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Du 22 avril au 17 mai 2014 *
Mois d'août, Osage CountyLe bourgeois gentilhomme
Texte Molière
Mise en scène Martin Genest
Avec Bertrand Alain, Frédérique Bradet, Carol Cassistat, Jonathan Gagnon, Linda Laplante, Valérie Laroche, Patrick Ouellet, Jean-Sébastien Ouellette, Mary-Lee Picknell

Dans Le Bourgeois gentilhomme, joué pour la première fois en 1670 devant la cour du roi Louis XIV, Molière se moque d’un homme qui cherche à imiter le comportement et le genre de vie des nobles. Monsieur Jourdain confond l’être et l’apparence car, selon lui, l’habit fait le moine. Vaniteux, naïf, capricieux, sa seule ambition est de paraître. Il se fera berner allègrement par ses supposés maîtres des bonnes manières. Il finira même par se faire piéger lors d’une cérémonie où il recevra le titre de mamamouchi, un faux titre de noblesse turc ! Le Bourgeois gentilhomme c’est la déchéance d’un homme qui perd peu à peu le sens de la réalité pour se réfugier dans un univers artificiel.


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Scénographie : Marie-Renée Bourget Harvey
Costumes : Élène Pearson
Chorégraphies : Harold Rhéaume
Crédit photo : Hélène Bouffard et Stéphane Bourgeois / Design : diese.ca

Mardi au samedi – 20 h
Les deux derniers samedis à 16h - 10 et 17 mai
Dimanche 16h, entre la 2e et la 3e semaine - 4 mai
Vendredi-causerie 25 avril
Mardi avant-scène 4 mai (Assistez à une entrevue intimiste avec un des artistes de la production. Dès 19h15, dans le Foyer de la salle Octave-Crémazie)

Coût : entre 30$ et 50$ selon les jours et les forfaits

Production Le Trident


Théâtre du Trident
269, boul. René-Lévesque Est
Billetterie : 418-643-8131 - 1-877-643-8131

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 Critique
Critique

par Francis Bernier


Crédit photo : Le Trident

« Du Molière sur l'acide ». Voilà un peu l'impression que donne la version remodelée du Bourgeois gentilhomme mise en scène par Martin Genest. Présenté en clôture de saison au Théâtre Le Trident, le texte de Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière, prend ici une teinte éclatée, très loin du théâtre classique, et pourrait rappeler, esthétiquement parlant, certains films du cinéaste Tim Burton. L'histoire de Monsieur Jourdain, cet homme qui voulait être «une personne de qualité», est encore d'actualité, et ce, comme plusieurs personnages des textes de Molière. La culture du paraître était possible à son paroxysme du temps de Molière, et perdure de nos jours. Ce Jourdain qui, comme dans la fable de La Fontaine, voulait se faire aussi gros que le boeuf, est un personnage attachant et dont les traits de caractère ne sont justement pas sans rappeler ceux de gens publics ou proches de nous. Avec une scénographie audacieuse et kitch à souhait, Le Bourgeois Gentilhomme se classe aisément parmi les bons coups de cette saison théâtrale.

On a misé sur un mélange détonnant de costumes (Élène Pearson), empruntant ici et là dans diverses époques et styles. L'opposition de couleurs entre les habits de Monsieur Jourdain et ceux des autres personnages offre un contraste habile qui ajoute à l'excentricité du «Bourgeois gentilhomme». Ses accoutrements démesurés aux couleurs saturées rendent le personnage encore plus risible qu'il ne l'est déjà. Le choix artistique d'avoir fait de lui un enfantin naïf plutôt qu'un gros bouffon au corps malhabile est particulièrement ingénieux. Bertrand Alain est superbe dans le rôle et offre une performance digne de son talent. Sa physionomie et son petit gabarit aident justement à donner cette image d'enfant-roi à Monsieur Jourdain.

Dans sa relecture personnelle de l'oeuvre, Genest a non seulement décidé de réorienter la saveur et l'angle de certains personnages, mais il a aussi choisi de conserver la scène du ballet, présente dans le texte original. Peu de metteurs en scène contemporains ont décidé de monter cette partie, ce qui donne au final une dimension imposante à la production. Chacun des interludes musicaux est en fait un ajout à la trame narrative de la pièce et permet de ponctuer les scènes de manière à les rendre davantage dramatiques ou comiques. Les danseurs dirigés par Harold Rhéaume offrent des chorégraphies imitant avec une pointe de ridicule les grands ballets classiques. Tous habillés de blancs, ils constituent à eux seuls un élément important du visuel étrange du spectacle. Les musiciens, présents sous forme de house band, semblent tout droit sortis des années 60 avec leur drôle de style vestimentaire et leurs perruques blanches qui pourrait faire penser aux Classels. Le plaisir des acteurs sur scène est contagieux et le spectacle de plus de deux heures passe quant à lui à la vitesse de l'éclair. Mention spéciale à Jonathan Gagnon pour sa polyvalence dans ses nombreux rôles et à Frédérique Bradet pour sa courte apparition remarquée.

Le Bourgeois gentilhomme mis en scène par Martin Genest est une production que l'on pourrait facilement qualifier d'hallucinante. À voir, ne serait-ce que pour découvrir ou redécouvrir ce classique indémodable.

01-05-2014