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22, 24, 25, 30 et 31 mai - 1er, 6, 7 et 8 juin
Usine d’Alstom
Français, anglais, chinois, japonais : 5h45
avec 3 entractes, service de traiteur sur place
Coproduction : Ex Machina - Festival de théâtre des AmériquesThéâtre sur le souffle
Robert Lepage replante le décor de la Trilogie des dragons dans une usine ferroviaire. Entouré d’une nouvelle équipe, il revisite cette inoubliable saga qui, accrochée à la comète de Halley, file vers une Chine imaginaire. Dans un terrain de stationnement, la guérite du dragon de l’immortalité et une boule de verre dans laquelle tourbillonnent des poussières d’étoiles. Sous une lumière vacillante, elles deviennent des personnages dont les destins s’emmêlent, d’une manière ou d’une autre, dans la chevelure rousse de Stella, l’enfant à la tête fêlée. Parfums d’Orient et d’Occident, débris de guerre, rêves étouffés dans des draps, lubies et peurs de petites filles dans des boîtes à chaussures, savoirs millénaires couchés sur des éventails et lovés dans des figures de Taï-Chi composent une valse à trois temps entre le Destin et l’Histoire.
En 1987, le Festival de théâtre des Amériques coproduisait et présentait, en première mondiale dans un hangar désaffecté du Vieux Port de Montréal, l’intégrale de la Trilogie des dragons de Robert Lepage (où elle a remporté le Grand Prix des Amériques et mérité le Prix d’interprétation féminine ex aequo à Marie Gignac et Marie Michaud). La production a ensuite été présentée dans une quarantaine de villes en Amérique du Nord, en Europe et en Océanie, et ce jusqu’en 1992, et a remporté de prestigieux prix internationaux.
MISE EN SCÈNERobert Lepage TEXTEMarie Brassard
Jean Casault
Lorraine Côté
Marie Gignac
Robert Lepage
Marie Michaud ASSISTANCE DRAMATURGIQUEMarie Gignac ASSISTANCE À LA MISE EN SCÈNE ET RÉGIEFélix Dagenais CONCEPTION DES ÉCLAIRAGESSonoyo Nishikawa CONCEPTION DES COSTUMESMarie-Chantale Vaillancourt SCÉNOGRAPHIE ORIGINALEJean-François Couture
Gilles Dubé ASSISTANCE À LA CONCEPTION DU DÉCOR ET DES ACCESSOIRESVano Hotton MUSIQUE ORIGINALERobert Caux INTERPRÉTÉE PARJean-Sébastien Côté DISTRIBUTIONSylvie Cantin
Jean-Antoine Charest
Simone Chartrand
Hugues Frenette
Tony Guilfoyle
Éric Leblanc
Véronika Makdissi-Warren
Emily Shelton.
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Retour à la page des critiques FTA
par David Lefebvre
Voilà, le FTA est lancé. Et la programmation ne manque pas d'audace ni de bons coups cette année. À commencer par la pièce (les pièces, devrais-je dire) de Robert Lepage, La Trilogie des Dragons. Dans une de mes critiques précédentes, je vous disais que je connaissais peu ce génie théâtral. C'était donc une opportunité pour moi de pouvoir approfondir mes connaissances sur le travail de cet auteur et metteur en scène.
La trilogie comprend trois pièces (bien entendu): le dragon vert (1 heure 10), le dragon rouge (première partie: 50 minutes, deuxième partie 55 minutes) et le dragon blanc (1 heure 20). Un total de près de 5h45 avec entracte de théâtre, dans une ancienne usine ferroviaire de Pointe-St-Charles. Le texte relate l'histoire de plusieurs personnages et de trois générations: nous débutons le spectacle dans les années 30, à Québec. On fait la connaissance du quartier St-Roch, et de la rue St-Joseph. Deux cousines (Françoise et Jeanne) jouent à interpréter les commerçants en reproduisant la rue avec des boîtes de souliers (les souliers auront une grande place tout au long de l'histoire). Puis on rencontre le père de Jeanne, barbier, "gambler" et alcoolo; William S. Crawford, un Anglais venu ouvrir une boutique de souliers à Québec; Bédard, qui a les cheveux roux et qui fascine Jeanne; le Chinois blanchisseur et son fils venu de Toronto.
