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Du 8 au 17 novembre 2012, mardi au samedi 20h, vendredi 14h et 20h
OrphéeOrphée Revolver
Texte hybris.théâtre
Mise en scène Philippe Dumaine
Avec Mylène Bergeron, Mykalle Bielinski , Luc Chandonnet, Marie-Ève de Courcy et Danièle Simon

Orphée :
un personnage mythique, un grand poète,
un des piliers de la culture occidentale.
Eurydice :
une femme en détresse, une possession
perdue qu’il faut récupérer à tout prix.

Avec ORPHÉE REVOLVER, hybris.théâtre investit le mythe d’Orphée afin de faire entendre la voix d’Eurydice. Une voix forte, singulière, voire violente. Une voix de femme. Un spectacle qui sonne comme un coup de fusil, des textes qui tournent au rythme du barillet. ORPHÉE REVOLVER, c’est tout à la fois un problème mathématique, une conférence sur la féminité, une réécriture d’un mythe, une plongée dans la culture pop. Et, en plein dans le viseur du tireur d’élite, quatre Eurydice, quatre possibilités pour une héroïne contemporaine. Un spectacle dangereux, parce qu’à la roulette russe, on ne gagne pas toujours.

HYBRIS : mouvement fautif du dépassement de la limite. RECHERCHE : travailler à l'intersection de la théorie et de la pratique. RÉSISTANCE : mettre de l'avant une esthétique du refus. Leurs précédentes créations : PERSONA d'Ingmar Bergman en 2011, la soirée multidisciplinaire NÉGATIFS DE PERSONA en 2010.


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Scénographie Andréane Bernard
Assistance à la mise en scène Sophie Devirieux
Décors et éclairages Andréane Bernard
Stylisme Philippe Dumaine
Musique live Mykalle Bielinski

Carte Prem1ères
Cartes Prem1ères
Date Premières : du 8 au 13 novembre
Régulier : 25$
Carte premières : 12,50$

Une création d'hybris.théâtre - Page Facebook


Théâtre Ste-Catherine
264 Ste. Catherine E.
(514) 284-3939

Dates antérieures (entre autres)

14 août 2010, Maison de la culture Maisonneuve

 
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 Critique
Critique

par Olivier Dumas

Par son approche multidisciplinaire foisonnante, la jeune compagnie hybris théâtre ne fait pas dans la dentelle, la linéarité ou les nuances feutrées. Avec la présentation d’un étrange objet hétéroclite intitulé Orphée Revolver, elle réussit le pari d’intriguer. La petite production frappe parfois dans le mille malgré certains grincements de dents en réaction à ses excès de surenchère.

Créé à la Maison de la culture Maisonneuve en août 2010, le spectacle aux innombrables références culturelles se veut une réflexion éclatée et débridée sur le mythe d’Orphée, sur la condition féminine et sur l’obsession compulsive pour les armes à feu. Ses concepteurs vont plus loin en le décrivant entre autres comme un problème mathématique à résoudre et une conférence désordonnée sur le post-féminisme. Les spectateurs qui aiment les propositions fuyant les sentiers réconfortants et prévisibles seront ravis, même si le fil conducteur de ces fragments gagnerait à une plus grande cohésion. 

Le metteur en scène Philippe Duhaime s’était risqué précédemment à un hommage maladroit au film Personae du réputé cinéaste Bergman il y a quelques années. De mémoire de critique théâtral, ce fut l’une des expériences les plus pénibles et exaspérantes à regarder. Heureusement, l’univers plus éclaté d’Orphée Revolver comporte des scènes fortes portées par des acteurs très généreux. Une bonne dose d’autodérision compense les effets plus tonitruants inutilement pompeux.

Sur la minuscule scène du Théâtre Saint-Catherine, un écran de fumée envahit l’espace exigu avant l’entrée en scène des cinq comédiens, dont quatre femmes et un homme. Ceux-ci descendent sur le plateau par une échelle qui se trouve sur le mur. L’une des interprètes devient en quelque sorte la DJ qui se plaît à fredonner des extraits de chansons populaires, toutes de langue anglaise. Son timbre éthéré évoque celui de la talentueuse artiste québécoise Jorane ou encore l’envoûtante Beth Gibbons de Portishead. Parmi les extraits entendus tout au long de la soirée, mentionnons une allusion sympathique au classique You make me feel like a natural woman, hymne par excellence écrit par Carole King qu’Aretha Franklin a rendu célèbre.

Dès le lever de rideau, le ton est donné par le jeu extrêmement physique des interprètes et l’omniprésente musique qui oscille entre l’électroacoustique et les rythmes répétitifs de clubs. Les membres du quintette ne ménagent pas leurs voix pour crier, lancer des injures et rugir avec emphase. De Personae, le metteur en scène a conservé des relents fétichistes que ses actrices prennent plaisir à accentuer avec leurs souliers à talons hauts, leur teint diaphane comme des poupées et leurs contorsions corporelles qui exigent une souplesse incroyable.

C’est vers la moitié du spectacle que l’intérêt grimpe de quelques crans. Les gestes caricaturaux partagent enfin le devant de la scène avec des instants plus calmes et plus mesurés. Cet amalgame plus harmonieux entre dosage introspectif et démesure donne l’impression que le metteur en scène a décidé de faire davantage confiance au potentiel de sa distribution. Le propos du texte (ou des textes) laisse poindre une réflexion pertinente, parfois choquante, sur les enjeux intrinsèques du féminisme et ses représentations dans la sphère publique. Par exemple, les actrices racontent sur un ton corrosif le rejet qu’elles ont subi dans leur tentative d’inclure des extraits du récit Putain de Nelly Arcand dans la pièce. À ce moment, entre autres, les répliques grandement pertinentes interrogent les spectateurs sur les droits d’auteur qui auraient été accordés exclusivement à un projet sur la sulfureuse auteure, prévu sur les planches en 2013. Elles posent également des questions légitimes sur les relations houleuses entre le féminisme véhiculé dans les théâtres institutionnels subventionnés en opposition avec celui envisageable dans des lieux plus propices à des explorations subversives en marge des structures établies.

La nouvelle création d’hybris théâtre s’adresse principalement à un public averti. Par sa démarche extravagante très sensorielle appuyée par la fougue de ses interprètes déchaînés, Orphée Revolver possède quelques atouts dans sa manche qui lui permet de dépasser l’impression première d’exercice de style.

11-11-2012