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La fille qui s'promène avec une hache
Du 6 au 24 novembre 2018, mardi au samedi 20h, sauf le samedi 24 novembre : 15h

Le village de Malenfants, c’est une cour d’école à l’asphalte fissuré et gorgé d’herbes longues, la station d'essence à l’allure abandonnée, le pit de sable à Potvin, la cour à scrap, la « quincaillerie-pharmacie-dépanneur » familiale et la mythique station radar.

C’est une petite communauté qui nourrit ses croyances et ses certitudes et qui, surtout, se méfie de l’inconnu ; où des jeunes ne sont voués qu’à devenir comme leurs parents, sans se poser de questions.

Cindy-Lou, dite la « Squaw », nourrit les mythes les plus glauques du village. C’est pourtant celle qui refuse cet avenir prédéfini : finir comme sa mère, disparue et ignorée.

Aux lendemains des événements du 11 septembre 2001, elle verra dans la possibilité de s’enrôler une porte de sortie à cette paralysie, à cette ignorance entretenue par tous. LA FILLE QUI S’PROMÈNE AVEC UNE HACHE, c’est celle qui ramassera ce qu’il lui reste de courage et d’espoir et fera tout ce qu’elle peut pour crisser son camp.


Texte Léa Aubin et Gabriel Cloutier Tremblay
Mise en scène Gabriel Cloutier Tremblay
Avec Olivier Arteau, Léa Aubin, Ariane Bellavance-Fafard, Étienne La Frenière, Vincent Legault, Marianne Marceau, Monika Pilon, Dayne Simard


Crédits supplémentaires et autres informations

Assistance à la mise en scène Shanya Lachance Pruneau
Direction de production Anne Plamondon
Conception Gabriel Cloutier Tremblay, Keven Dubois, Cécile Lefebvre, Vincent Roy

Durée : environ 1h50

TARIFS

Prix du billet à l'unité - frais de service inclus

Prix courant : 28 $ 
30 ans et moins : 21 $  
60 ans et plus : 24 $  

Groupe (12 personnes et plus) :

18 $

Une production Kill Ta Peur


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Critique disponible
            
Critique





Crédit photos : Cath Langlois Photographe

Au village de Malenfants, une dénommée Cindy Lou se promène avec une hache. Sa mère disparue, son père reclus, elle est devenue le sujet principal des moqueries et des ragots de la petite communauté. Les jeunes la méprisent, bien qu’ils en aient peur. Ils l’appellent la « squaw », cette métisse « weird » toujours seule en forêt. Seul Francis, le plus courageux d’entre tous, l’approchera. D’abord, pour relever un défi, puis il reviendra par affection. Cindy Lou craint de finir comme sa mère, oubliée. Elle décide de s’enrôler dans l’armée pour se libérer des modèles sociaux néfastes de Malenfants. Francis va l’aider dans ses plans d’exil, malgré tous les dangers que ça implique. La production de Kill Ta Peur (Léa Aubin et Gabriel Cloutier Tremblay) épate par son unicité, son poignant récit et sa vibrante ambiance musicale, composée par Vincent Roy.

Le spectateur est accueilli dans un univers « trash » sur une musique punk-rock ; le décor élaboré rappelle une « cour à scrap » en forêt, dont l’aspect sinistre et glauque est accentué par les forts jeux d’ombres et l’oppressant éclairage rouge. De grandes toiles lacérées et couvertes de graffitis ajoutent un caractère anarchique à la scénographie. Les comédiens sont sur scène, incarnant déjà leurs personnages d’enfants, ils dansent, se bousculent et rigolent ; ils font la fête dans leurs habits trop grands.

La production de Kill Ta Peur (Léa Aubin et Gabriel Cloutier Tremblay) épate par son unicité, son poignant récit et sa vibrante ambiance musicale, composée par Vincent Roy.

La mise en scène se montre particulièrement développée ; entre autres, elle allie théâtre et cinématographie (projection d’un générique, des noms de lieux et de certains dialogues), elle présente diverses chorégraphies et effets de groupe très réussis, ainsi qu’un bel usage des décors, costumes et lumières. Les personnages sont eux-mêmes inspirés par le septième art. Ils s’amusent à produire des reportages mettant en vedette leur « journaliste » conspirationniste Sandra Ouellette (Ariane Bellavance-Fafard). Les images qu’ils filment sont transmises en direct en projection sur le mur du fond de la salle. Cette exploration visuelle s’est déjà vue au théâtre, mais elle apparaît d’autant plus intéressante, car elle se fait dans un esprit enfantin, c’est-à-dire avec des plans mal cadrés et des lampes de poche comme micros.

On découvre une jeunesse troublée dans ces personnages à la fois comiques et dramatiques qu’interprètent avec justesse et expressivité les comédiens. Leur mal-être se reflète dans leur consommation frénétique d’alcool et de drogues au « pit de sable », leurs comportements violents, leurs paroles vulgaires, et, finalement, dans leur incapacité à exprimer de l’affection autrement qu’en parlant de sexe. Le texte de Léa Aubin et Gabriel Cloutier Tremblay fait preuve d’une remarquable intelligence ; les auteurs sont parvenus à faire état d’enjeux cruciaux de notre siècle avec finesse. La fille qui s’promène avec une hache fait ressortir l’impact de l’éducation, autant scolaire (avec la professeure Lynda) que parentale ; les enfants de la pièce se développent avec les préjugés véhiculés par ces figures d’autorité. La pièce critique le racisme et la chasse aux terroristes et l’aliénation qui a suivi le drame du 11 septembre 2001. Elle montre les mêmes procédés sociaux à l’échelle d’une petite communauté ; Cindy Lou devient le bouc émissaire du village de Malenfants. L’œuvre se fait aussi une réflexion sur la déresponsabilisation sociale liée au suicide, sur l’oubli de nos racines et la pression de se sentir utile au 21e siècle. Un théâtre touchant et puissant qui se permet d’explorer la beauté poétique du parler québécois populaire,  par le biais de métaphores enfantines.

09-11-2018


 

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