Autour du boiteuxLe Théâtre des Fonds de tiroir présente son laboratoire
Autour du boiteux
L’homme est le seul animal qui se tienne droit - Aristote
du 21 février au 11 mars 2006 à 20 h
au Théâtre Périscope (Studio de création Marc-Doré)
Billetterie : (418) 529-2183Le Théâtre des Fonds de Tiroirs vous propose un laboratoire autour du thème être roi et boiteux. Après la présentation de Vie et mort du roi boiteux à l'été 2004 et 2005, l'équipe du TFT désire approfondir sa réflexion autour des thématiques mises en lumière par Jean-Pierre Ronfard. Qui est roi aujourd'hui? Pourquoi se proclame-t-on le roi de quelque chose? Un roi est-il nécessairement boiteux? Et le pouvoir...? Arme ou nécessité?
Autour du boiteux, c'est une réflexion sur le pouvoir. Une opération à cœur ouvert pour trouver où se trouve le siège de cet état qui peut à la fois construire et détruire, sans même avertir. C'est jeter un pont vers l'œuvre de Ronfard et toutes celles qu'il a pillées pour écrire Vie et mort du roi boiteux. Le public sera convié à participer, à s'exprimer, à réfléchir avec nous pendant les représentations.
Le Théâtre des Fonds de Tiroirs
Jeune compagnie installée à Québec, le Théâtre des Fonds de Tiroirs a récolté 5 nominations au gala des Masques 2002 et a remporté le Masque révélation 2001 pour Zazie dans le métro. Né en 1995, le TFT a su se distinguer avec des productions telles que Le Cid Maghané de Réjean Ducharme, Chroniques des jours entiers, des nuits entières de Xavier Durringer, Tango de Slawomir Mrozek, Téléroman de Larry Tremblay et Vie et mort du roi boiteux de Jean-Pierre Ronfard.
Une création collective à plusieurs mains dont Pascal Lafond, Shakespeare, Ronfard, et vous, et nous... Mise en scène : Frédéric Dubois assisté de Simon Lemoine. Distribution : Marie-Christine Lavallée, Olivier Lépine, Sophie Martin et Nadine Meloche. Décors : Vano Hotton. Costumes : Yasmina Giguère. Environnement sonore : Pascal Robitaille. Éclairages : Félix Bernier Guimond. Régie : Dany Girard.
par Yohan Marcotte
Autour du boiteux n’est pas tant un spectacle qui creuse la pièce-fleuve de Ronfard, Vie et mort du Roi Boiteux, mais plutôt une réflexion sur les thèmes qui se dégagent de celle-ci. Le Théâtre des Fonds de Tiroirs, avec Frédéric Dubois en tête, fort de son expérience de mise en scène à l’été 2004 et 2005 de l’œuvre monumentale de Ronfard, essaie de pousser plus loin les questions de l’abus de pouvoir ou l’inaptitude à le gérer, mais aussi le besoin pour plusieurs individus à s’en remettre à un être qui représente la puissance.
Vie et mort du Roi Boiteux est déjà une pièce qui puise parmi ce qu’il y a de tare royale dans le répertoire théâtral. De Néron à Richard III, et beaucoup d’autres au passage, énormément d’éléments composent la pièce. Le projet Autour du boiteux vient tirer certaines mailles de cette saga pour en faire une représentation toute autre. Dans un esprit qui peut se rapprocher de Ronfard, l’auteur Pascal Lafond a mis en texte les réflexions qui ont eu lieu lors des rencontres d’élaboration du projet. Le résultat, s’il est moins long que Vie et mort [...] (de 8 à 10 heures selon la mise en scène) est tout aussi touffu et irrévérencieux.
Ceux qui ont vu les mises en scène de Vie et mort [...] de Dubois en 2004 et 2005, verront un approche esthétique différente de celle de la « broche à foin » qui était si chère à Ronfard au NTE. Frédéric Dubois signe une mise en scène plus kitsch où les perruques abondent et les costumes frisent le mauvais goût pour le plus grand bonheur de ceux qui aiment le ridicule. Dubois revient à une saveur qui lui est propre et on sent qu’il y a eu beaucoup de plaisir à l’élaboration du spectacle. Les comédiens le font sentir sur scène, parfois jusqu’au bord du fou rire ! Notons les performances de Marie-Christine Lavallée, interprétant une metteure en scène, portant bottes de cuir et cravache, qui recrute des comédiens de théâtre par le biais d’un concours rappelant nos Star Académie, ainsi que Sophie Martin dans une danse contemporaine complètement parodique.
Ce spectacle porte une grande critique à l’égard du milieu culturel et particulièrement ce qu’on appelle les chroniqueurs culturels. Pour une portion de la représentation, nous avons un regard sur le parcours d’une metteure en scène et une directrice artistique qui font la promotion de leur plus récent spectacle. Se retrouvant dans des émissions, en entrevue, où les questions sont plus insignifiantes les unes que les autres, c’est tout un malaise qui se dégage de ces personnages en proie, en quelque sorte, à la prostitution. On y fait du potinage plus qu’on ne s’intéresse à la pièce qui justifie la présence des interviewées.
Il y a aussi un côté plus intellectuel à la pièce où nous sentons vraiment les réflexions qui ont assaillies les créateurs du projet. Le tout fait un curieux mélange plutôt hétérogène qui ne donne pas dans le tout cuit. On sent que la réflexion n’est pas terminée... ce qui sollicite le spectateur à poursuivre le cheminement, comme on le laisse comprendre dans le programme : « Une création collective à plusieurs mains dont Pascal Lafond, Shakespeare, Ronfard, et vous, et nous...» Audacieux !
28-02-2006