ÉcumeAvec Joëlle Bourdon, Marc-André Charette, Geneviève Couture et Pierre Antoine Lafon Simard
Émile, un jeune biochimiste, tombe instantanément et éperdument amoureux de Morgane, une femme pas ordinaire qui fait des prouesses d’apnée à la piscine municipale. Un matin de novembre, Morgane annonce qu’elle est enceinte, Émile est content. Morgane n’a qu’une idée en tête : se rendre dans son village natal, au loin, sur le bord de la mer, pour dire en personne la grande nouvelle à sa mère. Voilà Morgane et Émile à bord d’un avion pour rendre visite à Simone. Ce qui se présentait comme un rituel innocent se transforme en une incroyable plongée au cœur de l’essence même de la vie.
Conte fantastique où se côtoient amour, jeu, mort et étrangeté, Écume explore avec poésie les limites de la vie. D’où vient-on ? Où va-t-on après la mort ? Entre ces deux mondes inconnus, comment réconcilier la raison avec les rêves fous qui nous façonnent et nous transportent ?
Écume fut récipiendaire du Prix du jury LeDroit / Radio- Canada, du Prix d’excellence artistique de Théâtre Action et du Prix de la fondation pour l’avancement du théâtre francophone au Canada. Cette production a également bénéficié de sept nominations aux 4e Prix Rideau Awards 2011.
Section vidéo
une vidéo disponible
Équipe de création : Josée Bergeron-Proulx, Geneviève Couture, Olivier Fairfield, Guillaume Houët, Dominique Lafon et Benoit Roy
Une production signée Le Théatre du Trillium
par Gabrielle Brassard-Lecours
Le grand plongeon
Morgane est une femme-poisson. Elle est née pour être dans l’eau. Elle est mystérieuse, ensorceleuse, et prend dans ses filets Émile, un introverti rationnel et passionné, amoureux fou de cette étrange fille qui confie ses secrets aux vagues plutôt qu’aux gens. Ce couple qui ne se comprend pas, mais qui s’aime créera un enfant, et ils iront apprendre la bonne nouvelle à la mère de Morgane, cette mère qui toute sa vie a haï la mer, trouvant son seul réconfort en la présence de Momo, le croque-mort du village. Cette saga mouillée et salée nous entraîne dans un univers unique et absurde, qui rafraîchit et donne envie de prendre la vague.
L’écriture d’Anne-Marie White, qui signe aussi la mise en scène, est poétique, subtile, sensible et drôle à la fois. Son personnage de Morgane, brillamment interprété par Joëlle Bourdon, sensuelle, est lumineux et mystérieux. Sa relation avec sa mère, discrète Geneviève Couture, qui conçoit aussi les costumes, les maquillages et les coiffures, est à la fois tortueuse et attendrissante. Momo (excellent Marc-André Charrette) ajoute à la touche mystique de cette œuvre envoûtante, en croque-mort fatigué et en crise d’identité. On en aurait pris plus, de ce personnage qui se révèle assez tard dans la pièce.
L’univers d’Écume est insaisissable, et il est parfois difficile d’y croire. Mais le spectateur n’est pas le seul à douter, et il se retrouve avec joie dans le personnage d’Émile, l’amoureux perdu au milieu de cette mer de rêves et d’histoires fantastiques. Pierre Antoine Lafon Simard interprète parfaitement, et avec naturel, la rationalité de tout être humain qui se retrouverait dans cet univers. Il apporte avec humour ses questionnements, notamment dans les scènes avec sa «coach de vie».
Peu d’accessoires, un écran sur lequel apparaissent quelques phrases de temps à autre, une lumière sombre et discrète ; la mise en scène de l’auteure est sobre et se déroule plutôt dans les mouvements d’acteurs. Très chorégraphiques, les déplacements du jeune couple s’approchent de la danse, évoquant émotion et temps qui passe.
Croire ou ne pas croire, rêver ou ne pas rêver, plonger ou rester à sec, telles sont les questions que pose Écume. La poésie de cette belle œuvre reste dans les têtes et dans les cœurs, et donne le goût de se lancer dans l’eau, et dans la vie.
Écume a été présentée en 2007 lors du Festival Zones Théâtrale à Ottawa, et a remporté le Prix Le Droit/Radio-Canada et le Prix d’excellence artistique Théâtre Action.