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Du 25 septembre au 12 octobre 2012 à 20h, et le dernier samedi, 13 octobre à 15h
Jusqu'à la lieJusqu'à la lie
Texte et mise en scène Amélie Bergeron
Avec Sophie Thibeault et Denis Marchand

Pour chacun d’entre nous, il y a cette chose qu’on désire ardemment, qu’on souhaite avoir plus que toute autre et pour laquelle on serait prêt à tout donner, à tout abandonner. Cette chose qui influence nos vies, nos choix. Qui nous anime d’un désir si intense qu’il devient vital de le satisfaire. Qu’importe le prix. Qu’importe l’autre.

Un bar de quartier, un soir de tempête. Marie s’apprête à fermer quand un homme entre se réfugier. Il n’est pas là par hasard. Trempé, il se laisse servir un café. Sympathique, il l’amène à parler d’elle, puis elle de lui, mais rapidement la conversation dérape et les entraîne tous les deux à la croisée de leurs chemins, à ce point de non-retour où il faut tout jouer pour ne pas tout perdre.

Ils ne sont pas étrangers l’un à l’autre.

Sans le connaître, Marie le reconnaît, mais ne lui en dit rien. Pas tout de suite. Elle lui en veut. Elle ne veut pas de lui. S’il pouvait n’être jamais venu. S’il pouvait partir pour ne plus revenir.

Gérard est en quête et Marie est son Eldorado. Il a longtemps espéré ce moment. Il n’a plus rien à perdre qu’elle.


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Environnement sonore : Michel G. Côté
Conception éclairages : Mathieu C.Bernard
Conception décors et costumes : Amélie Bergeron

Tarif : 24 $ (courant), 18 $ (étudiant) et 14 $ (groupe) + frais de service

27 septembre - causerie après le spectacle, discussion entre les créateurs et le public, en compagnie d'Anik Laplante, secrétaire de la Commission spéciale sur la question de mourir dans la dignité créée en 2009

Une production Les Brutes de décoffrage


Premier Acte.
870, de Salaberry
Billetterie : Réseau Billetech 418-694-9656

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 Critique
Critique

par Nadia Gosselin

C’est dans le décor bien sobre d’un petit bar de village que se déroulent les événements : un comptoir de service en bois, quelques tables où traînent encore les bouteilles vides des derniers clients, et quelques chaises qui gravitent autour. Gérard entre juste un peu avant la fermeture. Il prend place à une table, et Marie, la propriétaire, lui sert d’abord un café, ensuite une bière.

C’est une rencontre qui n’est pas due au hasard. Tout comme dehors, une tempête se prépare sans en avoir l’air. Puis… elle éclate, inéluctablement. Des éclairs qui lézardent les cœurs, des bourrasques qui déconcertent, des larmes qui ne peuvent se contenir; l’orage du dedans est semblable à celui qui sévit dehors. Près de trente années se sont écoulées ; ils se connaissent et se reconnaissent sans pourtant se le dire. Certes, leur lien filial se laisse aisément deviner, et l’histoire s’avère relativement prévisible, mais peu importe, c’est leur drame que l’on veut connaître. On veut savoir pourquoi, on veut savoir comment.

Derrière les propos légers, les silences se terrent et se font lourds de sens. Les petits mensonges apparaissent peu à peu dans l’espoir de camoufler les grandes vérités. Marie s’irrite, se fâche ; elle est comme un fauve que l’on a pris au piège. Mais derrière son agitation, sa rage exacerbée, elle cache un grand secret. Comment mettre des mots sur ce qui est arrivé à Murielle? Gérard, de son côté, a l’air doux comme un agneau, mais il peut exploser plus fort encore que l’orage qui grondait plus tôt et avait résonné en nous comme un tambour.

Extrêmement crédible dans sa candeur comme dans sa colère, touchant, sincère, Denis Marchand  livre une performance exceptionnelle dans le rôle de Gérard qu’il rend avec un si grand naturel qu’on en vient à oublier qu’il s’agit d’un rôle. On se laisse porter, on ne discerne plus le comédien ou la scène, tout autour se dissipe, et on ne voit plus qu’un homme et sa douleur refoulée. Ses moindres gestes traduisent son embarras, et chacun de ses silences nous parle plus encore que ses répliques elles-mêmes. Le texte est porté par la justesse étonnante de son interprétation. De son côté, Sophie Thibeault incarne une Marie aux répliques et aux conduites qui s’avèrent moins naturelles. Les propos acerbes qu’elle adresse à Gérard nous semblent presque trop hargneux pour être vraisemblables, et le ton paraît parfois un peu emprunté, trop théâtral, en comparaison de celui si convaincant de son interlocuteur. Un peu de nuance et d’apparence de spontanéité dans le jeu auraient sans doute contribué ici à rendre le personnage plus authentique, et par conséquent plus attendrissant.

Malgré cela, il convient de dire que la compagnie Les Brutes de décoffrage nous présente ici une première pièce qui n’est pas sans provoquer quelques émois chez le spectateur. On en ressort avec un sanglot de compassion coincé dans la gorge.

26-09-2012