8 à 12 ans

Un matin de 1940 à Xativa en Espagne, Joan, âgé de 10 ans, se réveille avec un mot exceptionnel en bouche, une fabuleuse invention, un mot auquel il veut absolument trouver un sens. Cette même journée, il apprend que son père, après une longue absence provoquée par la guerre civile, sera bientôt de retour. La complicité qui s’établira entre ce fils " inventeur de mots " et ce père " inventeur de mondes meilleurs ", donnera une valeur éclatante et éternelle au mot de Joan.

Une histoire touchante, remplie de tendresse et d’espoir racontée par le fils de Joan, vivant aujourd’hui en Amérique. Ce fils découvre, à travers un journal intime, des moments importants de l’enfance de son père qui rêvait de devenir auteur. Un écho à des événements qui se sont passés il y a plus de 65 ans.

Né de parents espagnols, Philippe Soldevila transmet sa fascination envers les cultures étrangères par son travail artistique. Avec Conte de la lune, il signe un récit à la fois très personnel et librement inspiré des nouvelles catalanes de Pere Calders. Pour cette nouvelle création, le Théâtre des Confettis et le Théâtre populaire d’Acadie s’unissent pour nous faire voyager dans un univers de souvenirs.

Texte
Philippe Soldevila
inspiré de nouvelles de Pere Calders

Mise en scène
Philippe Soldevila

Interprètes
Christian Essiambre
Réjean Vallée (remplacé à Montréal par Daniel Simard)
Agnès Zacharie

Scénographie
Luc Rondeau
Érica Schmitz

Musique
Jean-François Mallet

Lumières
Christian Fontaine

À la Maison Théâtre du 10 au 21 janvier 2006
Billetterie : 514.288-7211

 

Dates antérieures :

Théâtre des Confettis (Québec)
et Théâtre populaire d’Acadie (Caraquet) en collaboration avec le Théâtre Sortie de Secours (Québec)

Conte de la lune
Lundi
Mardi
Mercredi
Jeudi
Vendredi
Samedi
Dimanche
13   14   15
  16   17   18   19  
  19h30          
20
 
  21
 
  22
 
  23
 
  24
 
  25
 
  26
 
 
             

Matinées scolaires : 9 h 30 et 13 h 30 généralement
Représentations familiales : 15 h

Du 15 au 26 mars 2006
Billetterie : (418) 522-7880

 

par David Lefebvre

La Maison Théâtre présente, pendant un trop court moment, le Conte de la lune, fable écrite et mise en scène par Philippe Soldevila, inspirée de nouvelles de Pere Calders. Ce dernier, grand écrivain espagnol exilé au Mexique après la guerre civile, a reçu de nombreux prix et a été traduit dans plusieurs langues. Présentée à Québec au mois de mars 2006, c'est au tour des jeunes et des moins jeunes de la métropole de plonger dans cette tendre et remarquable histoire.

Un homme (Daniel Simard) retourne dans le village où son père est né, en Espagne. Il nous raconte son histoire, par le biais d'une grande malle et de son journal intime, son premier "travail" d'écrivain. Nous remontons le temps : 1940, le jeune Joan Casesnoves-Durante vient d'inventer un mot. Et quel mot! Mais à quoi pourrait-il servir? Il apprend aussi ce matin-la qu'il retrouvera son père qui a été emprisonné durant la guerre civile. Grâce à sa mère, le jeune Joan renouera doucement avec ce père disparu, un "inventeur d'idées".

Véritable hommage à la créativité, à l'imagination et à l'intelligence, Le Conte de la lune va au-delà de l'histoire des retrouvailles père-fils. Aucunement paternaliste, cette rencontre est déterminante pour Joan, qui comprendra davantage ses moments qu'il a à être "dans la lune" et son désir de s'exprimer. Très riche en réflexions, on y aborde les idéaux politiques et la liberté d'expression ; même la mort prend un sens métaphorique quand le père, malade, dit à son fils qu'il "construit la première fusée qui ira sur la lune, mais qu'il ne pourra jamais revenir". Soldevila fait preuve d'une grande subtilité et de finesse, et la poésie qu'on retrouve dans le récit enchante petits et grands : par exemple, Joan, pour être sur de toujours voir son père, installe différents miroirs pour accueillir la lune dans sa chambre...

