Un texte de Louise Roy et Louis Saïa
dans une mise en scène d’Yves DesgagnésSylvie Léonard dans la peau de l’attachante Dolorès
Suppl. du 10 au 14 mars à 20h, le 14 mars à 16h et les 29, 30 avril et 1er mai 2004
De retour au Rideau Vert du 22 au 26 mars 2005
Des tuyaux ont pété au 413 : des plombiers sont en train de les réparer. Voilà un bon prétexte pour aller s’épiler chez la voisine de palier… Un peu trop sûre d’elle, de ses goûts et de son charme, Dolorès fait son entrée avec tout l’attirail nécessaire pour la séance de cire chaude. Tout de même pas pour attendre d’avoir deux collets de renard autour des jambes!
Le 25 avril 1979, sous l’insigne du Théâtre des Voyagements, Louise Roy et Louis Saïa dévoilaient l’un des personnages les plus comiques et attachants du théâtre québécois. 25 ans plus tard, à travers une mise en scène d’Yves Desgagnés, le tandem assiste à la renaissance de Dolorès, décoratrice de vitrine aux idées bien arrêtées. Un être du quotidien, à la fois fille fragile et femme de conviction, qui connaît un nouveau souffle grâce au talent de la comédienne Sylvie Léonard, seule au tableau.
L’intimité tragicomique de Bachelor s’installera dès le 11 février prochain au Théâtre Corona, là où faire connaissance avec cette Dolorès sans scrupules qui s’avère une source intarissable d’opinions sur la mode, la décoration intérieure, les hommes et la vie de célibataire. Là où voir aussi se tourner les pages d’une vie solitaire à la merci des événements. Entre Montréal et la Grèce, où toutes les illusions iront se perdre…
Créée à l’origine par Pauline Martin, qui avait contribué à son immense succès, Bachelor a notamment été traduite vers l’anglais (Single) puis adaptée pour la France (Duo pour voix seules). Aujourd’hui, la pièce marque le retour sur scène de celle que l’écriture et les tournages D’un gars, une fille gardaient occupée du côté de la télé. Après huit ans d’absence sur les planches, Sylvie Léonard rapplique grâce à une nouvelle collaboration avec Yves Desgagnés, celui-là même qui l’avait brillamment dirigée dans La Chute, d’Arthur Miller, et Les Bas fonds, signé Gorky. Cette fois, c’est à la comédie noire que goûte la comédienne, endossant les traits d’un personnage dont l’étrange naïveté lui colle à la peau…
Billets en vente sur le réseau Admission dès le samedi 22 novembre 2003 à midi!
Avec Sylvie Léonard
Mise en scène Yves Desgagnés
Scénographie Magalie Amyot
Éclairages Étienne Boucher
Costumes Judy Jonke
Accessoires Michèle Magnan
Musique Catherine GadouasThéâtre Corona (2004)
42.50$, 36.50$ + frais de services
Souper spectacle 65$, 60$
Billetterie 514-931-2088 ou 790-1254TOURNÉE
5 mars Joliette - 3 avril Drummondville - 13-14 avril Québec - 23-24 avril St-Jean - 28 avril Terrebonne (2004)
Suppl. du 10 au 14 mars à 20h, le 14 mars à 16h et les 29, 30 avril et 1er mai 2004
De retour au Rideau Vert du 22 au 26 mars 2005
Billetterie du Théâtre du Rideau Vert – (514) 844-1793 ou www.rideauvert.qc.ca
Réseau Admission – (514) 790-1245 ou www.admission.com
par Magali Paquin, notre collaboratrice de Québec (2004)
Environ un quart de siècle après la première présentation de la pièce Bachelor (écrite par Louise Roy et Louis Saïa), dont le rôle unique était alors personnifié par Pauline Martin, voilà qu’on nous remet ça avec la comédienne Sylvie Léonard, dirigée par Yves Desgagnés. Le défi était doublement important : égaler la prestation de Pauline qui avait été, dit-on, tout à fait géniale à l’époque, et donner du piquant à un texte s’étant quelque peu défraîchi avec le temps. S’il est plutôt difficile de me prononcer sur le premier aspect -jeunesse, quand tu nous tiens!- je me ferais un plaisir de me reprendre sur le second.
