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Du 18 au 27 novembre 2010
PassagesPassages
Texte et interprétation de: Catherine Dajczman
Mise en scène et scénographie: Marcel Pomerlo

PASSAGES raconte l’histoire d'une jeune femme qui, menée par sa soif de sens, revisite l’histoire de sa famille. D’un côté il y a l’univers des camps nazis qu’a vécu Zaïdi, son grand-père juif polonais. De l’autre, celui de sa grand- mère Lucienne, une québécoise qui a donné naissance à onze enfants. Un héritage familial où se confrontent la vie et la mort.

PASSAGES c’est la grande Histoire qui rejoint la petite. Une traversée de la Pologne à L’Annonciation pour arriver enfin chez soi. C’est aussi un besoin de faire entendre l’écho de ceux qui étaient là avant, pour ouvrir une porte sur demain. Un demain porteur d’un nouveau souffle. Seule sur scène, dans une langue contrastée où l’humour côtoie le tragique, Catherine Dajczman rend hommage à l’existence dans ce qu’elle porte de plus sublime et de plus atroce. Un voyage à la fois ludique et profond.

Assistance à la mise en scène et régie : Judith Saint-Pierre
Éclairage : Martin Gagné
Composition musicale : Maxime Veilleux
Réalisation du décor : Julie Measroch

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Production du Théâtre NU

Théâtre Segal [www.segalcentre.org]
5170 Cote St. Catherine Rd
Billetterie - Box Office: (514) 739-7944

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Dates antérieures

Du 23 octobre au 7 novembre 2009 - salle 2 de l'Espace Go

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 Critique
Critique
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par Sara Fauteux

Présenté au Festival de théâtre de l’Assomption en 2008 ainsi que dans une mise en lecture au OFFTA en 2009, Passages a été mis en scène et s’est produit à l’Espace GO en 2009. La pièce écrite et interprétée par la comédienne Catherine Dajczman est aujourd’hui reprise au Théâtre Segal jusqu’au 27 novembre.
 
Après avoir tenté de comprendre le monde dans lequel elle vit par différentes formes d’accomplissement personnel, dont une quête de vision dans le désert de l’Arizona où elle est tentée de mourir pour mieux renaître, Catherine Dajczman comprend que le point de départ de cette quête de sens qui l’habite est sans doute ses propres origines. Elle entreprend donc de revisiter son histoire et celle de sa famille. D’un côté, il y a sa grand-mère Marleau qui vient d’une famille de 14 enfants et qui en a elle-même élevé 11; de l’autre, son grand-père, un Juif polonais, ayant survécu au camp de concentration et dont la famille a été décimée par cette tragédie.

Dans l’extrait le plus touchant du spectacle, elle recrée sur scène une entrevue qu’elle a réalisée avec son grand-père où elle raconte le parcours de celui-ci durant la guerre. La justesse de son interprétation suscite l’intérêt et l’émotion, mais, surtout, nous permet enfin d’élargir un peu la réflexion entamée par la jeune femme. Outre cet épisode dans les camps de concentration, Passages soulève des questions intéressantes et pertinentes sur les rites de passage, pratiquement absents de notre société. Mais il n’y a jamais de réelle réflexion, car, plutôt que d’utiliser la scène pour transcender son histoire, Dajczman s’en sert comme exutoire de ses peurs et ses angoisses.

Le principal problème de cette production est sans doute l’absence de personnage. La comédienne se présente sur scène habillée comme la jeune femme qu’elle est et ne nous parle que d’elle-même. Elle semble consciente des pièges de la forme de l’autofiction (en fait, on devine trop bien qu’il s’agit ici d’autobiographie) et des risques d’un récit aussi intime. Pour les éviter, elle a abondamment recours à l’ironie quant à sa trop grande volonté de tout comprendre. Mais, si cette ironie nous fait sourire, elle ne lui accorde pas le détachement nécessaire pour mener ce spectacle plus loin qu’une quête de sens très personnelle.

