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Du 15 février au 5 mars 2011
6h30
Texte de Maude Boutet, Marie-Soleil Dion et Jean-Pierre Cloutier d'après les œuvres de Maxime-Olivier Moutier, Isabelle Forest, Julie Gaudet-Beauregard, Jennifer Tremblay, Vincent Madore, Marc-Antoine K. Phaneuf, Sylvie Laliberté et Geneviève Letarte
Mise en scène Jonathan Gagnon
Avec Maude Boutet, Jean-Pierre Cloutier et Marie-Soleil Dion

Trois personnages, trois quotidiens. Une mère de famille comblée mais épuisée, une jeune célibataire effrayée par le monde extérieur et un homme seul aux fantasmes particuliers. Rien d’extraordinaire. Un éloge à la vie quotidienne, à l’ordinaire, à la routine…et au sublime qui s’en dégage.

Dramaturgie Anne-Julie Royer
Conception vidéo Marilyn Laflamme
Scénographie Érika Schmitz
Collaboration spéciale Claire-Alexie Turcot, artiste-sculpteure

Carte Premières
Cartes Prem1ères
Date Premières : 18-19-25-26 février 2011; 4-5 mars 2011
Régulier 26$
Carte premières : 13$

Une création du Projet Un

Premier Acte
870, de Salaberry
Billetterie : Réseau Billetech 418-694-9656
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 Critique
Critique
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par Odré Simard

Josée est une mère monoparentale de trois enfants, angoissée par ses nombreuses listes de tâches quotidiennes. Olivier est un mécanicien qui trompe la banalité de son quotidien par la consommation de pornographie et d’alcool. Kim est une étudiante en sabbatique cloitrée dans son appartement et qui pleure sa douloureuse peine d’amour, effrayée à l’idée d’aller même cueillir son courrier quelques marches plus bas. Trois êtres qui n’ont pas de réels contacts entre eux malgré leurs vies qui se frôlent vu la proximité de leur voisinage. Leur détresse est générée par leur solitude et cela se matérialise dans l’idéalisation de l’amour. Ils noient leurs pensées dans un triangle aveugle et imparfait. Josée rêve ainsi du regard d’Olivier, celui-ci fantasme sur le corps de Kim, sa « belle voisine blonde », et cette dernière attend le retour impossible de son amant allemand. Josée convie alors ses deux voisins à un barbecue en l’honneur de son année sans fumée et cet événement devient pour tous porteur d’espoir de changement et de renouveau.

Pour tout habitué de Premier Acte, il est surprenant de retrouver ce genre de pièce au programme, car on connaît généralement ce lieu de diffusion pour ses pièces qui ont davantage de mordant et de créativité. Oui, le théâtre peut aussi être simplement un miroir du quotidien, mais la mise en scène de Jonathan Gagnon, d’une sobriété presque fade, donne dans le récitatif plutôt que dans la sincérité. Le niveau de langage sonne parfois faux, devenant trop soutenu à l'oral pour le genre de personnages qui nous sont présentés. Il est louable de vouloir transmettre une poésie à travers le quotidien des personnages, mais leurs monologues de type « journal intime » ont tendance à nous éloigner du personnage en chair et en os.

Le texte en lui-même est somme toute très intéressant, car il amène un discours imagé sur un sujet très actuel. Les ruptures, le célibat, la monoparentalité sont tous des états qui nous confrontent à cette perfide solitude qui n’a jamais été aussi présente qu’à notre époque. Les valeurs supportant le couple sont très fragiles ; les personnages parlent d’amour, mais on constate rapidement que tout relève davantage des contacts charnels et de la sexualité. Josée aime le regard d’Olivier, car dans ses yeux elle se sent redevenir femme et non uniquement mère. Olivier voit en Kim les vedettes pornos et les filles de magazines qu’il contemple chaque jour. Il cherche une femme à aimer, mais il fonde son espoir sur le désir physique qu’il a pour une inconnue. Kim, qui semble nous dépeindre l’amour parfait qu’elle partageait avec son Allemand, nous décrit surtout la sensualité et l’intensité de leurs corps qui se rencontraient et finit même par avouer que cet homme agissait en fait avec elle de manière exécrable. 

Si le texte est bien construit, la finale est pourtant à n’y rien comprendre. Les personnages nous dirigent vers une émotion assez intense alors qu’ils se mettent soudainement à déclamer une tirade d’onomatopées et de mots de tout acabit pour révéler leur désarroi. Un comique absurde se dégage de ce moment, mais le spectateur se retrouve alors complètement perdu, ne sachant plus quelle attitude adopter. Est-ce pour symboliser leur incapacité à trouver comment s’exprimer ? Démontrer l’absurdité de la situation? Mais la goutte qui fait déborder le vase, l’incompréhension totale : quelle était l’intention des créateurs derrière la déclamation du rap de l’ancienne émission pour adolescents Watatatow, au moment de cette finale qui se voulait émotionnelle?

Le Projet Un nous fait la promesse, avec 6h30, de nous présenter une ode au sublime du quotidien, il nous laisse plutôt cois devant un spectacle imparfait à la finale regrettable.

21-02-2011

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