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Du 4 au 9 novembre 2014, mardi et mercredi à 19 h, jeudi au samedi à 20 h, dimanche 9 novembre à 15 h
DanseDanse de garçons
Direction artistique, chorégraphe Karine Ledoyen
Avec Charles-Étienne Beaulne, Jean-Michel Girouard, Éliot Laprise, Jocelyn Paré, Jocelyn Pelletier, Fabien Piché, Lucien Ratio

Sept hommes s'élancent sur la scène au pas de course, comme on part au combat. Un immense fracas : des madriers s'effondrent sur la scène, qui deviendront une route, un radeau, un labyrinthe, un chantier... Autant d'univers ludiques et menaçants, dans lesquels les corps en mouvement se frappent, s'agglutinent, s'étreignent, laissant jaillir vulnérabilité, peur, échec, mais aussi force, joie et fraternité. Ils sont sept et se taisent pour mieux se faire entendre. Avec une fragilité et une sincérité désarmantes, ils jouent ce qu'ils sont.

C'est quoi, être un gars en 2014? Portés par l’urgence de définir leur masculinité sans passer par les mots, six comédiens et un danseur professionnel ont exploré la question avec Karine Ledoyen. Le rôle de la chorégraphe fut ici non pas de proposer aux interprètes une chorégraphie, mais bien de les guider dans la recherche d’un langage qui leur serait propre. Risque, énergie brute, instinct et intimité ont cohabité tout au long du processus de création, faisant émerger des univers insoupçonnés. De cette fructueuse et surprenante collaboration entre des comédiens et une chorégraphe naîtra Danse de garçons, une oeuvre sensible et profonde, interrogeant la réalité masculine.


Section vidéo


Assistance à la chorégraphe Ginelle Chagnon
Conseiller artistique Daniel Danis
Création en coproduction avec Daniel Danis, Arts/Sciences et le collectif du Temps qui s’arrête
Conception sonore Jean-Michel Dumas
Conception lumières Sonoyo Nishikawa

Production Danse K par K
Coprésentation Périscope et La Rotonde


Théâtre Périscope
2, rue Crémazie Est
Billetterie : 418-529-2183

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Dates antérieures (entre autres)

Chantiers, Carrefour 2013

 
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 Critique
Critique

par Francis Bernier


Crédit photo : David Cannon

Présenté pour la première fois à la salle Multi du complexe Méduse lors du 14e Carrefour international de théâtre de Québec, le spectacle Danse de garçons y avait connu un tel succès que l'on a décidé de le présenter à nouveau cette année, mais cette fois au Théâtre Périscope. La création hybride mise de l'avant il y a maintenant plus d'un an par Elliot Laprise, Steve Gagnon et Karine Ledoyen est toujours aussi captivante et n'a absolument rien perdu de sa verve poétique.

Danse de garçons nous invite à voyager au cœur de la masculinité, dans tout ce qu'elle a de plus vulnérable. Six comédiens et un danseur (Fabien Piché) se mettent à nu pour présenter ce qu'ils sont à travers un langage qui leur est propre, reposant que sur des gestes et des émotions. Le spectacle oscille entre la danse et le théâtre, tant et si bien qu’il est difficile de dire laquelle des deux disciplines est mise à l'avant-plan dans toute cette mixité, chacune y perdant quelques-uns de ses principaux repères au passage. Ici, on oublie le concept de personnage et de dialogue relatif au théâtre et les chorégraphies, quant à elles, ne sont pas constituées de mouvements précis ou calculés au centimètre près, mais plutôt d'un amalgame de gestes brusques et spontanés.

Les sept garçons s'élancent au pas de course sur la scène disposée au centre des spectateurs. Entre danse et combat, ils sautent, courent, frappent dans les airs, crient, se foncent les uns dans les autres, donnent tout ce qu'ils ont. Comme seul élément de décor, on retrouve une quinzaine de madriers empilés de façon disparate, qui seront séparés les uns des autres, avec fracas, par Elliot Laprise, déclenchant tout un vacarme dans la salle de spectacle du Périscope. On utilisera ces simples éléments de bois pour construire tantôt une route ou un labyrinthe, tantôt un radeau ou une prison. À travers un schéma narratif constitué de tableaux, on présente la fragilité et la dureté de l'homme en utilisant parfois des images très crues, voire même dérangeantes. Le tableau mettant en scène Jocelyn Pelletier qui se fait agresser entre quatre murs est d'ailleurs particulièrement troublant. La trame sonore concoctée par Jean-Michel Dumas se doit d’être mentionnée, ajoutant énormément à l'intensité du spectacle. La chorégraphe Karine Ledoyen signe une œuvre inspirée et profonde qui s'interroge sur la réalité masculine sans chercher à l'encenser ou à la stigmatiser. Une œuvre qui arrive à exprimer la virilité en faisant fi de l'acte et de la parole.

Danse de garçons prouve qu'il est possible d'émouvoir sans les mots et de faire pleurer en usant uniquement du geste. Un spectacle multidisciplinaire original, à la fois empreint de sensibilité et de violence, qui ne laisse personne indifférent.

07-11-2014