Du 23 au 27 septembre 2008, 20h (Relâche les dimanches et lundis)
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Notre Hamlet

Texte : William Shakespeare
Idée originale (masqué), conception et mise en scène : Louis Fortier
Interprète : Danielle Barbeau, Vania Beaubien, Sophie Brech, Marie-Do Cousineau, Héloise Depocas, Louis Fortier, Stéphanie Lamarre, Annie Larochelle et Isabel Rancier

Il était une fois Berthe, Denise, Despina, Elizabeth, Marthe, Narwal, Nura et Roseline, originaires de Centre-Sud, de Saint-Sauveur, de la banlieue de Londres, de Kabul, du Chili ou d’ailleurs. Plusieurs d’entre elles ont été forcées de fuir leur pays… Toutes ont connu l’horreur et côtoyé le désespoir.

Le destin les a rassemblées à Québec où, depuis quelques années déjà,  elles prennent part au cours de théâtre hebdomadaire qu’anime le célèbre  Robert Pantalon. À l’automne 2006, poussées par la nécessité de prendre parole et de prendre racine, elles avaient convaincu leur professeur d’art dramatique de les mettre en scène dans Notre Hamlet, une adaptation de la célèbre tragédie écrite par William Shakespeare...

Deux années se sont écoulées depuis leur succès public, et voici qu’on leur propose de rejouer le spectacle… Leur aventure peut donc continuer! Sous le regard rigoureux et généreux de Robert Pantalon, elles tenteront à nouveau de vous faire croire, pour « vrai de vrai », à la tragique histoire de Hamlet, ce prince qui, comme elles, se demandait s’il valait mieux être ou ne pas être...

Sur scène, huit comédiennes bien réelles, cachées derrière huit personnages masqués non moins réels, tenteront d’incarner les personnages imaginés par Shakespeare, eux aussi réels n’est-ce pas, puisqu’ils nous regardent, nous parlent, puisque leurs destins nous touchent et nous bouleversent, leurs vies croisant les nôtres… Magie du théâtre, fulgurance de l’étonnement.

Costumes: Atelier de Ginette Grenier
Masques : Amleto Sartori et Denis Durand
Musique : Louis Sédillot et les improvisations vocales d’Isabelle Rajotte
Éclairage : Tina Paquet
Son : Jérôme Huot
Montage sonore : Benoît Lemay

Une production du Théâtre de l'Atelier

Premier Acte
870, de Salaberry
Billetterie : Réseau Billetech 418-643-8131

par Yohan Marcotte

On cherche souvent à actualiser les chefs-d’œuvre du répertoire théâtral, ou à présenter de façon inédite, c’est ce que le Théâtre de l’Atelier s’est proposé de faire avec Hamlet. Le fini est, pour le moins qu’on puisse dire, très contrasté et original. Louis Fortier, concepteur et metteur en scène du spectacle, apparait littéralement comme le grand tireur de ficelles du spectacle. Il incarne, pour les besoins de la représentation, Robert Pantalon, le metteur en scène d'une troupe amateur constituée de femmes aux origines variées et évocatrices : le Chili, l'Afghanistan, la Grèce, Saint-Henri (quartier de Montréal) et bien d’autres. Jusqu’ici, nous sommes bien loin du royaume du Danemark et de la situation trouble vécue par Hamlet. Au contraire, les spectateurs entrent dans une salle où la bonne humeur est communicatrice.

Difficile de résister aux comédiennes masquées, interprétant des personnages caricaturaux et plutôt mal dans leur peau. Pendant que les spectateurs entrent, les actrices enchaînent de courtes improvisations, un peu comme les lazzis de la commedia dell Arte, mais celles-ci ont un jeu beaucoup plus discret. Le début piétine un peu avec la présentation des personnages de comédienne par Robert Pantalon qui demande à chacune d’elles de parler du personnage qu’elles joueront dans Hamlet. La durée de ce moment force légèrement la note, mais rend bien l’ambiance d’un pseudo spectacle amateur tout en permettant de bien s’ancrer dans la réalité de cette troupe fictive aux personnages attachants ou rébarbatifs selon le cas, mais tous sont efficaces en leur genre. Je ne peux m’empêcher de souligner la performance de Stéphanie Lamarre qui interprète une vieille, petite comme une souris, et qui a les nerfs mis à l’épreuve par Robert Pantalon qui lui demande de reprendre une scène particulièrement exigeante physiquement. On rit beaucoup, à ce moment comme ailleurs, du ridicule.

Si Hamlet parle du théâtre par le biais du stratagème qu’utilise le personnage principal pour mettre au jour le contexte de la mort de son père, Notre Hamlet reprend et développe ce propos. Le spectacle imite le travail de répétition et utilise beaucoup de clichés adoptés pas les metteurs en scène qui essaient de communiquer leur vision aux comédiens. Ces interventions viennent changer le rythme de la tragédie shakespearienne et, même si elles peuvent ralentir le déroulement de l’action, elles insufflent une vitalité à un texte qui est loin d'être léger. D'autre part, Louis Fortier fait des coupures majeures dans le texte original. Si le texte gagne de la vitesse et apparaît riche en rebondissements, le tourment de Hamlet, son doute, est quasi évacué. Si on se laisse prendre au jeu de ce spectacle sans prétention, c’est que cette perte n'est pas si grave dans ce contexte-ci, car elle permet de débroussailler un thème judicieusement choisi, la folie d’Ophélie, victime indirecte de la vengeance des hommes. Sans prétention, Notre Hamlet, celui qu’ont voulu jouer les comédiennes de la troupe de Robert Pantalon, eh bien ce Hamlet c’est Ophélie, marquée par le sillage de la loi du Talion.

L’aventure présente des hauts et des bas. À tout ce que j'ai déjà rapporté, on pourrait ajouter deux bémols. Par moment, l’efficacité du jeu physique se perd par de trop longs détours. Alors le cabotinage mis en scène livrait toute son inutilité. Il devenait aussi parfois difficile de distinguer les niveaux de jeu, c'est-à-dire qu'on ne saurait dire si une faiblesse dans l’interprétation d'une actrice était dû à la maladresse de son personnage, de comédienne amateur, rappelons-le, ou d’un manque de précision dans la mise en scène. Malgré cela, cette production donne au plaisir toutes sortes de saveurs et on ne pourrait souhaiter que, pour le futur de ce spectacle, celui-ci s’affine et gagne en précision. Une semaine seulement à Premier Acte.  

23-11-2006

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