Le metteur en scène Marcel Pomerlo a une bonne expérience des spectacles solos avec,entre autres, Et j’ai entendu les vieux dragons battre sous la peau de Dany Boudreault crée en 2005 au Quat’sous et Visage retrouvé de Wajdi Mouawad présenté au Théâtre d’Aujourd’hui la même année. Sa mise en scène est dynamique, mais reste très collée au texte et ne parvient pas à lui apporter une autre dimension. La scénographie est dominée par un amoncellement d’objets qui évoquent la mémoire de l’humanité, les souvenirs d’une vie. Cette structure est intrigante et attire le regard, mais elle ne sert finalement qu’à illustrer ce qui est nommé et ne reste qu’un objet habillant la scène.

Catherine Dajczman n’a pas tort de croire qu’il ne sert à rien de chercher une histoire à tout prix, que l’histoire à raconter repose souvent déjà en nous. Sa démarche, qui consiste à relier la grande Histoire, celle du monde, à la petite histoire, la sienne, est certes intéressante, mais le chemin de cette petite histoire vers quelque chose d’universel reste encore à être parcouru.s

25-11-2010

par Daphné Bathalon (2009, Espace Go)

Jusqu’au 7 novembre, le public d’Espace Go doit, pour entendre Passages de Catherine Dajczman, se frayer un chemin à travers les coulisses du théâtre pour atteindre la petite salle où le solo est présenté. La pièce, qui met en scène un être en pleine quête de sens, nous entraîne dans les méandres des réflexions, interrogations et doutes d’une jeune femme.

« J’ai mon histoire pognée dans la gorge » déclare Dajczman à ses amis qui la pressent de trouver une histoire : « As-tu une bonne histoire? C’est quoi ton histoire? ». Passages nous laisse avant tout l’impression d’un éclatement. Dajczman, dans son propre rôle, est une femme dont le trop-plein déborde : elle saute d’un sujet à l’autre sans marquer de pause. Au début, on peine un peu à la suivre, puis on prend plaisir à observer le pétillement de la flamme qui l’habite. Yeux brillants, voix porteuse d’émotions, la comédienne livre son texte avec naturel. Il y a elle, il y a le public, et c’est à chaque spectateur qu’elle se confie. On ressent vite un certain attachement envers elle, on a envie de mieux la connaître, d’entrer dans sa tête pour la comprendre et l’aider à renouer avec elle-même. Pendant près d’une heure trente, sa bonne humeur communicative et son humour léger nous tiennent ainsi compagnie.

Il est toutefois dommage que les réflexions s’éparpillent trop souvent dans tous les sens. C’est particulièrement flagrant dans la première partie de la pièce qui aurait eu avantage à être resserrée pour éviter que l’attention du spectateur ne papillonne inégalement. Passages gagne en intensité lors du récit de Zaïdi, le grand-père juif et polonais de Catherine. L’histoire qu’il raconte par la voix de sa petite fille, on la connaît. C’est l’histoire d’horreur de millions de juifs et des camps de concentration, mais elle demeure toujours aussi fascinante, prenante et troublante. On comprend enfin ce qui a précipité Catherine dans une remise en question de son existence.

À l’instar du personnage et de sa prise de parole éclatée, la scène est également habitée. Une tour faite d’objets hétéroclites, qu’on peut croire rattachés à toutes sortes de souvenirs, occupe le côté cour de l’espace de jeu. Lors du récit de Zaïdi, ces objets deviennent dans notre esprit ceux que les juifs ont abandonnés derrière eux dans leur exode en même temps que leur ancienne vie. Pour habiller la scène, des toiles beiges et des murs de contre-plaqué illustrent sobrement le territoire navajo dans lequel s’enfonce volontairement Catherine pour son voyage intérieur.

Lui-même habile monologuiste, le metteur en scène Marcel Pomerlo a su faire ressortir la truculence des émotions tourbillonnantes contenues dans le texte de Dajczman. Avec son unique interprète, Passages est une pièce sensible et simple qui remonte aux origines d’une jeune femme fragile. La pièce ne nous apporte aucune réponse, pas plus qu’elle ne nous présente l’aboutissement de la quête. En fin de compte, il nous faudra prendre la suite, faire notre propre quête, emprunter d’autres passages. C’est bien à cela que la pièce nous invite, en laissant sur nos sièges un petit morceau de bois comme point de départ…

02-11-2009

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