Dans l’intimité d’une rencontre seul à seul, venez tester votre tolérance à l’abandon, aux effleurements et la proximité… Un moment exclusif à vivre absolument.

Internal explore les formes du speed-dating et de la thérapie de groupe dans une ambiance surannée.

par David Lefebvre

Le Festival Juste pour rire offre un petit bijou caché dans sa généreuse programmation, une expérience théâtrale hors du commun, provenant tout droit de Belgique.

«Cinq acteurs à la recherche d’un partenaire», voici les premiers mots qui décrivent Internal, projet très intrigant de la compagnie flamande Ontroerend Goed qui se promène un peu partout à travers le monde depuis 2007.

Cinq spectateurs à la fois seulement sont invités pour une rencontre d’environ 25 minutes avec cinq comédiens. Debout, bien serrés devant un rideau noir, les spectateurs attendent. Le rideau se lève sur les comédiens qui leur font face, à quelques centimètres à peine. Leur regard scrute, fixe intensément, peut dévier. Ils changent de place, jaugent secrètement, puis choisissent finalement une personne. Ils tendent la main et invitent le spectateur vers un isoloir, où attend patiemment une bouteille d’alcool.

Le spectateur se trouve à mille lieues du confort des sièges qui lui sont habituellement réservés. Il entre dans le jeu, en fait partie, crée en fait la trame principale de ce qui se manigance, en quelque sorte. Si le préambule peut causer un certain malaise, les comédiens/personnages, aux personnalités distinctes, les mettent rapidement en confiance dans les petits isoloirs quasi romantiques. Ils créent en quelques secondes une bulle si intime, par des mots ou une atmosphère d’une grande sensualité, que le spectateur, sans s’en rendre compte, révèle certains faits très personnels.

Si la première partie se veut très privée, la deuxième réunit les dix personnes en cercle pour quelques échanges. Ce segment est le plus théâtral du spectacle : alors qu’auparavant, il s’agit de questions, de mises en contexte, d’improvisation – chapeau aux comédiens qui osent, six fois par jour, entrer si étroitement en contact avec des inconnus – ici les révélations fusent, faisant penser à une thérapie de groupe. Si l’on doit reprocher une seule chose à Internal, c’est de ne pas aller encore plus loin dans l’analyse de chaque participant, en connaître davantage sur ce que les comédiens ont senti, perçu chez le spectateur. Quitte à se tromper.

L’expérience devient encore plus troublante quand le rideau se ferme sur ces inconnus qui nous étaient pourtant très proches, tout à coup. Étude sur la séduction rapide, sur la complicité momentanée ? Quoi qu’il en soit, Ontroerend Goed vient alimenter allègrement les conversations après la représentation entre les participants, ébranlés, mais tous ravis de cette expérience extrêmement particulière. Tentez le coup.