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21-22-23 mars 2013, 20h
Variations SVariations S
Chorégraphie: Hélène Blackburn
Interprétation: Alexandre Carlos, Sébastien Cossette, Roxane Duchesne-Roy, Jean-Philippe Giraud, Merryn Kritzinger, Daphnée Laurendeau, Susan Paulson et un autre danseur

Une chorégraphie qui atteint les spectateurs de tous âges. Cent ans après la fondation des Ballets russes, Hélène Blackburn s’inspire du mythique Sacre du printemps d’Igor Stravinsky pour créer Variations S, une pièce énergique, exigeante… définitivement turbulente!

Pour l’occasion, le concepteur musical Martin Tétreault installe un impressionnant dialogue entre le chef-d’œuvre symphonique et l’univers des DJs. Acclamée partout par des publics de tous âges, Variations S se distingue pour son impact auprès des adolescents et de ceux qui traversent aussi une période de la vie comparable aux mutations du printemps…

Grâce à un rayonnement hors du commun initié en 1983, le travail de Cas Public est un incontournable de la création chorégraphique contemporaine au Canada, comme à l’étranger. Sa passion et sa maîtrise de la danse permettent à Hélène Blackburn de s’exprimer sur le comportement humain, sujet inépuisable.


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Assistant à la direction artistique: Pierre Lecours
Musique: Martin Tétreault
Percussions en direct: Roxane Duchesne-Roy
Scratching en direct: Samuel Thériault
Lumières: Andréanne Deschênes
Vidéo: Dorian Nuskind-Oder
Costumes: Hélène Blackburn, en collaboration avec les danseurs
Scénographie: Hélène Blackburn /
Réalisation de la scénographie: Samuel Thériault

Une production Cas public
Une présentation La Rotonde


Salle Multi de la coopérative Méduse
591, rue de Saint-Vallier Est
Billetterie : 418 643-8131


Dates antérieures (entre autres)

1er, 2, 3 8 et 10 février 2012 - Maison Théâtre, Montréal

 
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 Critique
Critique

par David Lefebvre (2012, Montréal)

La compagnie Cas Public présentait en 2001, à la Maison Théâtre, le premier spectacle de danse de la chorégraphe Hélène Blackburn destiné aux adolescents, intitulé Nous n’irons plus au bois, une suite de tableaux abordant différentes peurs liées à l’enfance. Elle revient une dizaine d’années plus tard sur la scène du magnifique théâtre de la rue Ontario avec Variations S, qui propose une relecture de l’emblématique ballet russe Le sacre du printemps. Monté pour la toute première fois il y a cent ans à Paris, le spectacle avait scandalisé la foule par sa forme inhabituelle. Probablement en avance sur son temps, le spectacle et son chorégraphe, Vaslav Nijinski, se verront encensés l’année suivante.

Le sacre du printemps est un ballet qui révolutionnera la danse, amenant celle-ci vers une forme plus moderne. La musique d’Igor Stravinski s’imposera comme une des œuvres les plus marquantes du 20e siècle. Les oreilles expertes se rappelleront en avoir entendu une partie dans Fantasia, de Walt Disney. Le sacre du printemps se voulait au départ sans intrigue, évoquant des rites païens, des bacchanales, et un sacrifice au dieu du printemps.

Hélène Blackburn transpose l’effervescence du printemps dans le corps même de ses danseurs, interprétant de jeunes femmes et hommes au coeur de l’adolescence. La dynamique du mouvement est fougueuse, énergique, voire furieuse ; si les mouvements s’ouvrent et se ferment sans cesse, les hanches des femmes démontrent beaucoup de sensualité directe et le reste du corps un automatisme dramatique. Exigeante, la chorégraphie n’a que très peu de temps mort, et quand les danseurs s’arrêtent, c’est pour que le public puisse lire certaines citations sur un écran rectiligne en fond de scène ; un écran qui sera aussi utilisé pour quelques images captées en direct. Du ballet classique à la danse contemporaine en passant par quelques mouvements de danses plus populaires, les inspirations sont nombreuses, mais forment un tout extrêmement cohérent et homogène. Les danseurs, absolument exceptionnels, poussent le clin d’œil à l’œuvre originale encore plus loin en comptant souvent les temps lors de leur prestation. Ils font ainsi référence à la première parisienne, extrêmement chaotique, où les spectateurs chahutaient et se révoltaient, et où Nijinski, en coulisse, devait crier ses indications aux interprètes qui n’entendaient même plus l’orchestre.

La musique de Stravinski est complètement revisitée par Martin Tétreault, qui la fait entrer de plein fouet dans le 21e siècle. La trame classique et orchestrale se donne des airs électros, voire tribaux ; si la cadence est littéralement imposée par des clics secs et précis, Samuel Thériault apporte une couleur encore plus moderne et mordante en scratchant en direct, sur scène.

Plusieurs grands chorégraphes ont monté leur version du Sacre du printemps. Pensons à Pina Bausch, Emanuel Gat ou très récemment à Jean-Claude Gallotta. Variations S d’Hélène Blackburn se rapproche un peu de l’idée de Gallotta, en évinçant l’unique sacrifiée pour glorifier toutes les femmes de la troupe. Ici, personne n’y passe, mais personne n’en sort indemne. C’est le geste séducteur, c’est l’éternel questionnement, c’est le désir et le rejet de chacun et chacune. C’est l’intense éclosion de la vie à l’intérieur d’elle-même, c’est une bombe passionnelle qui vibre et explose. L’adolescence dans tous ses états.

03-02-2012