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Du 13 novembre au 1er décembre 2007
Du mardi au samedi, 20h

Une pomme en pleine gueule

Texte et mise en scène de Jean-François Boisvenu
Avec Andrée Chalifour, Jean-Sébastien Courchesne, Livia Sassoli

Une pomme en pleine gueule est un rapt d’enfant où la torture n’est ni physique ni sexuelle. Le ravisseur apaise sa rage en initiant sa jeune victime aux grands fondements de la pensée humaine. Qui voudrait vivre encore si on lui disait dès l’enfance, au lieu de comptines, la vérité du monde dont il franchit les portes?

Créations Les Indigestes produit des spectacles non prédigérés, afin de combattre, avec sa propre arme, le «trop-plein» qui se fait sentir dans notre société actuelle.

Décors Ève Champagne
Costumes Andrée Chalifour
Éclairages Vicky Grenier
Conception sonore Andrzej Przybytkowsky
Photographie Julie Parent

Une création Les Indigestes

PÉRIODE PREMIÈRES
13, 14, 16, 17, 21, 22, 23, 24 et 29 novembre
régulier 20 $
carte premières 10 $

Espace Geordie
4001, rue Berri
Billetterie : 514-582-1623

 

par Aurélie Olivier

Coquelicot est le joli nom champêtre d’un psychopathe (Jean-Sébastien Courchesne) qui vient d’enlever Mathieu, un petit garçon de 5 ans (représenté par une marionnette), et le détient enfermé chez lui, menotté, le molestant de temps à autres. Entre deux agressions, il s’évertue à éveiller le petit au monde qui l’entoure et à lui enseigner l’attitude à adopter. Deux amazones bottées et vêtues de noir (Andrée Chalifour et Livia Sassoli), des spectres semble-t-il, gravitent autour, représentant les pensées ou les propos de Coquelicot, ou donnant voix à l’enfant-marionnette.

C’est manifestement à son public que Jean François Boisvenue désirait mettre « une pomme en pleine gueule ». Durant toute la durée du spectacle, le spectateur bien intentionné est soumis à rude épreuve : hurlements, insultes, scènes de viol, carnage de pommes, lumière aveuglante, le tout sur fond de musique industrielle à plein volume. De quoi lui donner envie de déguerpir.

On peine à comprendre quel était le but recherché par l’auteur et metteur en scène en soumettant l’assemblée à une telle pléthore d’agressions. Apparemment, il souhaitait nous faire réfléchir, puisque l’enlèvement de l’enfant est prétexte à retracer l’histoire de la pensée. Dieu, l’âme, le réel, le Moi, tout y passe ou presque. On est cependant loin du didactisme du Loup bleu. Au milieu des hurlements, difficile de se concentrer sur ce qui est dit. Et quand, profitant d’une accalmie, on parvient à distinguer des phrases, on peine généralement à les comprendre. Sauf… sauf par moment, où les choses sont dites si clairement et de manière si peu inventive que c’en est franchement agaçant. Ainsi, quand le petit Mathieu, manifestement victime du syndrome de Stockholm annonce à son ravisseur « c’est toi ma maman », on en arrive à regretter les moments où on ne comprenait rien.

Créations les Indigestes veulent déranger, et ils y parviennent magistralement. Si leur but est de bousculer nos repères pour nous faire réfléchir, il est cependant loin d’être atteint. L’ensemble ressemble plutôt à de la provocation gratuite, à un désir de choquer à tout prix, et on en sort avec le sentiment que les artistes se tirent dans le pied.

Il convient toutefois de souligner l’audace des comédiens, qui, à quelques pas à peine du public dans le minuscule Espace Geordie, souscrivent pleinement aux délires violents de l’auteur / metteur en scène. Les costumes et la marionnette, conçus par Andrée Chalifour, sont également très réussis. Quant à la conception musicale, si elle est tout à fait insupportable, elle colle parfaitement au(x) propos.

Une pomme en pleine gueule est une performance expérimentale qui attirera peut-être les curieux, mais mieux vaut qu’ils aient les nerfs solides. « Trop d’impôt tue l’impôt » a démontré Arthur Laffer dans les années 1970. Jean-François Boisvenue vient de démontrer que trop de violence sur scène a raison du spectateur.

19-11-2007