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Anglais : 1h30

PRÉSENCE DE L'ABSENCE
Leurs visages s'affichent dans le métro ou dans les journaux. Ils sont disparus. On les recherche. Ne reste plus d'eux qu'une image qui ne vieillit plus : souvenirs trompeurs d'une présence aujourd'hui absente. Disparaissent aussi chaque jour, dans des pays en guerre, dans des territoires occupés, des hommes et des femmes dont en vain on attend le retour. Que sont-ils devenus ces êtres que l'on croyait connaître et qui ont fui vers une autre réalité ? La scène est aussi un lieu où s'agitent des présences irréelles, des êtres fantomatiques, des illusions de vie dont le poids de chair est pourtant si réel.

Auteur, metteur en scène et interprète, Rabih Mroué, à partir d'une recherche bien réelle sur des cas de disparition et sur la manière avec laquelle les médias traitent ces histoires privées et politiques, explore ici la frontière poreuse entre présence et absence, vérité et mensonge. Conférencier, il se présente à nous, à la fois là et pas là, et théâtralise la disparition en une magnifique métaphore existentielle et sociale.

Texte et mise en scène
RABIH MROUÉ
Scénographie
Samar Maakaron, Talal Chatila

Entrevue vidéo
Mohamed Soueid, Pamela Ghoneimeh

Distribution
Rabih Mroué
Hatem Imam

Producteur
Ashkal Alwan
Beyrouth

THÉÂTRE PROSPERO

1er, 2, 3, 4 juin

 

par Geneviève Germain

Ra’hat Sleiman, employé du Ministère des finances libanais est disparu, comme de nombreuses autres personnes avant lui. L’histoire débute lorsque sa femme exige, par un avis dans un journal, de savoir ce qui est advenu de son mari.

Sur scène : rien. Ou plutôt, personne. Personne de tangible, de tridimensionnel, que trois projections d’images. La première nous montre le narrateur de l’histoire, également auteur et metteur en scène de cette pièce, Rabih Mroué, lequel s’adresse au public par des images captées par caméra « live », étant lui-même situé à l’arrière de la salle. L’autre nous montre ses mains qui parcourent les pages des albums dans lesquels se trouvent de nombreuses coupures de presse. La troisième projection montre un canevas blanc sur lequel son collaborateur note certaines informations, les ordonne, les biffe, les corrige.

Étrange présentation, puisque le narrateur y est, mais n’y est pas en même temps. Tout comme ces gens disparus, qui sont là, puisque l’on sait qu’ils ont disparu, mais en même temps ils n’y sont pas. La collection de coupures de presse de Rabih Mroué retrace l’histoire qui fait suite à la disparition de Ra’hat Sleiman, laquelle traite de corruption, de vol de fonds monétaires, d’accusations, de politique, de fonds électoraux, et ainsi de suite. Sans porter de jugement, sans donner de réponses, le narrateur expose ces divers faits et histoires rapportés par des journalistes de différents journaux, lesquels se contredisent souvent et deviennent de plus en plus complexes au fil des articles.

Avec un regard soutenu, le narrateur fixe le public et rapporte ces informations recueillies dans les journaux libanais avec une pointe d’humour, et ce, en anglais, car il n’aime pas les sous-titres. Certains évènements amusent, rappelant le fameux scandale des commandites, avec des ministres qui s’accusent, se renvoient la balle, de l’argent qui disparaît…

La démarche est intéressante et porte à réflexion. Toutefois, la forme demeure quelque peu monotone, énumérant ou résumant article après article, divulguant des informations au compte-gouttes. Rabih Mroué ne réussit pas tout à fait à maintenir l’intérêt jusqu’à la fin de la présentation, bien qu’il réussisse à susciter quelques sourires au fil de sa revue de presse. Une expérience différente.

02-06-2005