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1er novembre 2015, 15h (rencontre avec les artistes)
Matinées scolaires : du 27 au 30 octobre
Petites bûches
Dès 9 ans
Texte Jean-Philippe Lehoux
Mise en scène Joël Beddows
Avec Roch Castonguay, Alexandre Gauthier, Danielle Le Saux-Farmer et Chloé Tremblay

Le jeune Marco s’égare dans une ville d’Europe de l’Est, loin de ses parents et de ses repères habituels. Autour d’un vieux carrousel rouillé, il fait la rencontre de deux petites gaillardes, Sarah et Rose, qui rêvent d’ailleurs, et d’un inquiétant vieux clown. À leur façon, brutale ou poétique, ils lui feront découvrir cette ville étrangère. Une histoire attachante autour de la découverte de l’Autre, et de la force du hasard de tout voyage.

Le texte de Jean-Philippe Lehoux est une belle épopée moderne où l’étrangeté rime avec quotidien. C’est difficile pour un enfant d’ici, d’imaginer la vie de ces enfants vivant dans des pays en guerre. Avec beaucoup de doigté et d’intelligence, le metteur en scène Joël Beddows et l’équipe de comédiens nous transportent dans une véritable aventure où l’humour magnifie la vie.

Cette nouvelle création du Théâtre de la Vieille 17 poursuit sa tradition d’excellence en présentant aux enfants une histoire qui saura les toucher. C’est rythmé, c’est humain, c’est l’aventure !


Décors : Julie Giroux
Environnement sonore : Louise Beaudoin
Costumes : Marianne Thériault
Lumières : Michael Brunet
Direction de production : Lindsay Tremblay
Régie de création : Sariana Monette-Saillant
Photos : Marianne Duval
Direction artistique : Joël Beddows, en collaboration avec Esther Beauchemin et Annick Léger

Durée 60 minutes

Production Théâtre de la Vieille 17 (Ottawa)


Les Gros Becs
1143, rue Saint-Jean
Billetterie : 418-522-7880 poste 1

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Critique

Crédit photo : Marianne Duval

Petites bûches, la plus récente production de la compagnie ottavienne Vieille 17 qui nous a déjà offert Quand la mer, II (deux) et La maison de Petit Rocher,  s’est posée sur les planches des Gros Becs pour une seule représentation publique, le 1er novembre dernier.

Écrit par Jean-Philippe Lehoux en 2008, Petites bûches s’inscrit aisément dans la continuité de l’auteur, qui place le voyage au centre de ces récentes créations, dont Comment je suis devenu touriste et Napoléon voyage. Cette fois-ci, Lehoux envoie le petit Marco se perdre dans une ville des pays de l’Est. Alors qu’il s’égare en voulant rattraper ses bagages sur le carrousel de l’aéroport, il perd de vue ses parents. Il se remémore alors qu’il doit les attendre à l’hôtel ; Marco ouvre sa carte et part à l’aventure. Sur son chemin, il fait la rencontre de Rose et Sarah, deux orphelines du pays qui vivent comme elles peuvent, près d’un vieux carrousel qu’elles réparent. Mais depuis trois jours rôde un drôle d’homme dans le coin, parlant italien, traînant une grande malle et une scie rouillée. Il aurait coupé les enfants en morceaux, dans son pays, pour se chauffer – de là les petites bûches… – et il viendrait continuer sa besogne ici…

Pièce sur l’inconnu, les préjugés et la rencontre entre les peuples, Petites bûches explore aussi un élément relativement absent de la scène jeune public, l’actualité internationale. Par l’entremise de Sarah et Rose, les petits spectateurs sont confrontés à une réalité très loin de la leur, où l’on doit trouver à manger chaque jour et vivre dans une voiture abandonnée. Poussées à se débrouiller seules, il leur est difficile d’accepter l’aide de Marco et d’Angelo, l’homme sans pays. Pourtant, le garçon et l’homme dans la fleur de l’âge feront tomber les craintes des orphelines et réveiller en elles une capacité longuement perdue, le plaisir de l’imagination.

Le jeu des acteurs, qui tend davantage vers un côté plus juvénile que réel, est solide, voire touchant de naïveté, surtout chez Sarah (Chloé Tremblay) et Marco (Alexandre Gauthier, qui a assurément la tête de l’emploi). Roch Castonguay interprète un Angelo plus vrai que nature, un vagabond au cœur d’enfant. Danielle Le Saux-Farmer joue une Rose dure, aux épines bien acérées, mais qui ferait tout pour sa petite sœur. Les accents utilisés par les personnages de Rose, Sarah et Angelo ajoutent au réalisme du propos, mais ils sont parfois si prononcés que nous en perdons quelques bribes ; la compréhension de certaines actions devient alors plus ardue.

La mise en scène de Joël Beddows se concentre sur les quatre personnages, en laissant soin aux spectateurs d’imaginer la ville étrangère. Seuls accessoires, une voiture déglinguée remplie de valises - une image forte qui oppose désir et impossibilité de partir -, des chevaux rapiécés et un grand coffre, tous placés sur une pastille au milieu de la scène. Certes, on ne dépayse pas trop les plus petits spectateurs, rendant à certains moments la pièce presque onirique, mais les va-et-vient sans cesse autour du décor pour mimer les déplacements fait rapidement tourner en rond non seulement les personnages, mais le spectacle, qui mériterait quelques coupes et resserrements pour dynamiser son rythme.

Petites bûches saura sûrement soulever chez les petits beaucoup de questions sur la triste réalité de ces pays et de ses habitants, tout en défendant le droit à l’imagination, le désir d’ailleurs, l'espoir et la force de l’entraide.

02-11-2015