MonTheatre.qc.ca, votre site de théâtre
Du 21 septembre au 9 octobre 2010
FanfareLa fanfare
Mise en scène Lucien Ratio et les interprètes
Avec Sophie Thibeault, Jeanne Gionet-Lavigne, Thomas Gionet-Lavigne Denis Lamontagne, Lucien Rato. Jonathan Saillant, Charles Bernadet et David Robin 

Un soldat atteint du syndrome de stress post-traumatique rentre chez lui après deux ans passés dans un pays en guerre. Hanté par les horreurs qu'il a vécues là-bas, il s'évade en écrivant des textes de chansons. De retour chez son père, il tente tant bien que mal de se retrouver dans un monde qu'il ne reconnaît plus. Toutefois sa rencontre avec un chanteur et ses musiciens redonnera un nouveau sens à sa vie.

Le Théâtre du temps qui s'arrête vous invite pour sa première création à un cabaret haut en émotions. Accompagné par la prestation live de chansons originales du groupe Décembre en Chute Libre composée spécialement pour le spectacle, suivez l'histoire d' Eugène, une âme perdue qui tente de fuir ses fantômes et cherche dans la musique, une rédemption. Assistez à un combat d'idéaux entre deux générations qui se cherchent encore, entre deux cœurs qui ne peuvent se rejoindre . Oubliez tout ce que vous connaissez et laissez-vous emporter vers des terres lointaines gouvernées par la guerre, où les héros ne sont pas toujours ceux que l'on pense.

Scénographie : Jean-François Labbé
Musique : Décembre en Chute Libre

Carte Premières
Cartes Prem1ères
Date Premières : 24-25 septembre, 1er-2-8 et 9 octobre 2010
Régulier 26$
Carte premières : 13$

Une production Théâtre du temps qui s'arrête

Premier Acte
870, de Salaberry
Billetterie : Réseau Billetech 418-643-8131
Delicious
______________________________________
 Critique
Critique
Imprimer la critique

par Sylvie Isabelle

Sous la thématique Un regard neuf, Premier Acte lance sa programmation 2010-2011 avec La fanfare, première création du Théâtre du temps qui s'arrête. Le fondateur,Lucien Ratio, y réunit ses deux passions : la musique et le théâtre. Avec sa bande d’acolytes de Décembre en chute libre et appuyé de comédiens de talent, Lucien Ratio nous prouve qu’il n’a pas froid aux yeux.

Avec la thématique de saison de Premier Acte et sa vocation à supporter les talents émergents, on s’attendait forcément à sortir de notre zone de confort, et La fanfare s’inscrit parfaitement dans cette optique. Ratio explore le retour au bercail d’Eugène, soldat marqué par la guerre en Afghanistan, et son incapacité à réintégrer le quotidien : la trame narrative s’entrecoupe de performances « live » de Décembre en chute libre. C’est là la première difficulté que s’impose le metteur en scène : les pièces étant résolument rock, elles ne conviendront pas forcément à la moyenne des spectateurs, surtout si l’on en juge par les sursauts spectaculaires qui secouaient la salle dès que les musiciens attaquaient. C’est donc un risque pour la jeune troupe qui devra trouver son créneau.

Ce n’est pas le seul défi que relève Lucien Ratio : la mise en scène alternant entre les prestations musicales et des moments d’une dramatique intensité, le rythme de la pièce s’en retrouve parfois cassé. De plus, tous les musiciens de Décembre en chute libre ne sont pas comédiens : il y a donc une grande inégalité de jeu au sein des comédiens. Et la pièce étant très courte, on a peu de temps pour approfondir les univers des personnages.

Ceci dit, la pièce possède suffisamment de points forts pour passer outre ces obstacles. Tout d’abord, Ratio possède l’extraordinaire qualité de ne pas se prendre au sérieux. Cela lui permet de signer des répliques pleines d’humour et d’autodérision qui rendent chacun des personnages extrêmement attachants. Cela lui permet aussi d’arriver à dépeindre la détresse d’Eugène de façon réaliste, mais sans jugement. Au lieu de s’attaquer à la politique, aux raisons du conflit ou au bien-fondé de la présence militaire en Afghanistan, Ratio constate tout simplement les conséquences que la guerre peut avoir, sans s’élever au rang de détenteur de la vérité.

Par ailleurs, Ratio nous prouve aussi son courage en tenant les silences, sans chercher à remplir les vides inutilement. Cela permet à Denis Lamontagne d’offrir une excellente performance, touchante de vérité : son personnage du père, impuissant devant la détresse de son fils, est le mieux achevé. Thomas Gionet-Lavigne est parfaitement crédible en militaire, jusque dans ses gestes et son attitude. Et Ratio lui-même joue avec tout le naturel désarmant qu’on lui connaît.

Les paroles des pièces musicales sont aussi pleines de signification : malheureusement, la sonorisation de la salle de Premier Acte convient bien mieux à du théâtre qu’à un spectacle rock, et il est souvent difficile de bien entendre les mots. Un moment fort de la pièce se déroule d’ailleurs en chanson, quand Marc, le gérant du magasin de musique, perce petit à petit la réserve d’Eugène en lui faisant chanter quelques bribes d’un grand classique, American Pie, de Don McLean : « Singin’, "this’ll be the day that I die / "this’ll be the day that I die ». Ce moment a capella, tout en douceur, est totalement prenant et émouvant.

C’est donc une première création réussie, mais surtout pleine de promesses pour leurs prochains projets que nous offre le Théâtre du temps qui s'arrête.

26-09-2010

Retour à l'accueil