Jouer un monologue n’est pas chose aisée : savoir entretenir l’intérêt du public pendant toute une représentation, avec comme seule béquille ses propres capacités et son talent, c’est tout de même un sacré défi. Sylvie Léonard le relève ici avec brio – pouvait-on en douter ? C’est qu’elle était attendue, la comédienne ! Majoritairement attirés par cette dernière plutôt que par la pièce comme tel, jeunes et vieux emplissaient la salle. Faisant preuve une fois encore de ses immenses talents, Sylvie Léonard ne semble décidément pas rouillée de ses sept ans d’absence des planches du théâtre. C’est que le rôle lui colle aussi à la peau. Dolorès, célibataire coquette et coquine, est d’une naïveté qui ne la rend que plus attachante. Pas timide pour deux sous, la voilà qui rapplique chez sa voisine pour une séance d’épilation, qui devient prétexte à l’étalement de ses histoires amoureuses comme de ses opinions sur la mode et la décoration. Ce véritable cours d’éradication de poils 101 donnera lieu à des scènes savoureuses comme celle de l’épilation de l’entrejambe, venant s’ajouter à cette autre, également réussie, de la description de la vitrine du magasin où travaille la colorée Dolorès.
La première partie de Bachelor, bien que très amusante, ne convainc pas nécessairement de la réussite de la pièce. On nous fait bien sûr rigoler, mais principalement sur des sujets qui ont déjà été sujets à maints clichés que ni la mise en scène ni le personnage ne parviennent à surpasser. Du texte provoquant ou inédit de l’époque, il ne reste d’original que ce qu’on y a modifié pour le rendre d’actualité. Le personnage de Dolorès aurait pu palier à cette lacune, mais celui-ci conserve, malgré toute la sympathie qu’il inspire et le talent de celle qui le personnifie, de lourds relents de la ginette has been stéréotypée. La deuxième partie permet heureusement de découvrir une autre facette du personnage, de façon assurément plus profonde, en nous plongeant dans tout le drame que peut vivre cette femme qui veut tant plaire et être aimée. Divisant les spectateurs entre le rire, la pitié et le chagrin partagé, l’histoire d’amour avortée de Dolorès nous la présente sous un tout autre jour, bouleversant ainsi la perception qu’on pouvait avoir de cette célibataire pourtant assumée. Il s’agit aussi pour Sylvie Léonard de s’affirmer dans une scène plus sérieuse, elle que l’on connaît plutôt pour son personnage candide dans Un gars/une fille. Si le ton tragicomique ne permet pas de s’imprégner totalement de la tristesse du personnage, c’est une relation intime entre la comédienne et le public qui se développe et demeure jusqu’au salut final.
Du côté des décors, la sobriété est de mise dans cette pièce où la seule vedette est sans contredit Sylvie Léonard, qui évolue dans un appartement où la décoration passe aussi inaperçue que la voisine qui y habite. Si les changements d’éclairage sont quasi inexistants au cours de la première partie, ils prennent par contre une plus grande importance lorsqu’on plonge dans le drame de Dolorès. Voulant mettre l’emphase sur l’aspect tragique de son histoire, des photographies de son visage sont projetées sur le plafond de l’appartement, initiative marquant une rupture avec le ton global de la mise en scène. Positif ou non ? Ça accroche, voilà tout.
S’il ne s’agissait de Sylvie Léonard, la pièce remporterait un bien moindre succès. Les fans de la comédienne ne seront pas déçus, les autres passeront quant à eux une très bonne soirée, tout en légèreté. Et vous aurez en même temps la possibilité d’assimiler un nouveau vocabulaire assez cool, genre.
Le site officiel de Bachelor : www.bachelorenligne.com