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Du 27 au 29 janvier 2011
True / 本当のこと
Danse
De Takayuki Fujimoto et Takao Kawaguchi

True/本当のこと est un spectacle magistral composé de danse et de technologie de pointe. Créée en 2007 au Yamagochi Center for Arts and Media, lieu par excellence de l’expérimentation dans les arts de la scène et les technologies multimédia au Japon, cette performance unique et sensorielle a été présentée notamment en Chine, France, Allemagne, aux Pays‐Bas et au Brésil. True/本当のこと fait escale à Montréal pour trois courtes représentations.

true/本当のこと explore la relation entre la perception cérébrale et la réalité. Si le monde tel qu’il nous apparaît semble vrai et concret, il n’est en fait que le fruit d’une construction sensorielle qui s’opère en chacun de nous. Notre interprétation du monde n’est donc que notre réponse, sensible ou non, aux différents stimuli qui nous atteignent. En alliant danse contemporaine et procédés technologiques sophistiqués, true/本当のこと laisse planer le doute sur ce qu’on considérait comme immuable et permanent.

Le théâtre devient l’extension du danseur : il vibre, scintille, danse et vacille et implique les spectateurs dans une forte expérience perceptive. Les technologies entrent en interaction avec les mouvements du corps humain, avant même leur exécution, surpris à l’état de signaux cérébraux par des capteurs myoélectriques. La vitesse régit cette sorte de transe hypnotique. Il y va de corps brûlés, traversés de signaux neuros‐électriques, avant toute question d’incarnation ou de ressenti. Totalement ordonné à des impulsions, le danseur essaie d’interpréter son, lumière, vidéo qui ne sont autres que les résultats de l’interprétation par les capteurs de ses flux de signaux nerveux : un énorme système d’amplification à travers le corps. Une leçon de kinesthésie / synesthésie dirigée.

Productions HiWood

Usine C

1345, avenue Lalonde
Billetterie: (514) 521-4493

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 Critique
Critique
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par Mélanie Thériault

Débranché

Tout un dispositif pour un spectacle dont il ne reste que peu à dire. Les scènes pouvaient se condenser en une seule et même séquence pour que surgisse l’essentiel du spectacle : ce rapport entre ce qui est perçu et ce qui est réel.

C’est clair dès les premières minutes du spectacle, où un jeune homme découvre des sons inhabituels provoqués par le mouvement d’objets du quotidien, comme une théière ou un beigne, un globe terrestre ou un verre d’eau.

Du son et de la lumière jusqu’à saturation. Un homme, puis deux, qui s’y confrontent dans un mouvement précis, les objets pêle-mêle sur un tapis de danse blanc, auparavant réunis sur une table.

Des échafaudages encadrent la scène, cour et jardin. Ils sont constitués de plusieurs étages et semblent au final disposés pour un autre spectacle, puisqu’ils ne sont pas réellement utilisés.

Un imperméable rouge lustré, vêtement à manipuler, enchante au départ puis devient anodin à force d’être retourné de tout bord.

Un écran en fond de scène pour les projections multimédias d’une belle qualité technique.  Un cercle d’éclairages de haute technologie, juché au plafond, pour faire tourner les ombres et colorer l’espace au sol. Magnifiquement maitrisés, mais, pour le coup, surutilisés, perdant les corps dans un espace saturé.

Par ailleurs, quelques scènes sont admirablement bien jouées. L’interprète principal sait faire naître la surprise par ses mouvements nets et vifs, tout en conservant un rapport intime avec chaque découverte.

Un collectif de dix artistes est à la barre de cette création japonaise, signée DumbType. Les stimuli provoqués par la lumière et le son sont omniprésents pour exprimer, selon le collectif, une réponse en rapport au monde qui entoure l’humain, monde qui semble a priori immuable et permanent. C’est ainsi que la danse contemporaine et les procédés technologiques sophistiqués entrent en contact.

C’est triste de voir que tant d’efforts déployés n’arrivent pas à exciter les sens comme DumbType l’entendait dans son programme. « Le système d’amplification à travers le corps », qui devait servir « une leçon de kinesthésie/synesthésie dirigée » ne devait pas être branché sur la bonne source ce soir de première.

Seul le corps du premier danseur, frêle mais précis, aura eu raison sur les impulsions que voulait transmettre ce spectacle. Mime à part entière, il inspire grâce à la maîtrise de cet art, art trop souvent négligé.

29-01-2011

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