Le conte est aussi un hommage au voyage : voyage intérieur, dans le temps, exil, expédition lunaire, aventures, mort... Christian Essiambre défend admirablement bien le petit Joan, avec espièglerie et énergie. Agnès Zacharie joue la plus belle maman catalane, au chant clair et contagieux. Daniel Simard interprète le grand-père, avec retenu et douceur, et le petit-fils avec naturel. On arrive même à croire qu'il parle de ses propres parents et enfants. La scénographie de Luc Rondeau et Érica Schmitz rappelle des dunes de sable, en avant-plan, et un immense cadre à l'arrière, où l'on présentera certaines scènes extérieures et quelques souvenirs. Les éclairages, lumineux et chaleureux, mais parfois surprenants, sont de Christian Fontaine et l'environnement sonore de Jean-François Mallet.

Récipiendaire du Masque de la production Jeunes publics et finaliste pour le Prix de la critique de l'AQCT, Le Conte de la lune est un périple politico-poétique amusant et pertinent. Le courage devant l'inconnu, l'imagination et la recherche d'un sens à tout sont les bases de ce récit au contexte difficile mais nullement défaitiste.

 

par Magali Paquin

 « Conte de la lune », c’est un doux voyage dans la poésie des mots, un dur voyage dans la réalité de la guerre. S’inspirant de nouvelles du catalan Pere Calders, cette pièce écrite et mise en scène par Philippe Soldevila invite les enfants à découvrir le pays du soleil, l’Espagne, dans une période bien sombre de son histoire, mais surtout à découvrir le cœur et la tête d’un petit garçon épris de tendre curiosité pour un monde s’ouvrant à lui.
                   
Le jeune Joan (Christian Essiambre) est constamment dans la lune, au grand désespoir de sa maman (Agnès Zacharie). Son père (Réjean Vallée), lui, est absent. En prison. Car les « inventeurs d’idées », « ça n’a jamais rien fait d’autre que de créer des problèmes », particulièrement sous le règne de Franco, en plein cœur de la guerre civile espagnole. Accroché à son petit cahier tout comme à son rêve de devenir écrivain et poète, Joan se crée son propre monde peuplé de mots inventés auxquels il cherche un sens, sans relâche.

À la fois poétique et politique, ce « Conte de la lune » joue adroitement sur ces deux plans en nourrissant l’imaginaire du jeune public tout comme sa pensée critique. Entre les explications sur la guerre, le drame du père « affecté d’anarcho-syndicalisme » et la quête que mène Joan pour emplir son monde de ludisme et de poésie, s’impose surtout la lumière de l’imaginaire comme échappatoire aux ombres de l’existence. Et cette lumière se retrouve à la fois dans les belles folies du petit garçon, interprété avec charme par Christian Essiambre, que dans les magnifiques chants d’Agnès Zacharie ou les superbes éclairages de Christian Fontaine. Malgré le dur contexte de la trame de fond de la pièce, la mise en scène de Philippe Soldevila allie à la fois chaleur, humour et tendresse. Un sol craquelé, des jeux de transparence, une grande malle comme accessoire principal. Des miroirs, pour conserver chaque soir la lune dans son lit. Le tout est d’une charmante simplicité et laisse place aux mots du jeune garçon, si chers à son cœur.

« Partir à la lune, c’est beaucoup mieux que de partir à la guerre », constataient ensemble Joan et son père. Assurément. Et quoi de plus magique lorsque tous sont conviés au voyage…

22-03-06