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Du 14 au 25 mars 2017, 20h, dernier samedi 15h
Trafiquée
Texte Emma Haché
Mise en scène Marie-Ève Chabot-Lortie
Avec Catherine Côté, Myriam Brousseau et Ève Rousseau-Cyr

Elle n’a pas de nom. À quatorze ans, elle part à la recherche de liberté et de respect. On lui a promis un métier, l’autonomie. Malheureusement, ça ne s’est pas passé comme ça.

En plein après-midi, dans un stationnement de Montréal, elle est vendue avec cinq autres filles et est forcée de se prostituer. Aujourd’hui condamnée et emprisonnée pour meurtre, elle nous fait le récit de ce qui l’a menée à accomplir cet acte de survie.

Par une succession de tableaux, entre l’interrogatoire et les souvenirs du passé, elle retrace le parcours qui l’a conduite dans ce piège et nous raconte l’horreur de son quotidien, l’échec de son enfance et la couleur de ses rêves…

Avec une écriture percutante et mature, Emma Haché nous l ivre une oeuvre sensible, bouleversante, qui lève le voile sur une réalité dérangeante. 

Les Gorgones présentent ce texte fort dans l’espoir de dénoncer sans moraliser. Et dans l’espoir, surtout, de frapper et de toucher notre humanité collective si fragile. Un spectacle organique, libre de préjugés et de faux-semblants. Un monologue riche et dynamique, un récit profond, nécessaire, porté par le mouvement, le souffle et la lumière. Car après tout, « il faut vivre. À tout prix ».


Section vidéo


Direction de production : Laurence Croteau-Langevin
Chorégraphe : Maryse Damecour
Conception : Sonia Pagé, Luc Vallée, Vincent Roy, Jean-Philippe Côté
Photographie : Éric Leblanc

Prix courant : 27 $
30 ans et moins - aînés : 21 $
Groupe (15 personnes et plus): 17 $
4 billets : 80 $
6 billets : 100 $
8 billets : 120 $

Une production Les Gorgones


Premier Acte
870, de Salaberry
Billetterie : Réseau Billetech 418-694-9656
ou lepointdevente.com
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Critique

Crédit photo : Cath Langlois Photographe

Avec Trafiquée, le collectif Les Gorgones s’attaque à une triste réalité qui a défrayé la manchette à plusieurs reprises au cours des dernières années : le trafic de femmes, pour ne pas dire le trafic d’enfants. Enlevée dans un stationnement en plein jour alors qu’elle n’a que 14 ans, la protagoniste principale nous livre sa douloureuse histoire, dans un monologue que l’on devine être un côté d’un interrogatoire.

Le jeune collectif joue d’audace, et marque plusieurs bons coups en traitant d’un sujet excessivement difficile. Parmi ceux-ci, on peut mentionner d’entrée de jeu la scénographie de Sonia Pagé : se passant d’explication, elle se constitue d’une accumulation de sommiers et de bases de lits en mauvais état qui créent une ambiance glauque et sordide. C’est très efficace, et cela sert d’écrin à des passages dansés très doux, des chorégraphies de Maryse Damecour avec Eve Rousseau-Cyr à l’interprétation – la séquence où elle ondule doucement, à demi-nue, dos au public, est l’une des plus réussies du spectacle. La danse vient suggérer et élever la qualité du texte à plusieurs occasions, lorsqu’elle ne se perd pas à souligner crûment les sévices endurés par la protagoniste.

On ne peut passer sous silence la lourde tâche de Catherine Côté, qui livre à elle seule l’intégralité du texte – c’est une livraison toute en retenue qu’elle nous offre, juste, pour la plupart du temps ; assurément un défi de taille pour une comédienne toute juste diplômée du Conservatoire d’art dramatique de Québec en 2015.

Les efforts du collectif se heurtent toutefois au texte d’Emma Haché, qui se veut à la fois poétique et cru – les deux pôles se heurtent et s’entrechoquent, sans se marier suffisamment pour réellement créer l’émotion. On a parfois l’impression que l’auteure prend plaisir à asséner des scènes crues au spectateur, pour le plaisir de choquer, mais sans aller tout à fait au bout de l’horreur. On pense en fait à certaines pièces de Wajdi Mouawad où les abus sexuels sont tellement lancés à répétition au visage du spectateur qu’on ne s’en choque plus tellement on les attend. Les passages où on ressent le plus le désarroi de la protagoniste sont ceux où des mots tout simples sont répétés, encore et encore, pour convaincre et se convaincre : « Je vais bien. Ça va bien. Tout va bien. Je vous assure, je vais bien ».

Il faut aussi mentionner un autre obstacle : le mot de bienvenu préenregistré qui nous rappelle les instructions d’usage et la campagne de financement en cours alors que les interprètes sont sur scène depuis l’entrée en salle des spectateurs, avec trame sonore à l’appui, créant dès ce moment l’atmosphère de la pièce, que le mot protocolaire vient casser. Il doit y avoir une autre façon de donner ces informations nécessaires au public sans causer de rupture chirurgicale avec le rythme installé.

16-03-2017