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25 novembre 2012, 15h (rencontre artistes)
Matinées scolaires : 21, 22, 23 novembre 2012
La scaphandrièreLa scaphandrière
Dès 10 ans
Texte Daniel Danis
Mise en scène Olivier Letellier
Avec Julien Frégé

Dans une petite ville, aux abords d’un lac de perles, Pierre vit seul avec sa soeur aînée, depuis la disparition de leurs parents. Pour assurer leur survie, Philomène s’engage dans le métier dangereux de cueilleuse de perles rouges. Un jour, sur le tableau quotidien des manqués à l’appel : le nom de sa soeur. Avec ses amis, Pierre invente une machine scaphandre pour la sauver des profondeurs de l’eau où elle est restée coincée.

Cette création du texte de Daniel Danis propose une fable moderne sous forme de photo-récit. Le metteur en scène Olivier Letellier réussit cette rencontre entre un comédien-conteur, un dispositif vidéo et la puissance des mots. Un langage multiple qui nous entraîne sur les rives de nos dépendances. C’est aussi une métaphore sur l’abandon et la condition de pauvreté et d’injustice sociale encore trop présente dans nos sociétés de consommation.

Daniel Danis a une manière bien à lui de proposer des images qui nous transportent à la frontière du surréalisme et du rêve. Résidant de Québec, il est lauréat de plusieurs prix, dont deux prix du Gouverneur général, en 1993 pour Celle-là et en 2002 pour Le langue-à-langue des chiens de roche. Daniel Danis est aujourd’hui l’un des dramaturges québécois les plus joués à l’étranger. En 2008, il remporte le prix Louise-Lahaye pour Kiwi, présenté aux Gros Becs en 2009.


Photographies : Krista Boggs
Collaborations artistiques : Cie Songes Mécaniques (41), Cie Daniel Danis, Arts/Sciences - Québec
Scénographie d’image : Ludovic Fouquet
Musique, création vidéo, système interactif, régie son et vidéo : Didier Léglise
Création lumière : Lionel Mahé
Régie : Sébastien Revel

Durée du spectacle : environ 70 minutes

En tournée à Montréal, Québec et Ottawa du 13 novembre au 2 décembre avec le soutien du Consulat général de France.

Production : Théâtre du Phare (France)


Les Gros Becs
1143, rue Saint-Jean
Billetterie : 418-522-7880 poste 1

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 Critique
Critique

par Odré Simard


Crédit photo : Christophe Raynaud De Loge

Le Théâtre des Gros Becs reçoit pour quelques jours de la visite de France, soit le Théâtre du Phare, en collaboration avec La Compagnie des Songes Mécaniques. Le metteur en scène Olivier Letellier, avec comme complice Ludovic Fouquet à la vidéo, nous présente une histoire de Daniel Danis. Ils réussissent ensemble à exacerber les dures et merveilleuses images déjà présentes dans l'écriture, nous livrant l'effondrement des repères d'un jeune garçon.

Pierre-Aimé, seul sur scène près de son lit, nous ramène à l'âge de ses 10 ans et feuillette des photos prises avec sa sœur Philomène. Au début, la vie semblait difficile, mais surmontable. Plus l'histoire avance, plus les épreuves se font arides et bouleversantes. L'eau du lac Loque verra se perdre en elle le père et la mère, dans l'espoir d'échapper à la misère ambiante et trouver enfin les fameuses perles rouges, loterie des pauvres de Petite Ville. Une perle équivaut à un an de salaire, mais encore faut-il résister à boire l'eau du Loque qui plonge quiconque qui y goûte dans une ivresse molle paralysant ainsi toute chance de réellement s'en sortir. Philomène décide à son tour de plonger à la rencontre des huîtres chanceuses, mais sera bientôt portée disparue. Le petit Pierre-Aimé conçoit alors un engin apte à pénétrer les profondeurs afin de remonter sa sœur à la surface, la scaphandrière.

Une histoire touchante, La Scaphandrière est une métaphore sur l’abandon, la détresse et la rage de vivre, où la poésie et les images saisissantes du texte doublées de celles de la mise en scène nous englobent, dans un univers onirique doux et rude à la fois. Les injustices de la réalité y côtoient la naïveté et la joie de vivre de l'enfance. Julien Frégé réussit à nous emmener partout avec lui grâce à son jeu simple, direct et ludique à la fois. L'interaction avec la vidéo, créée par Ludovic Fouquet, est sensationnelle, précise et évocatrice. Tantôt intimes, tantôt grandioses, les effets de caméra en direct ou simplement d'ambiance visuelle semblent sans limites.

Même si la finale se veut peut-être un peu trop introspective pour l'énergie des jeunes adolescents de la salle, ceux-ci, lors de la première, sont restés pendus au bout des lèvres du petit Pierre-Aimé autant que les adultes ; à certains moments, régnait dans la salle un silence presque complet, chose fragile et rare dans le théâtre jeune public. Avec un bon guide d’accompagnement pour faire ressortir toutes les significations des images et les sens des métaphores, La Scaphandrière est un bijou de création théâtrale qui met la jeunesse en contact avec une poésie forte et sensible.

22-11-2012