Nous allons donc assister à des tranches de vie de leurs existences. Avec les trois dragons, nous allons visiter trois Chinatown: celui de Québec (des années 30), de Toronto (des années 40) et de Vancouver (des années 80), qui est le plus gros Chinatown en Amérique après San Francisco. Le décor est simple: entre deux estrades où se placent les spectateurs, se trouvent un panneau publicitaire vide, avec bandes colorées qui tournent (comme les panneaux qui se trouvent sur le bord des autoroutes). Puis une cabane de stationnement qui servira à mille choses (surtout le toît, qui servira entre autres de chambre à coucher de Françoise). La scène en tant que tel est un immense jardin japonais "zen", de gravier, râclé. Tout autour court un trottoir de béton, puis de l'autre côté un poteau et un lampadaire. Une des forces de Lepage est de ne pas surcharger la scène, ce qui nous permet, en tant que spectateurs, d'imaginer des choses, de participer à notre manière au processus de création. Robert Lepage, ce n'est pas un secret, adore les langues. Il le prouve encore une fois dans ce spectacle qui mélange le français, l'anglais, le cantonais et le japonais. Ce regroupement de langages et d'accents donne une sonorité riche au texte. Ce dernier d'ailleurs est tout simple et va à l'essentiel. Des images chocs jaillissent ici et là. Et des moments extrêmement forts nous ouvrent le coeur. C'est le cas de La Valse des patineurs, qui, par sa beauté, puis sa marche militaire qui vient tout détruire, teinté d'un éclairage rouge (durant le dragon rouge et la deuxième guerre mondiale) bouleverse totalement. Il a le don de venir chercher ce petit quelque chose en nous qui émerge d'un coup et nous inonde. La mise en scène est stylisée et épurée, regroupant quelques petites trouvailles visuelles intéressantes (à la sauce Lepage: la valse, la naissance de la petite de Jeanne, le pilote d'air France ce mettant en position d' "avion" sur sa valise pour nous faire son "speech" sur la complémentarité de Vancouver et Hong Kong). Le spectacle est plutôt lent, avec une ambiance canado-asiatique. Mais, pour les besoins de la cause, je vais paraphraser l'auteur Michel Tremblay: "les pièces longues passent vite", ce qui est tout à fait vrai. Ces trois pièces passent rapidement, comme une émotion. La répétition de certaines scènes augmente leurs significations, dérange le fondement même du texte initial. Les comédiens sont convainquants, sur tout les interprètes de Jeanne (Véronika Makdissi-Warren) et Françoise (Simone Chartrand), qui doivent jouer les jeunes filles de 13 ans, puis de 30 et de 70 ans...
"Le dragon est une part de toi que tu combats" dit le texte. C'est une quête. Chaque personnage cherche quelquechose (l'un veut ouvrir un magasin de souliers, l'autre cherche l'amour, un autre cherche la reconnaissance de son art...). La pièce parle aussi de politique, de modernité, de religion, d'enfant gravement malade et de mille autres trucs. Malgré la tristesse qui s'en dégage, il y a ce petit côté "la vie n'est pas toujours laide", et que malgré les différences qui nous séparent, on peut se rejoindre d'une façon ou d'une autre. Un pur ravissement, qui n'a pas la complexité et la richesse de recherche de La Face cachée... mais qui est d'une simplicité désarmante, et d'un charme indéniable.
La pièce est jouée les vendredis (18h), samedis et dimanches (15h). Pour les vendredis, si vous vous déplacez par autobus et métro, trouvez-vous quelqu'un en auto, ou prévoyez vos déplacements avec les horaires des autobus de nuit. Le choix du site, l'Usine d'Alstom, est fantastique, mais quand même un peu loin pour les personnes à pied...