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Du 17 au 28 mai 2011, 20h
La nuit à l'envers
Texte Xavier Durringer
Mise en scène Isabeau Blanche
Avec Geneviève Arsenault et Martin Grenier

Deuxième Durringer à être présenté à Montréal cette saison, le texte est monté pour la première fois en Amérique du Nord. Créée à Paris en 1989, La nuit à l’envers met en scène une prostituée qui reçoit un client pour la nuit, la plus vieille rencontre du monde. On pourrait facilement deviner la suite, mais Durringer imagine une tout autre rencontre, où le rapport dominant-dominé se retrouve sans cesse inversé. Le texte expose le fléau de la solitude, autant du point de vue du prostitué que de celui du client. C’est en effet la douleur d’être seul qui motive chacun des personnages dans ses actions, ce qui n’est pas sans créer d’importantes répercussions. Difficile de déstabiliser l’autre sans soi-même perdre pied.

Scénographie, costumes et accessoires Cloé Alain-Gendreau
Régie et éclairage Marie-Hélène Boisvert
Musique originale Xavier Germain-Poitras

Carte Premières
Cartes Prem1ères
Date Premières : du 17 au 21 mai 2011
Régulier : 20$
Carte premières : 10$

15 $ étudiant, 25 $ équitable

Une création Tsunami Théâtre

Espace 4001
4001, rue Berri
Billetterie 514-903-1052 tsunamitheatre@hotmail.com

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 Critique
Critique
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par Olivier Dumas

Depuis quelques années, de jeunes compagnies de théâtre se sont prises d’affection pour la poésie réaliste de l’écriture du dramaturge et cinéaste français Xavier Durringer. Le metteur en scène Michel Monty a dirigé les finissants du Conservatoire d’art dramatique de Montréal de 2006 pour Chroniques, spectacle ensuite repris à la salle Fred-Barry. Miguel Doucet s’est attaqué l’hiver dernier à Histoires d’hommes au Théâtre Prospero. C’est maintenant au Tsunami Théâtre de proposer ces jours-ci, La nuit à l’envers, une œuvre de jeunesse dont l’exécution ne convainc qu’à moitié.

D’une durée de soixante minutes, la pièce scrute la relation entre un homme timide et Lola, une prostituée d’expérience. Deux êtres que tout oppose se retrouvent dans l’intimité d’une chambre. En apparence banale, la rencontre entre l’aguicheuse et le benêt prend une tournure inattendue. Le client devient menaçant et s’obstine à rester pour toute la nuit. S’ensuivent confrontations et révélations intimes de ces deux âmes esseulées.

À priori, le texte de Durringer écrit à la fin des années 1980 demeure intéressant et, sans être génial, propose une atmosphère idéale pour un duo d’acteurs. Entre l’expertise d’une professionnelle de l’amour et l’isolement d’un homme qui peine à s’assumer, « le couple sans lendemain » passe par une multitude d’émotions, en équilibre entre l’humour, la douleur et la gravité. Mais se greffent également certains passages plus légers, comme ceux du gâteau d’anniversaire ou du poisson rouge qui ralentissent la tension d’un huis clos plus efficace dans les moments de confrontation.

La transposition scénique comprend certaines séquences plus captivantes qui ne compensent malheureusement pas d’autres faiblesses. Il manque encore à cette Nuit à l’envers une unité de ton dans la progression dramatique, sans compter des nuances et ruptures que nous aurions souhaitées plus marquées entre les différentes actions.

Par ailleurs, la volonté artistique de la compagnie de dire le texte avec un accent parisien sonne faux. Les deux interprètes sont parfois mal à l’aise avec le vocabulaire et des expressions typiquement françaises. Sans tomber nécessairement dans une prononciation à la saveur québécoise, une prononciation plus naturelle aurait donné une plus grande authenticité au propos. Suffit de trouver un équilibre heureux entre le réalisme et l’artistique dans la direction d’acteurs d’Isabeau Blanche.

Dans le rôle du client qui se paie une fille pour la première fois, Martin Grenier rend généralement bien la timidité et le malaise de son personnage. Son aspect plus sombre et maniaque, surtout durant la dernière demi-heure, se doit d’être plus accentué afin d’en exploiter toutes les possibilités. Geneviève Arsenault incarne avec un beau naturel cette prostituée à la fois allumeuse, esseulée et même émouvante à l’occasion.

Le soir de la première, la sonorisation demeurait parfois déficiente. Certaines des transitions musicales s’apparentaient de bruits parasites. C’est dommage, car les compositions originales de Xavier Germain-Poitras semblaient bien rendre le malaise et l’étrangeté de la rencontre insolite de deux caractères antagonistes.

Créateur prolifique, Xavier Durringer a présenté récemment au Festival international de Cannes La Conquête, un film sur le parcours du président français Nicolas Sarkozy. La relecture à Montréal de sa première pièce, La nuit à l’envers, par le Tsunami Théâtre, ne demeure pas totalement concluante. Il faut toutefois souligner la touchante ferveur des deux comédiens Martin Grenier et Geneviève Arsenault.

21-05-2011

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