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Du 3 au 14 juin 2008, 20h

Discoursus Politicus Tome IV

Choix des textes et mise en scène : Vincent Côté et Maude Laurendeau
Avec Vincent Côté, Alexandre Fortin, Maude Laurendeau, Philippe Lonergan, Thomas Perreault et Mariflore Véronneau

Les spectateurs sont accueillis dans une salle intime dans laquelle on entend du Schubert. Un maître de cérémonie fait son entrée avec un livre : Discoursus politicus tome IV . Puis, des acteurs-spécialistes-médiums entrent et viennent s’asseoir sur leurs chaises respectives. Tout au long de la soirée, ces acteurs deviendront, le temps d’un instant, différents hommes et femmes politiques, et livreront avec intensité et nuance les discours de ces grands personnages.

Discoursus politicus tome IV a pour but de divertir, mais surtout de « redresser » le public ignare. Performance d’acteurs, grand esprit, humour, émotion et intelligence sont au rendez-vous dans cette séance salutaire.

Une création de Théâtre Vaisseau d'or

Salle Pauline McGibbon de l’École nationale de théâtre du Canada
5030, rue St-Denis
Téléphone: 514 934-1964

par David Lefebvre

Pour votre plus grand bien et redressement...

Retirez l'art oratoire de la politique, vous n'aurez plus de politique. Tout se joue et se détermine, dans cette discipline complexe et éprouvante, grâce aux mots. Les mots et leurs nombreuses significations, les mots et l'intonation que l'on utilise, les mots et le contexte dans lequel ils sont prononcés. Le discours politique devient alors une arme, un rempart, ou encore le moyen privilégié de faire passer un message à une population à l'écoute de son chef ou de celui ou celle qui désire l'être. L'équipe du Théâtre Vaisseau d'Or, qui nous avait proposé il y a deux ans (en reprise l'an dernier) le jouissif Théâtre extrême (pièce interactive sur une course à la chefferie à l'intérieur d'un parti politique), nous revient avec le tome 4 du Discoursus Politicus. Rappelons que le tome 3 avait été présenté en décembre 2005, pour quatre représentations.

Le concept de Discoursus Politicus est très certainement particulier : cinq comédiens, que l'on appelle des acteurs-spécialistes-médiums, entrent en scène, s'assoient, et chacun leur tour, viennent au lutrin livrer de véritables discours tenus par des hommes et des femmes politiques. Ces allocutions sont regroupées par thèmes, ou par épisodes. Pour cette édition, le choix est fascinant : discours haineux, d'assassinés, théories du complot, mensongers, de l'oreiller à la tribune et discours d'adieux. Défileront sous nos yeux les Le Pen, Falwell, Gandhi, Bhutto, Eisenhower, Stéphane Dion, Jean Charest, Hugo Chavez, Rumsfeld, Bush, Evita, Hilary Clinton, Sarkozy, etc. Ce n'est donc ni une lecture, ni une pièce de théâtre dans le sens classique du terme : c'est une présentation-performance, où les comédiens, entre l'interprétation et l'imitation - souvent fort réussie -, jouent ces différentes têtes publiques et leurs harangues marquants. Deux intermèdes sont programmés, au contenu plutôt amusant : discours récréatifs et alcoolisés (un Sarkozy plus vrai que nature et un Boris Eltsine des plus saouls - hilarants). Que ce soit Vincent Côté, Alexandre Fortin, Maude Laurendeau, Philippe Lonergan ou Mariflore Véronneau, tous les comédiens offrent de solides performances, parfois mesurées, souvent intenses, mais toujours avec force et conviction, utilisant les bons accents ou même la langue d'origine du locuteur (alors traduits sur écran ou simultanément par Vincent Côté, fausse oreillette sous les doigts, terriblement drôle et absurde). La cérémonie est conduite de main de maître par Thomas Perreault, au chapeau haute forme bleu et redingote à paillettes, fouet en main, qui commente et complète les discours avec des informations toujours pertinentes. Il faut absolument souligner le travail colossal du choix des textes, plus que judicieux, par Vincent Côté et Maude Laurendeau. Ils ont su dénicher de petites perles à des moments-clés de l'histoire moderne. Sorties de leur contexte initial, ces allocutions pourraient être dénaturées, même incomprises. Il serait facile alors, pour les concepteurs du spectacle, de prendre ou d'imposer leur position, mais ici n'est pas le but de l'exercice. Et si tel est le cas (sauf, bien entendu, pour quelques aberrations outrageuses), le tout est assurément fait avec beaucoup de subtilité et bon goût, voire avec humour. Le spectacle se termine sur un oratorio proposant plusieurs duos, qui illustre, grâce à des extraits qui se confrontent, la bipolarité du Québec, de la naissance de la Confédération jusqu'au deuxième référendum. Portion plus théâtralisée, c'est sans contredit l'un des moments forts de la soirée.

La réunion d'extraits de discours politique peut paraître, à priori, étrange pour un spectacle de théâtre, mais la politique n'est-elle pas justement, le théâtre du pouvoir?

04-06-2008