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Du 26 février au 15 mars 2008

La Trilogie de Begrade

Texte : Biljana Srbljanivic
Traduction : Ubavka Zaric et Michel Bataillon
Mise en scène : Anne-Sophie Archer
Interprétation : Eliot Laprise, Martin Perreault, Sophie Thibeault et Marjorie Vaillancour

Trois lieux, trois situations différentes et un point en commun : L'urgence de Survivre. C'est ce que La Trilogie de Belgrade nous crie par ses mots. Une remise en question de notre monde et de notre humanité. Avec un humour noir et grinçant, mais aussi avec beaucoup de sympathie pour ses personnages, Biljana Srbljanovic témoigne de son époque et de sa génération ; notre génération. Une multiplicité de thèmes propres à notre jeunesse désenchantée, déracinée et oubliée. Sexe, amour, famille, fraternité et violence sont ici traités sans concession.

En fêtant le réveillon du Nouvel An, à Prague, Sydney ou Los Angeles, ils téléphonent à leurs parents, parlent avec optimisme de leur soi-disant réussite et se brisent à cause de leur isolement ou de leur mal du pays. Trois scènes où la situation des personnages est différente : À Prague, deux jeunes frères gogo-boys en quête du bonheur dans leur nouveau pays dont l'un si refuse et dont l'autre tente de s'y convaincre. À Sydney, un souper, deux couples, trois liaisons, quatre personnes en détresse. Et finalement, Los Angeles, deux " adulescents " se rencontrent, se découvrent, tombent amoureux jusqu'à temps qu'un individu intervienne et change leur vie à jamais.

" La Trilogie de Belgrade est à la fois un mélange d'espérance, d'amertume et d'impuissance. C'est une collision frontale entre l'avenir qu'on se rêve et le présent dans lequel on s'empêtre. "

Le Théâtre de l'Inconnu a débuté son histoire avec sa première création Phèdre et autres labyrinthes de Ximena Escalante ; jouée du 13 septembre au 1er octobre 2005 à Premier Acte. Il veut maintenant poursuivre son histoire avec La Trilogie de Belgrade de Biljana Srbljanovic.

Assistance à la mise en scène : Joëlle Cloutier
Musique Pierre-Luc Gagnon

Une production du Théâtre de l'Inconnu

Premier Acte
870, rue Salaberry
Réservation :Billetech : 418-643-8131

 

par Magali Paquin

 «La trilogie de Belgrade», de la dramaturge serbe Biljana Srbljanovic, expose les univers désenchantés et nostalgiques de trois groupes d’émigrés belgradois établis sur trois continents. Alors que le réveillon du Nouvel An devrait être prétexte à réjouissances, ce sont la détresse et le dépit qu’embrassent les émigrés serbes dépeints dans ce triptyque théâtral. Deux frères à Prague, deux couples à Sydney, deux individus à Los Angeles (Sophie D. Thibeault, Éliot Laprise, Martin Perreault, Marjorie Vaillancourt), tous sont venus chercher à l’étranger l’Eldorado que la Serbie ne pouvait plus leur offrir. Et tous semblent n’y avoir trouvé que déceptions, amertume, mal du pays. La vie de ces jeunes adultes cabote entre les difficultés financières, les amours en décomposition et les quêtes d’identité, tandis que le souvenir de Belgrade les rattrape. Tandis que l’année vient à sa fin, des drames se jouent et leurs existences prennent soudainement des voies imprévues.

Alors que le texte de Srbljanovic sous-tend la violence de l’âme et le désarroi profond des personnages, leur interprétation est, à certains moments, peu convaincante. Le drame est pourtant perceptible dès le départ, mais les comédiens tardent à investir leurs personnages d’authenticité. L’intérêt et la justesse du jeu vont cependant en crescendo et on trouve davantage dans la dernière scène ce qui fait défaut aux deux premières. Plusieurs éléments agacent de plus l’œil et l’oreille en ternissant la véracité du récit. Il est étonnant de retrouver des marques de croustilles et de couches bien nord-américaines entre les mains d’immigrés serbes sur les continents européen et océanien. De même, les Serbes n’adoptent habituellement pas un accent français lorsqu’ils empruntent la langue de Molière. Plutôt que d’effectuer des erreurs aussi maladroites, mieux aurait valu s’en tenir au statu quo : jouer sans affectation langagière et éviter tout accessoire inadéquat.

Les trois lieux distincts où se déroule l’action sont établis en bonne partie derrière des stores vénitiens, qui brouillent quelque peu la vision du spectateur. Le quatrième mur du théâtre est ici bien réel et le public se sent voyeur de la détresse humaine devant ces fenêtres mi-ouvertes et ces murs gris, impersonnels et froids. Les vénitiennes se closent entre les scènes, masquant les changements de décor tout en créant une césure entre les différents univers. Et pourtant, ceux-ci se recoupent tant dans l’amertume que le dépit, mais aussi autour de cette Ana, à qui les personnages sont liés de près ou de loin.

Ce sont ces récits universels d’existences ponctuées de déceptions amères, de colère et d’amours bouleversés qui ont inspiré le Théâtre de l’Inconnu, qui souligne ses trois années d’existence avec «La trilogie de Belgrade». Marquée d’un humour noir et abordant des thèmes universels, cette pièce trouve sa qualité première dans son propos acerbe et sans concession. Sa mise en forme comporte cependant des faiblesses qui altèrent son caractère vibrant, mais qui pourraient être corrigées par quelques représentations et ajustements.

29-02-2008