L’interjection « chut!» demande le silence. Un silence qui prédispose au sommeil. Un sommeil qui prédispose au rêve. Un rêve qui prédispose au spectacle. Chut !, ça commence!

Dès le 15 janvier 2006, Bouge de là proposera sa plus récente aventure chorégraphique intitulée CHUT!!, à Montréal et en tournée au Québec. La danse énergique et contemporaine de la chorégraphe Hélène Langevin, se marie aux effets mystérieux du théâtre d’ombres de l’une des chefs de file dans cet art au Québec, Marcelle Hudon. Les interprètes Julie Marcil, Alexandre Parenteau, Julie Siméon et Catherine Viau se joignent à ce voyage onirique, destiné
à un public de 5 ans et plus.

Fondée en 2000, sous la direction artistique d’Hélène Langevin, Bouge de là est l’une des rares compagnies de danse professionnelles au Québec qui se destinent exclusivement à la création chorégraphique pour jeune public. Elle propose des spectacles de danse contemporaine qui intègrent diverses disciplines artistiques : vidéo, acrobatie, théâtre, ombres chinoises, etc. Empreintes d’humour et de poésie, les représentations cherchent à laisser des impressions durables et à transmettre aux enfants le plaisir de bouger. Jeter de nouveaux ponts entre les jeunes et la danse en allant à leur rencontre dans les théâtres, telle est la mission de Bouge de là.

JULIE AU PAYS DES RÊVES
Puisque la nuit porte conseil, CHUT!! nous invite à marcher, à danser et à culbuter dans les pas de l’espiègle Julie. En effet, la nouvelle création d’Hélène Langevin offre une occasion unique, celle d’accéder aux rêveries d’une promeneuse pas le moins du monde solitaire. Au cours de ses fabulations, Julie effectue de prodigieuses rencontres. De l’autre côté du miroir, un majestueux escargot, des nymphes ondoyantes, une femme à quatre bras, un curieux oiseau-échassier et de drôles de jouets mécaniques lui en font voir de toutes les couleurs. Alors que Julie vient tout juste de fermer les yeux, de s’abandonner aux bras réconfortants de Morphée, le spectateur bascule avec elle dans une réalité parallèle, un univers aux accents surréalistes où l’énergie débordante des corps s’allie aux mystères fertiles et insondables du théâtre d’ombres. Le langage chorégraphique tonique d’Hélène Langevin entre ici en dialogue avec le talent de collaborateurs reconnus pour leurs créations novatrices : Marcelle Hudon (ombres), Louis Hudon (costumes), Bernard Falaise (musique), Olivier Landreville (décor) et Yan Lee Chan (éclairages). Multipliant les trouvailles et les métamorphoses, cette nouvelle création prouve qu’après La Tribu Hurluberlu et Comme les 5 doigts de la main, la compagnie Bouge de là a encore bien des tours dans son sac.


HORAIRE DE TOURNÉE
Salle Albert-Dumouchel / Valleyfield / 450-373-5794
Dimanche 15 janvier / 14h (grand public)

Centre Saidye Bronfman / Montréal
Mardi 17 janvier, mercredi 18 janvier, jeudi 19 janvier / 10h et 13h
Vendredi 20 janvier / 10h (scolaire)

Théâtre Mirella et Lino Saputo / St-Léonard / 514-328-8400
Samedi 28 janvier / 15h (grand public)

Salle Pauline-Julien / Ste-Geneviève / 514-626-1616
Dimanche 29 janvier / 15h (grand public)
Lundi 30 janvier / 9h30 et 13h15 (scolaire)

Théâtre Outremont / Montréal / 514-495-9944
Dimanche 5 février / 14h (grand public)
Lundi 6 février / 10h (scolaire)

Bibliothèque Gabrielle-Roy / Québec / 418-691-7400
Dimanche 19 février / 14h (grand public)

