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Depuis la grève
Dès 1 an
Nouvelle création
Objet théâtral sans parole
Dates grand public :
19 et 20 octobre 2019, 9h15 et 10h45
9 mai 2020, 9h15 et 10h45 + 10 mai 9h15
Scolaire : 16, 17, 18 octobre 2019 + 8 mai 2020

Depuis la grève, elle l’attend. L’horizon, les nuages, la nuit, tous magnifiques, lui confient le pire. Mais les oiseaux la rassurent. Dans le bleu du ciel, elle voit toute l’espérance du monde. Depuis la grève, elle l’attend. De tout son corps, de tout son coeur. Son oeil inquiet, ses mains brûlées de sel, son coeur patient, son sourire infini. Elle le guette, l’espère, l’accueille. Enfin.

APPRIVOISER L’ATTENTE AVEC DOUCEUR ET SÉRÉNITÉ

Ancrée dans une recherche scénique empreinte de poésie, cette forme contemplative explore la figure de la femme du pêcheur. Héroïne ordinaire d’un quotidien exigeant, celle qui reste au port, celle qui tient le fort, celle qui (sur)vit en rêvant du grand retour, savourant aussi sa solitude.

Dans un dispositif intime, adapté au public des tout-petits, se déploient le paysage littoral et le paysage mental de cette femme, dont le quotidien est cousu d’espérance. Les Incomplètes proposent ici une réflexion sur l’attente, la solitude et la déchirure d’être éloigné de ceux qu’on aime, des états intimement connus de l’humain, dès sa naissance.


Idéation et mise en scène Josiane Bernier, Audrey Marchand et Laurence P Lafaille
Interprétation Annabelle Pelletier Legros ou Sarah Villeneuve-Desjardins


Crédits supplémentaires et autres informations

Scénographie Vano Hotton
Vidéo Josiane Roberge
Lumières Keven Dubois
Conception sonore Miriane Rouillard
Costumes Danielle Boutin

Durée : 30 minutes

Tarif : 21$
Forfaits disponibles à l'achat de 3 billets et +
Un rabais est offert aux membres de plusieurs organismes partenaires.

Production Les Incomplètes


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Critique disponible
            
Critique

Le théâtre jeunesse Les Gros Becs entame avec douceur sa saison 2019-2020 grâce au plus récent projet de la compagnie Les Incomplètes (Édredon, Les matinées berçantes), joliment intitulé Depuis la grève. Spectacle attaché de près ou de loin au tableau impressionnant L’Anse à Vaillant, présenté lors du plus récent déambulatoire Où tu vas quand tu dors en marchant…? du Carrefour international de théâtre de Québec, Depuis la grève aborde ici « l’attente, la solitude et la déchirure d’être éloigné de ceux qu’on aime » et s’inscrit dans le tout nouveau cycle sur la thématique du littoral qu’exploreront au cours des prochaines années Josiane Bernier, Audrey Marchand et Laurence P. Lafaille.


Photo en représentation


Photo prise lors de la recherche théâtrale
Soruce photos : page Facebook des Incomplètes

Sur un quai de bord de mer se tient une jeune femme, enceinte, qui vient de voir son mari pêcheur prendre la mer. Elle trompe son inquiétude et son impatience en réparant des filets, en passant le balai, en nettoyant le linge. Tout lui rappelle cet homme parti au large, des roches qu’elle traine dans les poches à la chemise qui sèche sur la corde. Son angoisse redouble lors d’un orage particulièrement violent, en pleine nuit, mais le calme revient alors qu’elle chante doucement pour elle et pour le bébé à naître qu’elle protège dans son ventre.

La pièce propose une image très romantique de l’attente... Un choix qui renforce inévitablement la beauté poétique de la pièce.

Sans paroles, Depuis la grève parle peut-être de l’attente – même double, ici, celui de l’homme parti et de l’enfant à naître –, mais n’est jamais statique ou figé. Telle une Pénélope attendant son Ulysse, la jeune femme (interprétée en alternance par Sarah Villeneuve-Desjardins ou, le jour de notre visite, par Annabelle Pelletier-Legros), s’occupe les mains et chantonne (on peut reconnaitre, entre autres, Pi pan pan – C’est sur les bords du Saint-Laurent, chanson traditionnelle bien connue). La pièce propose une image très romantique de l’attente : la femme ne trompe pas son ennui par la technologie ou un emploi rémunéré ; nous sommes davantage dans le conte, ou à une époque passée – elle ira jusqu’à nettoyer les vêtements à la main, grâce à une planche à laver, et utiliser de vieilles épingles en bois. Un choix qui renforce inévitablement la beauté poétique de la pièce.

Les extrémités du quai, sur roulettes, se transforment en pontons que la femme déplace aisément – imitant un court instant un certain mouvement marin (scénographie de Vano Hotton). Magnifiquement attentifs, les petits et grands spectateurs, assis par terre devant la scène, se trouvent en totale immersion sensorielle grâce à un dispositif sonore ambiophonique (conception Miriane Rouillard) : les sons de la mer, des oiseaux, des grillons et du vent proviennent de partout autour. Les beaux éclairages signés Keven Dubois, souvent chaleureux – surtout lors d’un magnifique coucher de soleil orangé – participent aussi activement à cette bulle hors du temps. Pour parfaire le tout, sont projetés sur un grand écran carré qui utilise toute l’arrière-scène des images souvent abstraites prenant parfois la forme des vagues de la mer, de casiers à homards ou du (réel) pêcheur madelinot tant espéré (images de Josiane Roberge, tournées à Caplan et aux Îles-de-la-Madeleine). L’éclairage et la vidéo fusionnent lors d’une scène bien particulière, où l’on assiste, en ombre chinoise, au bain de la femme, cachée derrière un rideau blanc tiré préalablement, sur lequel se reflète son ombre ainsi que l’eau miroitant. L’eau est d’ailleurs omniprésente dans cette production, du petit bassin, installé entre les spectateurs et le quai, dans lequel flotte un petit bateau de papier, jusqu’à la baignoire, en passant par la lessive et le son de la mer.

Le tout fonctionne si bien qu’à la toute fin, lors du retour du marin, on se surprend à être profondément touché.e, aussi heureux.se et ému.e que la jeune femme tout sourire, qui balance les bras vers le bateau de son amoureux.

Sur la grève parlera aux petits et aux grands de diverses manières ; une petite fille me confiait, après la représentation, avoir pensé à son grand-père, « (maintenant) dans les étoiles ; parce qu’il faut penser à lui pour ne pas l’oublier ». Impossible de rester de marbre.

La pièce occupe les planches des Gros Becs pour quelques représentations seulement, mais sera de retour en mai 2020. Une autre attente à prévoir, sur le quai théâtral de la vie.

19-10-2019
Théâtre jeunesse Les Gros Becs
1143, rue Saint-Jean
Billetterie : 418-522-7880 poste 1

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