidien pour la langue, la condition féminine, Radi aborde tous ces thèmes, mais c’est celui de la résistance qui résonne fortement, montrant cette jeune fille, libre et forte, décider du reste de sa vie, qu’elle vouera à la défense du souvenir de ses ancêtres, pour s’assurer qu’ils ne disparaissent pas.

La pièce est présentée en collaboration avec le festival Québec en toutes lettres, vous pourrez d'ailleurs prendre le thé avec Antonine Maillet le jeudi 25 octobre à 16h à la Maison de la littérature, une occasion qu'il ne faudrait pas rater !

22-10-2018
 

Premier Acte
870, de Salaberry
Billetterie : 418-694-9656
ou lepointdevente.com
Youtube Facebook Twitter Instagram