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Du 27 février au 15 mars 2008

Suprême deluxe

Texte et mise en scène : Sébastien Dodge
Avec : Christine Beaulieu, Renaud Lacelle-Bourdon et Mathieu Gosselin

Nous sommes en 2033. La situation n’est pas reluisante. Comme on pouvait s’y attendre, l’Homme a frénétiquement englouti toutes les ressources. Un nouvel ordre du monde est créé. La Suprême Deluxe, une entreprise agroalimentaire verticalement intégrée, contrôle tous les secteurs de la survie publique. Retrouvons Robert, directeur régional de la New France Deluxe Corp., l’actrice et les musiciens, dans le studio de télévision de la compagnie.

Le thème de la condition humaine, sous la forme de tragédie contemporaine, est le sujet de prédilection du Théâtre de la Pacotille. Celui-ci confronte le propos du texte aux composantes du langage théâtral afin de doter le spectacle de tensions, voire de contradictions qui mettent en relief le jeu de l’acteur, la scénographie et la musique.

Concepteurs
Marjorie Bélanger, Geneviève Lizotte, Elen Ewing, Michel Smith, Chloé Giroux-Bertrand, Anne-Marie Rodrigue-Lecours, Marie-Claude Hamel

Une production de Théâtre de la Pacotille

PÉRIODE PREMIÈRES
toutes les représentations

régulier 20 $
groupe de 10 personnes et plus 15$
carte premières 10 $

Espace Geordie
4001, rue Berri
Téléphone: 514 840 9379

par David Lefebvre

Suprême Deluxe est l’aboutissement du travail du comédien Sébastien Dodge, nouvellement auteur et metteur en scène. Il nous entraîne dans un huis clos futuriste et démesuré, où la terre est aux prises avec une guerre interminable, où la société que l’on connaît est en ruine et où le capitalisme dépasse toutes les limites concevables.

Robert, un chef d’antenne, directeur régional et animateur (Mathieu Gosselin, qui porte littéralement le spectacle sur ses épaules) est enfermé dans un bunker-studio de télé, interprétant tous les rôles masculins que la compagnie mère lui impose à la dernière minute, par fax. Les seuls liens qu’il maintient avec l’extérieur sont l’homme de régie (Renaud Lacelle-Bourdon) et la comédienne sexy malgré ses habits gris (Christine Beaulieu), dont il est entiché. Mais tout s’effondre : la compagnie qui contrôle tout se voit dépérir, la population se soulève, la télé ne les soumet plus et la survie de l’humanité est en jeu. C’est le chaos.

Le futur que Dodge imagine est pire que noir : il est vert. Pas comme l’espoir, mais comme l’écran magique du «gars des vues» qui forme le décor, le vert qui permet de juxtaposer des images superficielles, celui par lequel on publicise, on ment, on manipule. Critique sociale acérée, cynique, sur la condition humaine et la manipulation médiatique, il s’en faudrait de peu pour qu’elle soit mordante à souhait. Quelques répliques touchent la cible avec aplomb, mais le rythme souffre parfois d’un manque de piquant. La mise en scène est pourtant relevée, créant des tensions et un suspense certain pour garder le spectateur et le comédien aux aguets. Les sketches (qui représentent les émissions de télé diffusées à partir du bunker, en direct) s’enfilent les uns après les autres, du conte pour enfants sanglant au bulletin de (mauvaises) nouvelles, en passant par les soap divertissants, les émissions à l’humour douteux et, bien sûr, les pubs deluxe.

On reconnaît aisément les différentes influences cinématographiques, du muet aux séries Z, en passant par le burlesque, de par les sacrifices et la personnalité de Robert et l’égo et l’ambition démesurée de la comédienne, aussi dangereux pour elle que les autres. Quant au régisseur, enfermé dans sa régie, visible par une petite fenêtre, plus de la moitié de son texte se limite à parler en signes à Robert, une idée que l’on aurait pu pousser davantage pour en libérer toutes les capacités humoristiques. On se permet même de flirter avec le gore, qui s’avère finalement terriblement drôle.


Crédit photo :Marie-Claude Hamel

L’absurde et la satire sont inévitablement au rendez-vous dans Suprême Deluxe, qui nous sert une large portion d’apocalypse sur lit de conspiration et de dévouement aveugle.

01-03-2008