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4 février 2012 19h30 (rencontre avec les artistes) et 10 février 2012 19h30
Matinées scolaires : 31 janvier au 3 février 13h30, du 7 au 9 février 13h30
L'ivresse des profondeursL'ivresse des profondeurs
Dès 12 ans
Texte et mise en scène : Jean-Philippe Joubert avec la collaboration de l’équipe de création
Interprétation et création : Danièle Belley, Laurie-Ève Gagnon, Sonia Montminy, Olivier Normand

Trois filles, et un garçon, vivent leurs premiers émois amoureux et partagent le même désir de dépasser les limites en plongeant dans les profondeurs de l’océan, pour provoquer le destin ou s’éprouver eux-mêmes. Ils se confrontent, luttent, se laissent emporter par les remous, se perdent et se retrouvent enfin tous réunis.

Un spectacle physique où le mouvement exprime le bouillonnement intérieur et les émotions qui sourdent en chacun. Pour cette création, Jean-Philippe Joubert s’est inspiré  d’un élément essentiel à notre vie : l’eau.

Et si l’eau c’était nous? Et si elle nous définissait comme être humain? L’eau est-elle imprégnée de nos peurs, de nos rêves, de nos désirs, de nos souvenirs? Et si elle était chargée de nos luttes, de nos instincts et des liens qu’on partage?


Section vidéo
deux vidéos disponibles

    

Espace et accessoires : Claudia Gendreau
Costumes et accessoires : Julie Morel
Manipulation technique : Michelle Bouchard
Lumière et vidéo : Jean-Philippe Joubert
Musique : Mathieu Campagna

Durée du spectacle : environ 55 minutes

Production : Nuages en pantalon – compagnie de création (Québec)


Les Gros Becs
1143, rue Saint-Jean
Billetterie : 418-522-7880 poste 1

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 Critique
Critique
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par Magali Paquin

L’ivresse des profondeurs est le second volet d’une trilogie théâtrale sur le thème de l’eau, un projet initié par la compagnie de création Les Nuages en pantalons afin de souligner son 10e anniversaire. S’adressant au public adolescent, la pièce s’insère entre les deux autres volets du projet, dirigés vers l’enfance et l’âge adulte. Le cœur de la trame narrative se situe ici dans l’exploration des affects vécue par quatre jeunes, soit trois filles et un garçon (Danièle Belley, Laurie-Ève Gagnon, Sonia Montminy, Olivier Normand). Pourtant inséparable, ce quatuor passionné de plongée est soudainement fragilisé par les remous et les tempêtes des premiers émois amoureux. Attirances, palpitations, jalousie et rancune mettent à l’épreuve leur amitié et leur solidarité ; à travers ces embrasements, c’est finalement à une quête au bout d’eux-mêmes qu’ils sont poussés.

Jean-Philippe Joubert signe un texte qu’il enveloppe d’une magnifique mise en scène, qui se dépose sur le récit tel un voile de sensibilité et d’intensité. Que les personnages soient sur la terre ferme ou avalés par la mer, ils évoluent dans un décor composé d’un large bassin bordé de travées et d’une cloison de planches de bois (Claudia Gendreau). L’eau est omniprésente, ici dans des bassines, là dans des ballons, imprégnant les vêtements au fil de l’action, jusqu’à les détremper complètement. Une simple porte est l’accessoire prédominant autour duquel s’articule l’action : qu’elle soit fermée ou grande ouverte, escaladée telle une montagne ou allongée comme un lit, elle s’impose physiquement et symboliquement comme une voie de passage de l’univers adolescent.

Dans cette production où l’émotion domine, la voix est accessoire tant le langage corporel est révélateur. Les temps du récit alternent entre la gestuelle et la parole, dans le premier cas pour susciter l’émotion, dans le second pour partager des informations. Politique, biologie, société, environnement : on interroge, on critique ou on informe, mais avec une telle tournure le message se transmet sans l’arrière-goût exaspérant de la moralité. Puis on revient à la gestuelle, avec ses chorégraphies ou ses figures gymnastiques à la fois opportunes, maîtrisées et éloquentes. S’impose alors le sentiment d’être emporté par des flots d’émotions plus grands que soi, qu’accentuent les projections embrouillées de remous marins ainsi que le superbe environnement sonore (Mathieu Campagna), à la fois délicat et tumultueux, comme la mer.

L’ivresse des profondeurs est ce sentiment d’euphorie ressenti par les plongeurs qui s’aventurent dans les tréfonds de l’océan. Mais l’ivresse des profondeurs est ici le sentiment troublant de se sentir happé jusque dans les entrailles par des émotions si universelles et si intimes à la fois. C’est du moins ce que cette pièce a le potentiel de susciter chez les adolescents, comme chez ceux qui sont déjà passés par là…

02-02-2012