Du 21 avril au 2 mai 2009, 20h
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¡ VIVA PINOSHIT !

Texte de Catherine Dorion avec la collaboration des acteurs
Mise en scène d'Olivier Lépine
Avec Sylvio-Manuel Arriola, Gabriel Fournier et Valérie Marquis

« La vérité, c'est qu'on ne sait comment nommer ce qui vous pousse. Quelque chose en vous grandit et détache les amarres, jusqu'au jour où, pas trop sûr de soi, on s'en va pour de bon. Un voyage se passe de motifs. Il ne tarde pas à prouver qu'il se suffit à lui-même. On croit qu'on va faire un voyage, mais bientôt c'est le voyage qui vous fait, ou vous défait.

Le gouvernement du président démocratiquement élu Salvador Allende (socialiste) est renversé par un coup militaire. Celui-ci, planifié par les commandants en chef des trois armées et du chef de la police, est dirigé par le général d'armée Augusto Pinochet. Ce bouleversement a lieu dans un contexte de crise politique, sociale et économique du Chili, caractérisée par une opposition entre le pouvoir exécutif et les pouvoirs législatifs et judiciaires.

Suite au coup d'État, qui coûte la vie à Salvador Allende, la junte militaire prononce la dissolution du Congrès national, des conseils municipaux, des syndicats et des partis politiques. La liberté de presse est abolie, le couvre-feu instauré. Toute littérature de gauche est interdite et les opposants au régime sont arrêtés, torturés ou exécutés.

Selon un rapport de 1991, la dictature aurait fait 2 279 morts et disparus, dont 641 morts « dans des conditions non élucidées » et 957 « détenus disparus ». Près de 150 000 personnes ont été emprisonnées pour des motifs politiques, et dix-neuf l'étaient encore à la fin de 1993. Quelque 27 255 personnes ont été torturées.
Merci à Messieurs Nixon et Kissinger ! À la vôtre, sympathique Pinochet !

Direction de création et direction d’acteurs : Kevin McCoy
Scénographie : Amélie Trépanier

Carte Prem1ère
Régulier : 24$
Abonnés : 12$
Dates Prem1ères : 24, 25 avril et 1er, 2 mai

Une production du Théâtre Les exilés

Premier Acte
870, de Salaberry
Billetterie : Réseau Billetech 418-643-8131

par Odré Simard

!Viva Pinoshit!

Avec un accueil d’une froideur de néon, le public se retrouve face-à-face, séparé par un îlot de tapis gris sur lequel on retrouve en toute simplicité table et chaises de conférence, cafetière et tasses. Avec un titre nous renvoyant au général Pinochet qui fut à la tête du pouvoir au Chili de 1973 à 1990, il était clair que la nouvelle mise en scène d’Olivier Lépine, dernière pièce de la saison de Premier Acte, n’allait pas être une comédie sentimentale.

Nous sommes plutôt conviés à assister en tant que membres passifs à une assemblée générale menée par trois individus en veston, qui nous présentent à leur manière teintée d’humour noir, un petit cours d’histoire sur la politique au Chili. De l’élection enthousiasmante du socialiste Salvador Allende, en passant par les probables implications du gouvernement des États-Unis dans le coup d’état qui fera du général Pinochet le nouveau chef du pays, il nous est présenté jusqu’à la dictature de ce dernier et la répression sanglante qui fit rage au pays. Les acteurs jouent donc sur deux registres, celui des bureaucrates qui dirigent l’assemblée et celui de l’histoire chilienne dont ils se partagent les personnages selon les situations.

La troupe de théâtre Les Exilés ne s’arrête pas aux faits, elle nous propose une réflexion poétisée sur le capitalisme, les droits humains, la torture, les classes dirigeantes et le peuple, la société et même sur la liberté. Le choix d’une histoire découpée en tableaux très clairs dont les titres déclamés sont en fait les points à l’ordre du jour de l’assemblée, laissait carte blanche à l’auteure, Catherine Dorion, afin d’orchestrer adéquatement les points importants au développement de la pièce. La forme sert bien le propos, nous plongeant dans un théâtre mi-documentaire, mi-fictionnel. En parallèle au texte qui est par moment assez lourd,  la mise en scène est agrémentée d’images à la poésie et au ludisme fortement appréciés par le public.

Des petites merveilles d’images simples mais d’une efficacité admirable viennent alléger la densité du texte, que ce soit une canette de Coke renversée sur un personnage ou une automobile miniature comme métaphore du passage du capitalisme américain ou encore des figurines jetées à l’eau représentant les nombreux disparus suite à la répression de Pinochet, soit quelques centaines de personnes que l’on suppose avoir été jetées dans le Pacifique.

Nous sommes confrontés à des faits, à des vérités bouleversantes. La pièce dépasse largement l’histoire du Chili. Un des personnages bureaucrate capitaliste se soulève contre cette supposée liberté économique qui doit nécessairement bafouer les droits de l’homme et il s’adresse à nous, voulant nous voir réagir.  C’est en fait un appel à la vigilance pour tout citoyen, un appel pour une conscientisation envers l’importance de la politique. Il est facile de juger ce discours qui peut paraître moralisateur et déjà vu, mais nous ne pouvons qu’être stupéfaits par l’issue de cette prise de conscience qui ne laisse pas indifférent. Comment joindre l’utile à l’agréable; prenez ce petit cours d’histoire enrobé de ludisme porté par trois acteurs plein d’énergie!

27-04-2009

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