Salle de spectacles régionale Desjardins / New-Richmond / 418-392-4238 poste 243
Jeudi 23 février (grand public)

Salle Desjardins-Tellus / Rimouski / 418-724-0800
Samedi 25 février / 15h (grand public)

Salle Alphonse-Desjardins / Rivière-du-Loup / 418-867-8008
Dimanche 26 février / 13h30 (grand public)

Salle Désilets (Cegep Marie-Victorin) / Montréal / 514-328-4132
Samedi 4 mars / 14h

 

par Marzia Pellissier

Ça vous arrive de faire des cauchemars? Des nuits où, dès que vos lourdes paupières tombent, des ombres persécutantes envahissent la dense noirceur du sommeil, ça vous arrive? Avec son plus récent spectacle Chut!!, la compagnie de danse Bouge de là nous ouvre une fenêtre sur l’univers des songes de Julie.

Mais n’ayez crainte, si l’ambiance inquiétante qui envahit le théâtre peut faire frémir quelques petits, c’est tout de même un voyage ludique et contrasté qui nous est proposé. Le décor d’Olivier Landreville est fait de quelques drapés blancs et de cadres de projections se déplaçant sur des rails. Cette scénographie permet un découpage scénique à géométrie variable et laisse place aux ombres qui meubleront à leur tour l’espace. Sobre, sensible, et surtout utilitaire, un peu comme les costumes qui ont la possibilité de se transformer ingénieusement, tout en ayant une esthétique colorée.

À peine Morphée berce notre héroïne dans ce non-lieu, des silhouettes prennent possession de l’espace, gesticulant derrière un grand tissu. Peu à peu, elles traverseront les dimensions pour venir interpeller la jeune endormie. À ce moment commence une chorégraphie rythmée où s’entremêlent crainte de l’inconnu et complicité espiègle. Ces créatures, au début, manipulent Julie comme un pantin, malléable, mais elle participe rapidement au jeu, prenant à son tour le dessus de ses propres fabulations. Elle mène alors une danse, digne d’une vidéo cassette d’aérobie, qui donnera suite à l’enchaînement de divers tableaux rocambolesques. La mise en scène témoigne d’une créativité foisonnante et lie bien la déconstruction d’un voyage onirique entre les divers univers. Les jeux d’ombre sont inventifs et variés, passant de simples déformations des corps à de véritables illusions d’optique. On aura l’occasion de rencontrer une multitude de personnages (une femme à quatre bras, une autruche intrigante, des jouets mécaniques délirants etc.) en passant de l’angoisse du cauchemar à l’ambiance ouatée du rêve. Les tableaux, nombreux, ont cependant tendance à s’installer un temps de trop, donnant certaines longueurs au spectacle.

Par contre, le dynamisme et la maîtrise corporelle des interprètes orchestre bien le tout. Ces derniers, muets danseurs professionnels, nous entraînent dans l’aventure, ponctuant leur performance d’onomatopées éclatantes et efficaces. Mais, même si le fil de l’histoire se suit bien sans parole, on aurait aimé profiter de plus d’interactions avec le jeune public, qui ne demandait qu’à se manifester. De ce mutisme presque omniprésent naît une distance avec les interprètes que l’éclairage scénique n’aide pas. Marcelle Hudon utilise merveilleusement la lumière dans les jeux d’ombre, mais c’est un peu au détriment du reste. À plusieurs reprises, les artistes se retrouvent hors des faisceaux lumineux, la scène n’étant qu’à moitié éclairée.

Une note distincte au concepteur sonore Bernard Falaise, qui, de quelques instruments, crée une atmosphère des plus vivantes. En plus d’unir les multiples médiums du spectacle d’une partition articulée et diversifiée, il donne vie à certains personnages leur offrant voix et âme, comme l’étrange autruche dialoguant à sons de basson.

Un spectacle qui plaira à un public de tous âges, si vous n’avez pas peur du noir!

11-02-2006