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Du 14 au 23 décembre 2010
Cravate Club
Texte de Fabrice Roger-Lacan
Mise en scène Patrice Coquereau
Avec Didier Lucien et Mario Morin

Qu’est-ce que l’amitié ? Sommes-nous prêts à tout accepter ? Ce sont là les prémisses établies par le metteur en scène Patrice Coquereau, et les comédiens Didier Lucien et Mario Morin. L’intrigue repose sur Bernard, qui compte sur la présence d’Adrien, son collègue et ami de longue date, pour fêter son quarantième anniversaire. Mais ce dernier se désiste le soir même pour ne pas rater le rendez-vous mensuel de son club sélect. Leur relation s’envenime au fur et à mesure que leur champ d’action s’amenuise. Or ni l’un ni l’autre ne semble vouloir mettre fin à l’affrontement, tant verbal que physique.

Billets : de 19,49$ à 25,69$

Production Ludik Théâtre - cravateclub.ca

Cinquième salle de la Place des Arts [lien]
175, rue Sainte-Catherine Ouest
Billetterie : 514 842-2112
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 Critique
Critique
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par David Lefebvre


Crédit photo : Maurice Vadeboncoeur

Cravate Club est l'oeuvre du dramaturge français Fabrice Roger-Lacan, connu pour sa filmographie qui compte, entre autres, L’Île aux trésors (2007), Le Bison (2003) et Le Grand Plongeur (2003). La pièce, montée pour la première fois en 2001, fit connaître au grand public un acteur de talent, Edouard Baer, qui affrontait dans ce huis clos l'excellent Charles Berling. Les complices se réunirent une deuxième fois, devant la caméra cette fois-ci, pour immortaliser Cravate Club sur pellicule, sous la direction de Frédéric Jardin.

Deux hommes, Adrien et Bernard, sont dirigeants d'une boîte d’architectes et d'excellents amis. Mais Adrien se voit blessé d'apprendre que Bernard ne pourra être à sa fête d'anniversaire, puisqu'il doit assister sans condition à un souper mensuel d'un club mystérieux. Adrien s'enfoncera corps et âme, commettant les pires bassesses pour faire partie du club, quitte à tout perdre.

La pièce se targue d'apporter par l'humour une réflexion sur l'amitié, ses conditions, sur le sentiment d'appartenance et l'importance que l'on imagine avoir pour les autres. Malheureusement, les créateurs échouent tristement à pousser davantage les questionnements du texte en s'embourbant dans un spectacle qui s'étire honteusement et qui n'arrive jamais à dépasser le stade de la simple banalité. Le discours des deux hommes qui se chamaillent n'a aucune profondeur ; les situations comiques arrivent à peine à faire rire, le drame est pathétique et les débordements rappellent des gamins de 8 ans qui se crient qu'ils ne veulent plus jouer s'ils ne peuvent pas faire à leur tête.

Les deux comédiens, Didier Lucien et Mario Morin, qui maîtrisent deux types de jeu très distincts, auraient pu tirer avantage de leurs différences. Malheureusement, ils n'arrivent jamais à rendre leur personnage attachant, ou même sympathique, ce qui contribue à notre profonde indifférence face à ce différent qui perd totalement de son importance. Le jeu de Morin est tempéré, calme, trop peut-être, à en devenir ennuyeux. Didier Lucien joue la susceptibilité de son personnage de façon terriblement malhabile et exagérée ; à un certain moment, on arrive à se demander s'il respecte le texte ou s'il improvise sur canevas, principalement à cause de ses nombreuses hésitations.

Il était pourtant bien parti ce spectacle, avec l'arrivée de Lucien qui assemble le décor tout en parlant à sa fille au téléphone. Mais la mise en scène de Patrice Coquereau ne fait rien pour améliorer la qualité décevante de ce Cravate Club, se contentant de miser sur la présence des deux comédiens. À plusieurs moments, un son retentit, les comédiens font la pause, la discussion cesse ; cet arrêt sur image tente de dramatiser la scène, mais l'effet est raté, sommairement inutile et brise un rythme qui déjà manque cruellement d’aplomb. L'humour typiquement français de ce texte est éradiqué, déréglant ainsi totalement la mécanique particulière qui faisait réellement fonctionner ce spectacle.

Trop grave pour être absurde, trop cabotin pour qu'on y croie, Cravate Club n'amuse pas, ou si peu, et n'entre jamais dans le vif du sujet pour emprunter le sentier de la puérilité. Il est dommage de voir tant de talent sur scène et à la conception accoucher d'une cravate mal assortie et nouée de travers. En espérant que le temps – et beaucoup de travail – arrange les choses.

15-12-2010

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